Sommet Russie-Afrique : un haut lieu d’échanges dans plusieurs domaines

Jeudi 24 Octobre 2019 - 19:47

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Le premier forum entre les deux parties s’est achevé le 24 octobre, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. Pour la circonstance, le principal succès du président russe, Vladimir Poutine, a été d’avoir réussi à faire venir des délégations de tous les pays africains, dont quarante-sept chefs d’Etat et de gouvernement. La délégation congolaise était conduite par le président Denis Sassou N’Guesso.

Au cours de la rencontre, Moscou qui revient en Afrique après presque trois décennies en retrait, a raffermi ses relations avec le continent, rappelant les liens historiques entre la défunte Union soviétique et les Etats africains dont certains luttaient pour accéder à l’indépendance. La Russie a aussi mis en avant ses outils de soft power, à travers ses médias d’Etat multilingues mais aussi des fondations censées œuvrer au développement.

Même si aucun contrat majeur n’a été annoncé au cours des deux journées des travaux, l’on peut dire que le sommet a été l’une des rares occasions ayant profité à l’Agence internationale pour le développement souverain (IADS) de se faire davantage découvrir par les dirigeants africains et autres hommes d’affaires. Créée pour « aider les Etats émergents », notamment africains, à « attirer des investissements et libérer leur potentiel de croissance », selon son responsable, l’IADS est sûre d’avoir réussi à étendre son influence dans nombre de pays.

Sur le plan de la défense, le forum a été l’occasion pour les entreprises d’armement de se tailler la part du lion en exposant leurs stands. Il a notamment permis au complexe militaire russe d’exposer sa panoplie d’armes à l’Afrique, qui pèse lourd dans son carnet de commandes. « L’Afrique représente 40% du volume du portefeuille de commandes actuelles, à la fois en termes de valeur et de livraisons de différents types d’armes et d’équipements militaires », a confié à la presse, Alexandre Mikheev, patron de Rosoboronexport, la société publique russe chargée des ventes d’armements.

L’Afrique s’intéresse au nucléaire

Avant la fin des travaux, l’agence nucléaire russe, Rosatom, a signé un accord préliminaire de coopération pour construire un centre de recherche sur le nucléaire au Rwanda. Au premier jour du forum, soit le 23 octobre, l’Ethiopie avait déjà signé avec le géant russe, avec en plus en ligne de mire « la construction d’une centrale nucléaire de grosse capacité », selon le patron de Rosatom, Alexeï Likhatchev.

Rosatom dispose également de protocoles d’accord avec dix-huit pays africains, dont l’Egypte, le Nigeria, le Soudan, le Kenya, le Ghana, la Zambie et l’Ouganda, a indiqué son chef, ajoutant que la coopération dans ce domaine pourrait aboutir plus vite avec la Zambie et le Rwanda.

Pour ce qui est du Congo, les accords signés lors des visites du chef l’Etat en Russie, du 21 au 23 mai dernier, témoignent de l’excellence des relations bilatérales. Ils concernent, entre autres, la communication et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il s’agira, pour ce dernier domaine, de la construction du Centre de science nucléaire et des technologies en terre congolaise. Le Congo et la Russie étant membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique, signataires du traité de non-prolifération nucléaire, du 1er juillet 1968. D’autres textes, notamment des mémorandums d’entente et protocole d’accord sur l’agriculture, la défense et le pétrole, font également partie des accords paraphés dans la capitale moscovite.

Rappelons aussi sans être exhaustif que pendant près de six décennies, d’autres accords ont été paraphés dans plusieurs domaines (économie, commerce, éducation, hydrocarbures et défense) au terme de la quatrième session de la Grande Commission mixte de coopération tenue du 13 au 15 décembre 2016, à Brazzaville.

De fait, les relations entre la Russie et le Congo sont fondées sur des échanges dans plusieurs secteurs parmi lesquels la formation des cadres et l’assistance technique. Elles sont appelées à se développer et se diversifier au regard des accords qui ont déjà été conclus par les deux Etats.

Une nouvelle page des liens Russie-Afrique

Clôturant les travaux du sommet, le président russe a dit qu’il fallait « intensifier la coopération » entre son pays et l’Afrique pour remplir les objectifs de Moscou. « On peut déjà dire que cet événement aura ouvert une nouvelle page des relations entre la Russie et l’Afrique », a-t-il indiqué, tout en saluant deux jours de rencontres « professionnelles et amicales, pour ne pas dire chaleureuses ». « Nous avons l’intention d’intensifier la coopération économique », a souligné Vladimir Poutine, qui a rappelé l’objectif russe de faire passer à « quarante milliards de dollars » les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique d’ici à cinq ans. Il a, par ailleurs, confirmé que des sommets Russie-Afrique seraient désormais organisés tous les trois ans.

Pour conclure le forum, une déclaration commune a été signée. Le texte dénonce les « diktats politiques et le chantage monétaire ». Il appelle à une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, « pour lui donner une plus grande représentativité ». « Nos pays, sur la plupart des secteurs à l’ordre du jour sur la scène internationale, sont proches ou au moins convergents », selon le président russe.

Notons que le premier sommet Russie-Afrique avait pour ambition de consacrer le retour russe sur un continent dont Moscou s’était largement retiré après la chute de l’URSS, et où la majorité des échanges se fait désormais avec la Chine ou les pays occidentaux. 

 

Nestor N'Gampoula

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