Sexion d'Assaut : le groupe de rap s'impose sur la scène francophone

Jeudi 18 Juillet 2013 - 15:45

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À une époque où beaucoup pensaient que le rap c’était mieux avant, voire que le rap était mort,  huit jeunes Parisiens sont arrivés comme un tsunami dans le paysage musical français.  En quatre ans, Sexion d’Assaut s’est hissée à la tête des charts, raflant prix, disques d’or et reconnaissance de ses pairs. Retour sur le parcours d’un des groupes de rap les plus populaires aujourd’hui

Des freestyles aux albums

Maître Gims, Lefa, Adams, Maska, JR O Crom, Doomams, Black Mesrimes et Petrodollars se connaissent depuis l’enfance et rappent ensemble depuis 2002. Ce sont d’abord des freestyles gravés sur CD et vendus dans la rue, un « travail au corps », selon Lefa, qui permet au groupe d’acquérir une première notoriété underground. Les mixtapes La terre du milieu et Les chroniques du 75, ainsi que des vidéos régulières fidélisent ce public. Et rapidement, les premières vidéos mises en ligne sur le site de rap Booska-p.com élargissent l’audience du groupe.

FIF, co-fondateur du site n°1 de rap français Booska-p dit avoir senti la puissance du phénomène : « Je suis un passionné, j’étais content parce que je savais qu’ils étaient très forts. Dès le début, j’en ai parlé à tout le monde : aux radios, aux maisons de disques. Je suis allé voir Laurent Bouneau, (directeur général des programmes de Skyrock, NDLR). Il avait déjà entendu parler de ce groupe, mais je lui ai confirmé qu’il fallait les surveiller. » 

On peut dire que tout s’est accéléré en 2009 avec la sortie du premier street album du groupe, L’Écrasement de tête. Un CD sur lequel figuraient les titres Wati bon son (connu des auditeurs de la première heure car c’est une adaptation du freestyle Booska Pétage de câble de janvier 2009),  T’es bête ou quoi ou Routine ; et grâce auquel Sexion d’Assaut va sillonner la France pour sa première tournée et remplir des salles, dont la mythique Élysée-Montmartre le 11 décembre 2009. Un exploit pour un groupe qui n’est pas encore diffusé en radio et dont les apparitions médiatiques sont très rares. Sexion commence alors à prendre de l’ampleur, notamment lors du freestyle sauvage de Beaubourg, à Paris, organisé pour la sortie d’Écrasement de tête et pour lequel plusieurs centaines de fans se sont donné rendez-vous.

Arrive ensuite le premier « vrai » album de Sexion d’Assaut, L’École des points vitaux. Un titre qui annonce la couleur : le groupe veut « frapper là où ça fait mal ». Sur cet album, on retrouve des morceaux qui ont beaucoup tourné en radio comme Casquette à l’envers, Désolé ou Wati By Night. Des punchlines (rimes qui cognent), des gimmicks (phrases courtes et répétées qui accrochent l’oreille de l’auditeur), des messages, il y a de tout sur cette galette. L’École des points vitaux est très vite certifié disque d’or. Pourtant, Sexion, qui semble ne pouvoir être arrêtée dans sa course vers le succès, va contre toute attente être frappée d’un coup inattendu.

Le coup dur

Une interview du groupe parue en juin 2010 dans un magazine hip-hop fait éclater une polémique quelques mois plus tard : les membres du groupe seraient « 100% homophobes ». C’est une tempête qui s’abat alors sur le groupe. Les jeunes rappeurs sont boycottés par beaucoup de médias, et ceux qui parlent d’eux abordent le sujet de l’homophobie. Persona non grata dans certaines municipalités, sur la trentaine de dates de tournée prévues, ils n’en feront que trois. Ils sont également absents des NRJ Music Awards de janvier 2011, et ne sont plus diffusés sur la radio NRJ. FIF de Booska-p se souvient de cette période difficile : « Les médias aiment bien les polémiques, et tout le monde s’en est pris à eux ! Plus personne ne voulait parler d’eux. Aimer Sexion d’Assaut, c’était être homophobe. On leur avait collé une étiquette. Certaines personnes de maisons de disques me disaient que c’en était terminé pour eux. » Comme à ses débuts, le groupe au nom militaire reprend le travail de terrain. Finalement, à force d’excuses, de rencontres, de débats et messages de tolérance, le groupe se rachète une conduite auprès de la communauté homosexuelle. Et grâce à un public fidèle, qui a toujours soutenu le groupe, les médias finissent par s’incliner. Et tel un phœnix, la Sexion d’Assaut renaît de ses cendres.

Le retour au top

En avril 2011 sortent Les Chroniques du 75, un DVD qui signe le retour définitif du groupe et permet de faire patienter le public jusqu’au deuxième album. L’Apogée sort le 5 mars 2012. Les singles Ma direction, Wati house et Avant qu’elle parte sont sur toutes les ondes et sur tous les écrans. Le 26 novembre 2012, Avant qu’elle parte est sacrée chanson de l’année aux Trophées de la Sacem.

Fin janvier 2013, deux ans après avoir été privé de NRJ Music Awards, Sexion d’Assaut est invité à Cannes pour la treizième édition de la cérémonie. Une revanche pour les huit rappeurs qui triomphent en raflant les awards du Groupe francophone de l’année et de la Chanson francophone de l’année, encore une fois avec Avant qu’elle parte. Le 14 mai 2013, ils remportent les trophées de la Meilleure chanson pour Wati house et de la Meilleure performance live aux Trace Urban Music Awards.

Aujourd’hui, le succès de Sexion n’est plus à prouver. Et c’est l’heure des projets solos pour certains de ses membres. Ne voyez là aucune envie de séparation, simplement l’occasion pour chacun de s’exprimer et s’épanouir différemment. Maître Gims, qui a toujours été placé en fer de lance, est le premier à sortir un album. Subliminal, disponible depuis le 20 mai, s’est déjà écoulé à près de 200 000 exemplaires. Arriveront en 2014 les projets de Black Mesrimes puis de JR. Une chose est sûre, on n’a pas fini d’entendre parler de Sexion d’Assaut.

 

 

 

Armelle Myab

Légendes et crédits photo : 

Le groupe Sexion d'Assaut. (© DR)