Scrutins de décembre : l’IRDH exige un réconfort du processus électoral

Mercredi 4 Juillet 2018 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L'organisation de défense des droits de l’homme basée à Lubumbashi, dans le Katanga, a exhorté le chef de l’État à évacuer la série d’incertitudes créées par les déclarations, faits et gestes de certains de ses proches et collaborateurs. 

Dans une réaction au discours du chef de l’État, Joseph Kabila, prononcé à l’occasion des 58 ans de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, les chercheurs du Projet d’application des droits civils et politiques de l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) ont demandé au président de la République de réconforter le processus électoral car, ont-ils fait savoir, la population ne peut s’accrocher à une situation incertaine. À l’instar de l’Église catholique, l’IRDH estime, en effet, qu’il était urgent de rassurer l’alternance politique, pierre angulaire de la démocratie et de l’État de droit, en toute responsabilité devant la nation, au regard de la Constitution et de l’Accord de la Saint-Sylvestre.

Relevant que le président de la République avait, dans son message délivré dans la nuit du 29 juin, invité la classe politique et toutes les forces sociales à s’impliquer dans les élections en vue de consolider la jeune démocratie, l’IRDH note que l’incertitude se lisait dans les messages des autres institutions publiques appelées à rassurer la population. Cette ONG motive sa position par le fait que « le jour même du discours du président de la République, le président du Conseil national du suivi de l’accord, Joseph Olengankoy, sème le doute sur ledit processus, en invitant quiconque détiendrait des informations sur la dangerosité de l’utilisation de la machine à voter et de son caractère peu fiable à contacter son institution, au plus tard le 2 juillet ».

L'IRDH fait également remarquer que le président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Naanga, répondant le 22 juin à une question de "Radio France internationale" relative à la crise de confiance sur le processus électoral, avait avoué que sa mission n’était pas de créer la confiance avec la population. « Ceci revient à dire qu’il ne se préoccupe pas de la population appelée ce jour à s’accrocher audit processus », a regretté cette organisation, ajoutant que le 7 juin, le porte-parole du gouvernement avait, lui, rapporté que le Conseil de ministres avait peaufiné une stratégie de création d’une coalition politique électorale, le Front commun pour le Congo, préoccupé par la conservation du pouvoir.

Face à ces derniers faits, les chercheurs de l’IRDH se sont demandé comment le gouvernement, pouvoir exécutif de la République, servira la population si sa mission devient la conquête du pouvoir « démocratiquement », mission dévolue aux parties politiques. Aussi ont-ils relevé qu’en dépit du fait que la Constitution interdit au président en exercice de postuler pour un troisième mandat, « le secrétaire général de son parti politique harangue des foules, les incitant à soutenir une troisième candidature de Joseph Kabila à sa propre succession, sans que le Parquet général n’ouvre une enquête judiciaire pour incitation à la trahison, appel du public à violer la Constitution ou rébellion contre l’ordre constitutionnel ».

Évacuation de la série d’incertitudes

Le président de la République devra donc évacuer cette série d’incertitudes, estime l'IRDH, en vue de permettre au peuple congolais « de s’accrocher au processus électoral ». Cette association attend ainsi du chef de l’État de dire sans tergiverser qu’il n’est pas candidat à un troisième mandat présidentiel, contrairement à la campagne amorcée par son parti politique et les tentatives du gouvernement mué en coalition électorale. Les chercheurs de l’IRDH demandent aussi au président de la République de respecter l’Accord de la Saint-Sylvestre, en libérant les prisonniers politiques emblématiques et en arrêtant le harcèlement judiciaire dénoncé par les évêques catholiques. Ils pensent que le chef de l’État, en tant que garant de la nation, devra aussi écouter les critiques de la population contre la machine à voter et invitent la Centrale électorale à rétablir la confiance avec celle-ci, en abandonnant ce projet.

Lucien Dianzenza

Notification: 

Non