Sébastien Migné : « Jonathan N'Sondé sera accueilli à bras ouvert lorsqu’il souhaitera nous rejoindre »

Samedi 27 Mai 2017 - 18:52

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Depuis Lisses, en Essonne, où a débuté le stage de préparation des Diables rouges issus des championnats européens, le sélectionneur national fait le point sur son groupe et l'état d'esprit qu'il en attend. Et revient sur le cas de quelques éléments absents.

Les Dépêches de Brazzaville(LDB) : Vous êtes depuis hier soir à Lisses avec une majeure partie du groupe de la diaspora ; avec des éléments déjà présents en mars contre la Mauritanie (Massengo, Bouka Moutou, N’ganga…), des internationaux Espoirs (Andzouana, Moussiti Oko, Loumingou), un ancien (Mouko), des « revenants » (Binguila et Mabiala) et des nouveaux (Bahamboula, Tsoumou, Kololo).

Sébastien Migné(SM) : Oui, c’est un groupe éclectique avec des joueurs expérimentés, des éléments à relancer et des nouvelles têtes qui vont amener de la fraîcheur et de la concurrence. A moi de trouver le bon dosage. C’est la raison du choix de Lisses pour ce rassemblement. Je souhaitais revoir certains joueurs, en découvrir d’autres, en prévision de ce match du 10 juin, mais aussi pour préparer la suite. Les meilleurs retrouveront les locaux qui, je le rappelle, sont concernés par le championnat. J’ai lu ici ou là qu’on aurait pu faire le stage ailleurs ou différemment. Nous avons des contraintes à gérer, comme le championnat local et des championnats européens qui ne sont pas terminés. On a choisi la meilleure option pour voir un maximum de joueurs afin d’être compétitifs face à la RDC et d’avoir une base de travail pour les échéances suivantes.

LDB : Vous nous avez ouvert les portes de votre causerie d’accueil, vendredi soir : on y a entendu un discours axé sur la discipline, le travail et l’état d’esprit. Ce sont les clés de la réussite pour vous au-delà des qualités individuelles ?

SM : Je pense que le socle, avant d’aborder l’aspect technique, c’est la discipline et la forme physique. Quand on maîtrise ces fondamentaux, on peut peaufiner, travailler l’équilibre de l’équipe et développer progressivement une marque de fabrique. Concernant la discipline, j’ai cru comprendre, lorsque l’on m’a embauché, que c’était un paramètre à solutionner. Donc je fais passer le message au groupe. Ceux qui tenteront d’y déroger s’excluront d’eux-mêmes. C’est la loi du haut niveau. C’est ce que j’ai expliqué aux joueurs hier : ceux qui font les meilleures carrières dans le groupe sont les plus investis…

LDB : Et les plus ponctuels ?

SM : Oui, aussi. En football, au haut niveau, il n’y a pas de hasard. Le talent sans travail, c’est insuffisant. Il n’y a que dans le dictionnaire que le mot « succès » arrive avant le mot « travail ».

LDB : Avant de consacrer les quinze prochains jours au football et aux éléments présents, peut-on faire un point sur les absents ?

SM : Rapidement, oui. Car ce qui m’intéresse, ce sont les joueurs qui sont venus.

LDB : Les cas diffèrent, à l’image de Dylan Saint-Louis, repéré tardivement, ou de Jonathan N’Sondé, touché par un deuil familial.

SM : Nous avons découvert tardivement, après mon passage en Europe, en avril, que Dylan Saint-Louis avait une maman congolaise. Il nous a fait part de son intérêt pour la sélection congolaise. Cet intérêt est réciproque : il a des qualités, il a terminé meilleur buteur de Laval cette année, en passant la barre des 25 titularisations. Après, il appartient encore à Saint-Etienne et se dirige probablement vers un nouveau club. Il doit gérer son intersaison et son arrivée lui semblait précipitée. Mais j’ai bon espoir que ce soit rapidement un atout supplémentaire pour les Diables rouges.

LDB : Pour Jonathan N’Sondé, qui avait donné son accord lors de votre entrevue en avril dernier…

SM : Sa famille est frappée par le deuil. C’est malheureux pour lui et ses proches. C’est triste aussi pour les Diables rouges, car c’est un garçon sur lequel je compte. Je ne pense pas m’être trompé, puisque quelques jours après sa sélection, il a signé son premier contrat pro avec Nantes. Son arrivée n’est que partie remise. La famille « Diables rouges » l’accompagne aujourd’hui, avec sa famille, dans le drame qu’il traverse. Il y a deux façons, toutes deux louables, de voir la situation : rester en famille pour faire le deuil ou éventuellement venir en sélection, au Congo, pour rendre hommage, d’une certaine façon, au proche disparu. La décision lui appartient et bien évidemment, il sera accueilli à bras ouvert lorsqu’il souhaitera nous rejoindre.

