Sciences : une charte d’engagement signée pour aider la carrière des femmes

Mercredi 21 Mars 2018 - 20:00

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Le document a été paraphé par vingt-six hommes de diverses nationalités à l’occasion de la 20e édition du prix L’Oréal-Unesco « Pour les femmes et la science », qui se tient le 22 mars à Paris.

Tenant compte du fait qu’en sciences, le « plafond de verre » qui limite leur accession aux hautes fonctions académiques est particulièrement résistant, des chercheurs de premier plan ont décidé de s’engager pour aider à le briser. En clair, cette charte permet d’aider les femmes dans leur carrière au sein de leur « sphère d’influence ». Cela revêt une importance capitale, parce que, selon un rapport de l’Unesco de 2015, malgré la part des femmes scientifiques, qui a progressé de 12% en vingt ans, celles-ci ne représentent encore qu’environ 30% des chercheurs dans le monde.

« Les carrières des femmes en sciences n’avancent pas au même rythme que celles de leurs homologues masculins », a déploré Jean-Paul Agon, président directeur général de L’Oréal et président de la fondation, précisant que dans la charte « Pour les femmes et la science », les hommes s’engagent à « nominer autant d’hommes que de femmes pour les prix ». « La charte d’engagement vise à faire davantage de place aux femmes à différents niveaux comme l’accès égal aux bourses, au recrutement, à la publication et aux droits d’auteur, ou à la récompense de l’excellence », a-t-il expliqué. Ajoutant : « On touche là du doigt la réalité du plafond de verre dans les sciences. Ce n’est pas une question de compétences ».

Le soutien à la carrière des femmes est justifié, entre autres, au fait qu’en Europe, elles n’occupent que 11% des hautes fonctions académiques. Et seulement 3% des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués. Par ailleurs, on trouve à peine dix-sept femmes (deux seulement en physique, dont Marie Curie, qui a eu également celui de chimie) sur les cinq cent quatre-vingt-dix-neuf lauréats Nobel en physique, chimie ou médecine entre 1901 et 2017. Quant à la médaille Fields, considérée comme l’équivalent du Nobel en mathématiques, elle a récompensé une seule fois (en 2014) une femme, l’Iranienne Maryam Mirzakhani (décédée en 2017).

Le texte signé bénéficie de l’assentiment de plusieurs scientifiques, dont ceux travaillant aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Norvège, en Israël, au Liban, au Qatar. Ces derniers ont également apporté leur soutien à cette initiative lancée par la Fondation L’Oréal et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Dans cette charte, les hommes sont invités à « nommer des femmes à des postes de responsabilité », à « proposer davantage d’interventions publiques aux femmes scientifiques », à « parrainer chaque année au moins une femme pour l’aider à gravir un échelon supplémentaire dans son plan de carrière ». De plus, le document suggère de « recommander des femmes dans les comités de lecture pour atteindre un meilleur équilibre ».

Parvenir à se faire publier est indispensable pour bâtir sa carrière scientifique, estiment les chercheurs. Et Cedric Villani pense que la question des publications est un « sujet extrêmement sensible. « Autant il faut se donner des objectifs clairs de représentation équilibrée quand il s’agit de composer un conseil d’administration ou une direction d’institut, autant en matière de publications, il faut, je crois, résister à la tentation du quota et ne retenir que la qualité scientifique », a fait savoir le député. « C’est en amont qu’il faut davantage soutenir, accompagner, encourager les femmes. Il faut aussi les inciter à publier régulièrement », a-t-il poursuivi.

De son côté, Fernandez Polcuch, chef de la section des politiques scientifiques à l’Unesco, considère que « le combat pour l’égalité des genres en sciences a trois raisons d’être ». « Non seulement, c’est un droit humain, mais la société a besoin de davantage de scientifiques, donc de plus de femmes. Qui plus est, la science sera de meilleure qualité si les femmes sont pleinement engagées », a-t-il nuancé.

 

Nestor N'Gampoula

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