Sécurité et développement : le G5 Sahel fait appel aux bailleurs de fonds

Jeudi 6 Décembre 2018 - 13:56

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L'organisation  espère lever 1,9 milliard d'euros, ce 6 décembre à Nouakchott (Mauritanie), pour des projets de développement, en particulier dans les régions frontalières où les jihadistes tirent parti des carences des Etats pour s'implanter.

Au siège du secrétariat du G5 Sahel, les présidents des pays membres (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) ont présenté quarante projets couvrant la période 2019-2021 devant les bailleurs de fonds et partenaires internationaux, dont l'Union européenne et la France. La conférence de coordination des partenaires et bailleurs de fonds s’inscrit dans le cadre du financement du Programme d’investissements prioritaires du G5 Sahel.

Les zones reculées, délaissées ou abandonnées par le pouvoir central, sont au cœur des préoccupations, notamment dans les secteurs frontaliers. En construisant des écoles, des centres de soins ou en offrant un accès à l'eau, les gouvernements espèrent fidéliser la population déshéritée susceptible de céder aux sirènes jihadistes. « Un des vecteurs principaux de la radicalisation, c'est le sentiment d'injustice et de marginalisation. Si on veut stabiliser des zones, il faut pouvoir les développer », souligne-t-on de source diplomatique.

Un programme de développement d'urgence axé sur trois priorités, l'hydraulique, la gestion des conflits intercommunautaires et la sécurité intérieure a été défini. L'accent est mis sur le nord du Burkina Faso, le centre du Mali, la région des Hodh en Mauritanie ainsi que celles de Tillabéri au Niger et Kanem au Tchad. « La sécurité avait pris le dessus sur le développement au sein du G5 Sahel. Avec cette conférence, il montre sa volonté de remettre le développement au centre», relève une source diplomatique française, en référence à la force conjointe antijihadiste créée en 2017 par l'organisation.

La question du financement pérenne de la force conjointe, qui peine à devenir pleinement opérationnelle malgré des engagements de quelque quatre cent vingt millions d'euros, a également été abordée de façon informelle entre les chefs d'Etat du G5 Sahel. Les interventions à financement modeste (moins de cinq cent mille euros) vont cohabiter avec des projets d'infrastructures (jusqu'à cent millions d'euros), pour accélérer l'intégration régionale.

Mais dans un rapport publié le 5 décembre, Action contre la faim, Oxfam et Save the children pointent les risques du « lien entre sécurité et développement » qui « est au cœur de la nouvelle approche prônée dans le Sahel par les Etats et les bailleurs de fonds, notamment l'Union européenne et la France ». Selon ces trois ONG, « il est inquiétant de voir que la réponse se focalise sur le développement économique sans prendre autant en compte les griefs légitimes de la population autour des problèmes de gouvernance, d'inégalités, de distribution des richesses et de justice de genre ».

Les groupes jihadistes, en grande partie chassés du nord du Mali par l'intervention militaire lancée par la France en 2013, ont depuis regagné du terrain, en particulier dans le centre du pays, et le phénomène s'étend au Burkina Faso ainsi qu'au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires. Cette dégradation de la situation a conduit le G5 Sahel à réactiver, en 2017, son projet de force conjointe. En plus d'un an et demi, cette force a mené une dizaine d'opérations avec l'appui direct de l'opération française Barkhane, sans réel impact sur le terrain, où elle n'a pas encore croisé le fer avec les jihadistes.

La pauvreté et les changements climatiques qui réduisent l'accès aux ressources naturelles alimentent aussi les tensions intercommunautaires. Les forces armées sont, par ailleurs, régulièrement accusées d'exactions.

Josiane Mambou Loukoula

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