Sao Tome-et-Principe : de nouveaux billets de la monnaie nationale attendus le 1er janvier

Vendredi 15 Décembre 2017 - 14:30

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Le dobra, la monnaie du petit archipel lusophone du Golfe de Guinée, va être réformé pour donner lieu à de nouveaux billets qui seront disponibles dès le début de l’année 2018, selon le gouverneur de la Banque centrale du pays, Hélio Almeida.

Par la réforme monétaire non structurelle (pas de changement du taux de change), le gouvernement veut, entre autres, lutter contre la fausse monnaie. « Les billets d’aujourd’hui ont été mis en circulation il y a vingt ans », a indiqué Hélio Almeida, ajoutant que le dobra actuel n’est plus adapté au taux d’inflation qui « s’est stabilisé depuis une décennie ».

Avec les nouveaux billets plus résistants, imprimés toujours à Londres, et utilisant les derniers standards en matière de sécurité, la monnaie saotoméenne va perdre trois zéros, a fait savoir le gouverneur, soulignant que changer le dobra est une question de crédibilité internationale. « … Nous voulons montrer aux investisseurs potentiels que l’économie se développe. Il est bon d’avoir une monnaie plus forte, et nous pensons y parvenir avec moins de zéros au dobra », a-t-il expliqué.

Hélio Almeida a, en outre, indiqué que pendant six mois, les anciens billets seront encore en circulation. Ce qui permettra d’assurer la transition auprès de la population qui a été informée via des campagnes de changement de monnaie. Quant au visage du Roi Amador, meneur de la révolte des esclaves de 1595, il continuera de trôner sur les nouveaux dobras, a précisé le gouverneur.  

Sao Tome-et-Principe est une ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1975. Le pays a utilisé l’escudo jusqu’en 1977, date à laquelle le dobra a remplacé à parité égale l’ancienne monnaie coloniale. Malgré cela, la nouvelle monnaie a, en 40 ans d’existence, connu plusieurs réformes avec l’introduction progressive de billets de 50 000 (1996) puis de 100 000 (2005), afin de suivre les forts pics d’inflation dans l’économie du pays (plus de 44% en 1988, près de 70% en 1997 ou plus de 30% en 2008).

De plus, le pays a toujours été soumis au risque inflationniste du fait d’une balance commerciale négative et d’une forte dépendance de l’aide internationale, même si le dobra s’était rattaché à l’euro, comme l’archipel du Cap Vert l’avait déjà fait depuis 1999 en indexant sa monnaie, l’escudo, à la monnaie européenne. Depuis lors, l’archipel suit de facto le Franc CFA utilisé dans de nombreux pays voisins et rattaché à l’euro. Cet arrimage à l’euro a été vu comme un facteur de stabilité économique suite aux variations inflationnistes du passé.

Selon la Banque centrale saotoméenne, « l’inflation s’est stabilisée » depuis l’adoption de l’euro et une politique de modération budgétaire. « La croissance de l’activité économique est relativement stable », note-t-on, tout en ajoutant qu’aujourd’hui, le taux d’inflation est d’environ 6%. « Pour la première fois de son histoire, le pays va donc réduire le taux de sa monnaie, suite à une évolution positive des indicateurs économiques », selon un document de l’institution, qui affirme que certains Saotoméens redoutent que les prix augmentent du fait du changement.

« Il n’y aura pas une crise dans les prix car on ne va pas perdre la parité fixe du dobra avec l’euro », a assuré le gouverneur de la Banque centrale, rappelant que le taux de change dobra/euro ne fera que s’adapter à la perte de trois zéros au dobra.

En 2015, Sao Tome-et- Principe, un pays pauvre qui dépend à près de 90% de l’aide internationale, avait annoncé un plan économique pour s’ouvrir aux investissements étrangers. Les indicateurs macroéconomiques se sont améliorés ces dix dernières années mais la majeure partie de la population reste pauvre. 

 

Nestor N'Gampoula

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