Sape : des Journées scientifiques en vue à Brazzaville

Jeudi 3 Septembre 2015 - 12:35

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L’art de bien se vêtir fera bientôt l’objet des journées scientifiques à Brazzaville. C’est la principale décision qui a découlé de la rencontre réunissant les chercheurs, culturels congolais et étrangers au Centre culturel russe (CCR) en présence du directeur de cette institution culturelle, Sergey Belyaev, organisateur de cette rencontre en collaboration avec Elvis Makouezi, auteur du « Dictionnaire de la Sape » et l’Agence nationale de l’artisanat (ANA).  

Pour le directeur du CCR, cette rencontre a pour but de sauvegarder l’élément très important de la culture congolaise qui n’est autre que la Sape. Et pour ce faire, il sied de réunir tous les partenaires, y compris les responsables congolais notamment ceux de l’ANA, les sapeurs eux-mêmes, les couturiers (stylistes et modélistes). « Il faut réunir tous ceux qui s’occupent de la mode afin qu’il y ait une symbiose entre eux », a-t-il déclaré. 

En effet, si autrefois la société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape) n’est vu que sur son aspect vestimentaire et sa diatance (la façon de dandiner), les chercheurs, culturels congolais et étrangers, ont pensé murir une réflexion approfondie sur cet art de l’élégance congolais. La Sape, cet art de bien s’habiller et d’harmoniser les couleurs, qui tire son origine au Congo-Brazzaville, prend de plus en plus de l’ampleur tant sur le plan national qu’international. Concours de la sape par-ci, festival de la sape par-là, ou encore journée nationale de la sape dédiée à x personne par-ci, par-là.

Au regard de cet envol sapologique, les chercheurs et autres culturels ont pensé développer son côté scientifique. En effet, quand on voit défiler les sapeurs, ce qui frappe à l’œil, ce sont les couleurs et les pas cadencés. Pourtant, la Sape a bel et bien des aspects scientifiques, souvent imperméables. Voilà pourquoi ces derniers ont pensé percer la muraille, en organisant incessamment une étude sociologique et philosophique. L’objectif étant de présenter les atouts de cet art, qui est considéré comme un patrimoine culturel congolais, sur tous les plans (culturels, économiques, social, etc.).

Pendant la tenue des journées scientifiques sur la Sape, la place des couturiers, stylistes congolais et leur apport fera également l’objet des discussions. Avec l’entrée possible de la Sape en bourse, l’art congolais ne peut se développer, que si couturiers, stylistes et sapeurs font cause commune. « Le Congo est le rare pays au monde qui envoyait aussi des couturiers se former dans les grandes écoles à l’étranger », a affirmé Elvis Makouezi.

Parade et réactions

Bien avant la tenue de ces journées, les sapeurs présents à la rencontre du CCR, ont présenté une parade sapologique, en débarquant tous azimuts dans la salle de conférences de cette institution. Ils pensent pour certains qu’ils ne peuvent pas se dissocier de cet art vestimentaire pour lequel, ils sont liés éternellement. C’est le cas de Valentin Nsilou alias De la montagne qui a déclaré. «Je ne peux jamais me passer de la Sape. Elle est devenue mon petit déjeuner. Je suis dans cet art de s’habiller dans la mode du temps depuis longtemps.» Le vieux Kiboba la Mane, quinquagénaire, ne pense pas lui non plus abandonner la sape en dépit de son âge avancé. « Je ne vois pas comment abandonner la sape. Je vais mourir sapeur. D’autant plus que mes enfants qui sont en France me font parvenir les habits fréquemment. » Un autre sapeur, Séverin Mouyengon, ne manque pas d’impressionner les spectateurs. «Je laisserai mes vêtements à mes enfants. Ce que je n’ai pas pu faire dans d’autres domaines de la vie, je le fais dans la sape», déclare-t-il.  

Outre ces trois sapeurs, Maxime Mabanza dit Pivot, plusieurs fois décerné, et adopté aujourd’hui par le Japon comme mannequin, a donné aussi son impression sur la sape avant son départ imminent pour le pays nippon où il ira s’installer. Il invite plus à l’altruisme. « La Sape c’est un comportement. Un vrai sapeur est un partisan de la paix et de la non-violence. La sape ne rime pas avec la violence.»

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Vieux Kiboba la Mane Photo 2 : Maxime Mabanza alias Pivot Photo 3 : Sapeurs et représentants de l'ANA

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