Sahel : les forces européennes vont fédérer en soutien aux armées des pays de la région

Mardi 5 Novembre 2019 - 18:06

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La ministre française des Armées, Florence Parly, a exprimé, le 5 octobre, la volonté de renforcer le soutien aux forces maliennes et celles d’autres Etats de la zone grâce  aux alliés européens de la France, dans le difficile combat contre les djihadistes. C’était à Bamako, dernière étape de sa tournée sahelienne de deux jours, après le Tchad et le Burkina Faso.

S’exprimant devant quelques journalistes après avoir été reçue par le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, Florence Parly a reconnu que « la situation sécuritaire était évidemment difficile ». Pour ce faire, elle a laissé entendre que le souhait de la France est de « pouvoir encore, s’il était possible, renforcer » l’appui aux forces armées de la région. La ministre faisait allusion à l’effort entrepris par son pays pour convaincre ses partenaires européens d’envoyer des forces spéciales au Sahel pour qu’elles participent, dans le rôle de mentors, à l’accompagnement au combat des armées nationales au Sahel, à commencer par l’armée malienne.

« Le combat contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Une guerre ne s’évalue pas à chacune des batailles qui est menée », a estimé Florence Parly, après avoir fait part au chef de l’Etat malien de la « détermination » française d’en découdre avec les insurgés. « Rien ne serait pire que de donner raison aux terroristes en baissant la garde », a souligné Florence Parly, qui a évoqué de « grands progrès » accomplis pour combattre les terroristes.

Au Mali, les violences djihadistes persistent dans la partie nord, six ans après l’intervention de l’opération militaire française Serval. Elles se sont propagées vers le centre du pays ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires qui ont fait des centaines de morts. Et de nos jours, les armées de ces Etats semblent incapables d’enrayer la progression des attaques malgré l’appui de troupes étrangères, notamment des militaires français.

A N’Djamena, au Tchad, première étape de sa tournée, la ministre française des Armées a prôné la patience dans la guerre contre les djihadistes et annoncé le coup d’envoi d’une opération de la force française Barkhane dans la zone des trois frontières Burkina-Mali-Niger. « Nous mettrons du temps à vaincre ces groupes qui prospèrent sur les difficultés sociales et économiques des pays sahéliens », a-t-elle déclaré au Centre opérationnel interarmées de la force Barkhane.

« Notre engagement au Sahel reste une priorité pour la France »

 « C’est un combat dans lequel il faut faire preuve de patience. Barkhane ne s’enlise pas. Barkhane s’adapte en permanence (...), il faudra encore du temps pour construire cette résilience des forces locales. Notre engagement au Sahel est et reste une priorité pour la France », a relevé la ministre.

Dans la capitale tchadienne, Florence Parly a rencontré le président Idriss Déby Itno. Leur échange auquel a participé le ministre tchadien de la Défense a permis d’évoquer la situation régionale, l’engagement du Tchad pour la sécurité au Sahel ainsi que la coopération franco-tchadienne. « Nous avons évoqué la situation régionale en particulier sous l’angle sécuritaire. J’ai également eu la possibilité de partager avec le président, au-delà des événements tragiques des derniers jours, les progrès qui ont été réalisés dans la lutte contre le terrorisme, des progrès qui sont le fait de la collaboration très efficace entre Barkhane et les forces armées burkinabè », a-t-elle indiqué. La ministre s’était ensuite rendue à Ouagadougou où elle a rencontré le président Roch Marc Christian Kaboré.

La situation est aussi critique au Burkina Faso, voisin du Mali, qui est pris depuis près de cinq ans dans une spirale de violences attribuées à des mouvements terroristes, dont certains sont affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe Etat islamique. C’est pour cela que depuis 2016, deux cent quatre militaires burkinabè ont péri lors d’attaques djihadistes, qui ont fait au moins six cent trente morts civils et militaires selon plusieurs sources.

La visite de la ministre française est intervenue dans un contexte sécuritaire régional très dégradé, marqué par la mort, le 2 novembre, au Mali, du brigadier-chef Ronan Pointeau de l’opération Barkhane. L’attaque des insurgés qui s’était soldée par la mort du soldat français avait eu lieu près de la frontière du Niger, au lendemain d’un autre assaut dans la même région contre une base militaire malienne qui a fait quarante-neuf morts. La pose de l’engin artisanal qui avait tué le brigadier français a été revendiquée par le groupe Etat islamique au Grand Sahara, de même que l’attaque la veille contre la base des forces armées maliennes.

Le Tchad est un partenaire historique de la France et joue un rôle prépondérant dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Quant à N’Djamena, la capitale, elle accueille le poste de commandement de l’opération Barkhane qui s’étend au Niger, au Mali, au Burkina Faso et à la Mauritanie.

Après le succès de l’opération Serval en 2013, les troupes françaises sont engagées depuis 2014 dans la montée en puissance des armées du G5 Sahel qu’elles accompagnent dans la lutte contre la menace terroriste. Leur effectif dans la bande sahélo-saharienne est estimé à quatre mille cinq cents militaires.

 

 

Nestor N'Gampoula

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