LDB : Il y a ensuite les Lavallois Yven Moyo et Davel Mayela, qui ne se sont pas présentés hier…

S.M : J’avais souhaité ouvrir le groupe à un maximum de joueurs de la diaspora pour préparer l’avenir de la sélection. Après, ils n’auraient pas forcément été dans le groupe des 23, donc leur absence est à relativiser. Maintenant, j’ai un peu du mal à comprendre leur décision. Leur présence sur la liste était un peu une offrande, une chance pour eux de briller, de redevenir ou de devenir internationaux, de jouer des matchs de haut niveau, comme celui de la RDC, mais aussi le Ghana, l’Egypte dans les prochains mois. Pour un joueur qui n’était pas titulaire en Ligue 2 et pour un jeune attaquant, certes productif, de CFA 2, ça me semblait être un beau challenge. Le staff prend acte et continue d’avancer avec ceux qui sont motivés. Ces garçons doivent, par contre, prendre en compte que lorsqu’ils seront décidés à venir, il n’est pas certain qu’on soit prêt à les accueillir. Aujourd’hui, des garçons comme Badila et Bahamboula sont motivés et c’est cet état d’esprit dont on a besoin pour redynamiser cette équipe. Finalement, si Moyo et Mayela ne croient pas vraiment au projet, ils ont bien fait de ne pas venir : ils gagnent quelques jours de vacances et je gagne du temps pour travailler avec les joueurs volontaires.

LDB : Finalement l’absence de Maboulou n’est pas vraiment une surprise ?

S.M : Non, on s’y attendait. Je l’ai dit il y a quelques jours : c’est un garçon pétri de qualités. Mais c’est aussi, à ses dépens, la preuve que le talent ne fait pas tout : aujourd’hui, il évolue dans un club anonyme du championnat grec. Ça veut bien dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je pensais qu’avec le temps, il aurait peut-être évolué. Bon, on attend, mais on ne l’attendra pas indéfiniment.

LDB : Le cas de Bradley Mazikou, également absent hier ?

SM : Bradley s’est blessé dans la semaine. C’est un garçon que je reverrai. Il fait partie des joueurs à suivre pour, éventuellement, renforcer la sélection congolaise à court ou moyen terme, en fonction de son évolution en club. Ensuite, il y a Jules Iloki et Brice Samba qui, pour l’instant, s’interrogent.

LDB : Pour conclure, Eden Massouema : sa participation au barrage retour contre Orléans est incertaine en raison d’une blessure, mais il semble qu’il ne serait pas venu malgré cela. Et ce, malgré votre entrevue du 26 avril.

SM : J’essaie de me mettre à la place du gamin, car on parle d’un garçon de 19 ans, pour qui tout va très vite. Il n’a pas fait de centre de formation et se retrouve, en quelques mois, titulaire en national, recruté par un club de Ligue 1, convoité par le pays de ses parents. Ça fait beaucoup d’un coup. A cela s’y ajoutent les influences exercées par son club actuel, son futur club, son agent. Je comprends que ça soit perturbant pour lui. En plus, on a aujourd’hui le cas de Ngolo Kanté, passé en quelques saisons du national à la Premier league et devenu double champion d’Angleterre et meilleur joueur de son championnat. Beaucoup d’agents veulent dénicher le nouveau Ngolo Kanté et font miroiter cet exemple à leurs joueurs. On doit faire face à ça, mais on ne baisse pas les bras. On parle aussi d’un garçon qui n’a jamais mis un pied au Congo. Il y a aussi ce paramètre humain, familial. Les ponts ne sont pas coupés, je lui laisse le temps de digérer tous ces évènements, toutes ces émotions. C’est un joueur intéressant, qui peut nous apporter avec son jeu court. En attendant, je lui souhaite de bien s’intégrer dans son nouveau club et de s’y imposer. Et je le redis : je ne désespère pas de le convaincre. 

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Sébastien Migné, le sélectionneur national, lors de sa causerie, vendredi soir, à Lisses (crédits photo Adiac/Camille Delourme)

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