Sonas : la compagnie en crise profonde

Samedi 17 Mai 2014 - 18:15

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Les grévistes en appellent à la nomination des nouveaux dirigeants à la tête de leur entreprise.  

Les agents de la Société national d’assurances (Sonas) ont déserté leur lieu habituel de service et sillonnent la ville de Kinshasa pour faire entendre leur cri de détresse aux autorités compétentes. Ils ne jurent plus que par le départ de l’administrateur délégué par intérim, Carole Agito Amela. À la base de ce ras-le-bol, une situation sociale désastreuse qui clochardise les travailleurs de l’assureur national.

Les grévistes ont l’intention de maintenir leur mouvement jusqu’à la résolution de leurs cinq revendications, à savoir le non paiement de 26 mois de salaire au siège social, des arriérés de salaire à géométrie variable des agences/Sonas et la mauvaise gestion. Dans un mémorandum adressé  notamment au Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, au président de l’Assemblée nationale et au ministre du Portefeuille, ce collectif démontre à titre illustratif comment le pillage de la Sonas est réalisé. En vue de faire entendre leur voix, ils se sont rendus à la section droit de l’Homme de la Monusco pour dénoncer le génocide dont ils sont victimes depuis plusieurs mois et solliciter leur protection.  

Les agents ne comprennent pas que leur situation sociale continue à se détériorer alors que l’employeur reçoit régulièrement tous ses avantages et que des recettes tombent toujours dans les comptes de l’entreprise. Ils en veulent pour preuve le maintien de l’opération jeudi sinistre au cours de laquelle les sinistrés reçoivent en partie ou tout de leurs droits vis-à-vis de la Sonas.  Les grévistes en appellent à la nomination des nouveaux dirigeants à la tête de leur entreprise.  

Selon les grévistes, la prime pure (une partie de la prime payée par l’assuré pour la couverture du risque) est chiffrée à 44.632.598 dollars américains, toutes branches confondues, pour l’exercice budgétaire 2013. Les charges techniques (sinistre payé et frais de règlement sinistre), quant à elles, sont de l’ordre de 9.167.153 dollars américains. Cela revient à dire que la Sonas a réalisé une marge technique de 34.717.976 de dollars américains.

Dans la pratique, note le collectif, ce montant devrait servir aux provisions techniques, c’est-à-dire à réaliser les placements bancaires, investissement, achats immeubles, etc. Or, note-t-il, rien n’a été fait. Les charges techniques en l’année 2013 ont servi à payer les sinistres. Pour ce qui est de la prime (23.048.461 USD), il devrait couvrir  les frais administratifs et le paiement de salaires, l’enveloppe salariale de l’ensemble du personnel/Sonas étant de 1.300.000 dollars américains pour toute la République.

L’opinion s’interroge à son tour sur la destination que prennent les fonds alloués aux salaires des agents et ne comprennent pas qu’un administrateur intérimaire soit maintenu dans cet état pendant plus de deux ans. Ils s’interrogent sur les raisons du maintien de Carole Agito à la tête de la Sonas pendant que la situation sociale y est très critique. L’on constate que cette entreprise qui reprenait du poil de la belle suite à la politique mise en place par Herman Mbonyo touche peu à peu les bas fonds et redevient ce canard boiteux qui n’attirait plus les regards sur le Boulevard du 30 Juin. Dossier à suivre…

Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

1. Le siège social de la Sonas 2. Carole Agito Amela