Sommet du G20 : la crise syrienne pourrait dominer les débats

Mercredi 4 Septembre 2013 - 15:45

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Le sommet du G20, qui réunira les chefs d’État et de gouvernement le 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg, en Russie, s’annonce des plus tendus, non seulement en raison de la tempête financière qui secoue les pays émergents, mais surtout du conflit syrien

« Le sommet doit donner la priorité à la croissance et intervient à un moment où l’économie mondiale se trouve de nouveau dans une zone à risque », a prévenu Vladimir Poutine.

Alors que la zone euro, sortie de récession, semble voir la lumière au bout du tunnel, les pays émergents – Inde, Brésil et Turquie en tête – font face à un plongeon de leur monnaie, conséquence du changement annoncé de la politique monétaire américaine.

En effet, depuis des années, la banque centrale des États-Unis inonde le système financier de liquidités pour maintenir des taux d’intérêt à très bas niveau et soutenir l’activité économique. Cet argent disponible à moindres frais s’est orienté en grande partie vers les marchés émergents, où les taux d’intérêt plus élevés et la croissance plus rapide promettaient des rendements juteux.

« Mais, avec la reprise économique aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine (FED) se prépare à lever le pied et les investisseurs reviennent vers la première économie mondiale, d’autant que la croissance a tendance à se tasser dans les pays émergents. Le sujet est porteur de divisions, car les effets négatifs sont déjà clairement visibles sur les monnaies des pays émergents », ont annoncé les analystes.

La Russie, qui espérait profiter de la présidence du G20 pour afficher son ouverture économique aux investisseurs du monde, ne devrait pas manquer de relayer ces inquiétudes : le rouble a perdu environ 10% de sa valeur et la croissance a brutalement ralenti au début de l’année.

« La crise des pays émergents sera une ombre portée sur le sommet. Si elle s’amplifie, il faudra une discussion sur la réalité de la fin de la politique monétaire accommodante des États-Unis », a constaté une source diplomatique française. Côté américain, on souligne que si la Banque centrale américaine change de politique, c’est que la première économie mondiale repart, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle pour la planète.

La Russie ouvre le débat sur la Syrie

La présidence russe a admis ce mercredi que la crise syrienne devienne le sujet dominant du G20. « Ignorer ce sujet n’aurait pas de sens alors même que les principaux dirigeants mondiaux se retrouvent autour d’une même table », a-t-elle expliqué.

Cette position marque un changement fondamental par rapport aux propos tenus officiellement jusqu’à présent.

« Le G20 est un forum économique et les risques que représente la Syrie, mais aussi l’Égypte, pour la croissance mondiale sont un sujet de préoccupation. Cette crise commence aussi à déstabiliser les prix du pétrole. Par ailleurs, nous ne voulons pas non plus que l’usage des armes chimiques ou le terrorisme deviennent courants dans les conflits. Le président Vladimir Poutine ne s’entend pas avec son homologue américain. Les deux dirigeants étaient tombés d’accord sur la Syrie lors de leur dernière rencontre au sommet du G8 en Irlande du Nord », a indiqué un porte-parole de la présidence.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a un peu fait bouger les lignes en indiquant : « S’il y a des informations selon lesquelles des armes chimiques ont été employées par l’armée régulière [de Syrie], alors ces preuves doivent être présentées au Conseil de sécurité de l’ONU. Et elles doivent être convaincantes », a expliqué l’hôte du sommet, ajoutant que son pays était prêt à agir le plus résolument possible, et qu’il n’excluait pas de soutenir une action armée occidentale.

Yvette Reine Nzaba