Santé : les aliments insalubres au cœur d’une conférence internationale à Addis-Abeba

Mardi 12 Février 2019 - 16:30

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La rencontre, organisée du 12 au 13 février, dans la capitale éthiopienne, permet aux participants de se pencher sur des questions liées aux bactéries, virus, parasites, bref, aux substances chimiques nocives ou aliments contaminés qui constituent un réel problème sanitaire et socio-économique, occasionnant la mort de quatre cent vingt mille personnes chaque année à travers le monde.

Quelque cent vingt-cinq pays ont répondu présent pour la conférence, à laquelle participent une vingtaine de ministres et ministres adjoints, ainsi que des directeurs d’autorités sanitaires, qui discutent notamment d’innovation et partagent leurs expériences.

Cette conférence inédite vient à point nommé puisqu’elle devra permettre aux délégués, de retour dans leur pays, de sensibiliser la population aux dangers qui résultent de la consommation d’aliments contaminés. Ce qui est d’autant plus important puisque, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur dix dans le monde tombe malade après les avoir consommés, les enfants de moins de 5 ans étant particulièrement touchés par ce problème. L’OMS, la FAO et l’Union africaine souhaitent, quant à elles, avec cette conférence, attirer l’attention sur la sécurité sanitaire des aliments dans la foulée de la décision de l’ONU de consacrer, pour la première fois, une « journée mondiale » dédiée à la question, le 7 juin prochain.

La consommation d’aliments contaminés est la cause de plus de deux cents maladies, allant des affections diarrhéiques, qui tuent le plus, au cancer, prévient l’OMS. Mais l’enjeu est également socio-économique car les maladies d’origine alimentaire sollicitent « lourdement les systèmes de soins de santé » et portent « préjudice aux économies nationales, au tourisme et au commerce », poursuit-elle.

La FAO estime que 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année alors que 815 millions de personnes sont sous-alimentées. S’agissant de l’impact financier découlant des maladies d’origines alimentaires, l’organisation relève qu’il est de 95 milliards de dollars (83,5 milliards d’euros) par an dans les économies à revenus bas ou moyens.

A l’ouverture de la conférence, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano Da Silva, a déploré le fait que des aliments insalubres sont consommés dans certains pays. « De nos jours, le monde produit assez de nourriture pour tout le monde » mais, outre le fait qu’elle est mal distribuée, une part importante de cette nourriture « n’est pas sûre », a-t-il déclaré. José Graziano Da Silva a insisté, par ailleurs, sur l’importance d’utiliser « moins de produits chimiques et de pesticides dans le secteur de l’agriculture », à l’heure où l’utilisation de certains d’entre eux est de plus en plus controversée.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a, pour sa part, déploré le manque de dispositions prises pour faire face à ce problème. « La sécurité sanitaire des aliments est une question de première importance pour l’ensemble du globe mais, c’est ici en Afrique que l’impact de ce fléau est le plus ressenti », a-t-il ajouté, soulignant qu’un tiers des victimes est africain.

Pour un pays en situation de sécheresse ou de famine, le défi est d’éviter que la population ne se tourne, faute de mieux, vers des sources d’eau contaminées par le choléra ou des aliments impropres à la consommation, a avancé Bayuku Konteh, ministre du Commerce et de l’industrie de la Sierra Leone. Il a mis en garde contre une sécurité alimentaire à deux vitesses, avec d’un côté des produits sains destinés notamment à l’exportation et de l’autre des produits impropres à la consommation qui se retrouvent sur le marché local.

Dans son intervention, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé que « la sécurité sanitaire des aliments est liée à de nombreux objectifs de développement durable », dont la lutte contre le réchauffement climatique ou contre le gaspillage alimentaire.

Kazuaki Miyagishima, qui dirige le département de l’OMS  chargé de la sécurité sanitaire alimentaire, a indiqué que la conférence qui a lieu dans la capitale éthiopienne a pour but « d’arriver à une déclaration consensuelle non contraignante qui établit dans quelles matières il faut renforcer les efforts ». Il a dit prôner une approche transversale: établir de solides cadres législatifs, renforcer les capacités techniques, former des experts, établir des systèmes sanitaires en mesure de détecter des foyers de maladie et des risques potentiels ou encore inculquer une culture du partage de l’information entre autorités d’un même pays ou entre pays. « Si un de ces piliers de la lutte contre les aliments contaminés s’écroule, tout le système peut s’écrouler », a-t-il averti. Notons que si certains Etats en Afrique veillent rarement sur la sécurité des aliments, d’autres au contraire prennent la question au sérieux et souhaitent être en mesure d’exporter des denrées alimentaires en respectant les normes sanitaires internationales.

 

 

Nestor N'Gampoula

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