Santé publique : le cri du cœur des agents du CHU de Brazzaville

Mardi 19 Septembre 2017 - 18:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Alors que l’assemblée générale prévue pour le 19 septembre n’a pu se tenir suite à une interdiction du directeur général par intérim, Jérémie Mouyokani, les agents du Centre hospitalier et universitaire (CHU), venus nombreux, ont dit toute leur déception.

Considéré comme le plus grand centre hospitalier du pays, le CHU-B éprouve depuis quelques mois des difficultés qui mettent à mal son fonctionnement. Ainsi, pour pallier les insuffisances présumées des syndicats, un comité de crise essaie de sauver les meubles. Mais, la situation semble s'empirer. Derrière la colère des travailleurs, il se cache une réalité. En effet, les travailleurs du CHU-B accusent actuellement près de trois mois de salaires impayés et sur le terrain c’est un service minimum qui ne dit pas son nom. Selon des témoignages, la plupart des examens se font maintenant à l’extérieur et les prix des poches de sang sont passés de 7 500 à 12 500 FCFA. « Au CHU, il n’y a plus rien : alcool, coton, réactifs…, nous voulons que tout cela puisse trouver de solution. Nous ne pouvons pas venir ici pour ne pas traiter les patients dans les meilleures conditions », a expliqué le coordonnateur du comité de crise mis en place par les agents, le Dr Jacques Lucien Mobengo.

Des travailleurs exigent la tenue de l’assemblée générale

Après dix jours de grève, les agents du CHU avaient décidé de suspendre leur mouvement, le 10 août dernier, suite aux négociations enclenchées avec le gouvernement concernant leurs revendications. Les pourparlers engagés avaient débouché sur la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties. S’agissant du retard observé dans le paiement des salaires, le gouvernement et l’intersyndicale avaient convenu du paiement concomitant du salaire des agents du CHU avec celui des fonctionnaires. Quant au règlement de la dette sociale, une commission avait été mise en place pour réévaluer son montant, contrôler les bénéficiaires et engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes.

A en croire les travailleurs, jusqu’aujourd’hui rien n’est fait. « Il y a eu un conseil des ministres à l’issue duquel il a été dit que le salaire du mois de juillet était en cours de traitement pour être payé au mois d’août. Nous avons demandé qu’il y ait une concomitance de paiement avec les agents de l’Etat. Dans nos négociations, nous avons donné mandat à nos syndicalistes pour négocier avec le gouvernement », a expliqué Jacques Lucien Mobengo, s’interrogeant sur la position des syndicalistes qui ne serait plus claire.

Il a, par ailleurs, rappelé que le comité de crise a été mis en place par le fait que les syndicalistes ont abandonné les travailleurs seuls dans la lutte consistant à défendre leurs droits sociaux. « Nous représentons réellement les travailleurs qui n’ont plus confiance aux syndicats, nous sommes pour le consensus à condition que nos droits soient respectés », a poursuivi le coordonnateur du comité de crise, exigeant un dialogue au sein de la structure afin de passer en revue tous les maux qui la minent.

Les autres revendications concernent le versement des six mois d’avance de salaires aux agents admis à faire valoir leurs droits à la retraite, les capitaux décès ; les retards de paiement de salaires dans les banques, ainsi que l’application des recommandations de l’audit concernant la période 2013-2015. « Cet audit a constaté des manquements, des carences fragrantes, assortis de quelques recommandations dont nous exigeons l’application afin de cesser avec les mauvaises pratiques, la mauvaise gouvernance au CHU », a conclu le Dr Jacques Lucien Mobengo,   laissant une marge de manœuvre de quelques jours à la direction générale pour revenir sur sa décision.

 [d1]

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les agents après l’assemblée générale avortée; une vue du CHU de Brazzaville ; crédit photo Adiac

Notification: 

Non