Sorbonne-Université : une journée d’études consacrée à Henri Lopes

Lundi 18 Juin 2018 - 12:45

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Organisée par le Centre international d'études francophones de la Faculté des lettres de Sorbonne-Université, la jour­née « Réinventer la vie, prophétiser le réel : Henri Lopes  » en présence de l’auteur, a été un moment de réflexion approfondie sur l’écrivain engagé et l’écrivain métis.

Écrivain Henri Lopes portant des précisions à l'auditoire de la Journée d'études "Réinventer la vie, prophétiser le réel: Henri Lopes"L’envergure de l’œuvre romanesque d’Henri Lopes a offert tout à la fois une mise en scène et une réflexion approfondie sur les différents aspects de son écriture, le 15 juin, dans l’amphithéâtre Quinet studieux. Tout a commencé avec le discours inaugural de Romuald Fonkoua, de la Sorbonne-Université, qui a présenté la trajectoire littéraire du romancier congolais.

Scindée en deux temps forts, sous la présidence de séance d’Anthony Mangeon, de l’Université de Strasbourg, la journée a été marquée dans la matinée par quatre interventions. Catherine Mazauric, de l’Université d’Aix‑Marseille, se fondant sur les personnages féminins, s’est intéressée au motif de l’errance comme générateur d’une éthique narrative complexe. Alioune Sow, de l’Université de Floride, a analysé le métissage dans l’œuvre lopésienne : singulière et novatrice, cette poétique de l’hybride a inspiré tout un courant littéraire. Nicolas Martin-Granel, de l’ITEM/CNRS, a proposé une lecture génétique du Méridional : à partir des archives du roman et de l’image du fleuve Congo, le chercheur s’est interrogé sur les processus de création mis en œuvre par l’écrivain. Enfin, Céline Gahungu, de la Sorbonne‑Université, a étudié la dimension fondatrice de Tribaliques, recueil qui a marqué l’entrée en littérature d’Henri Lopes et a suscité des réécritures au sein de la phratrie congolaise.

À en croire les échanges fructueux avec le public, ces quatre communications ont permis l’approche de l’auteur dans la construction de son œuvre littéraire et son soutien « phraternel » aux écrivains débutants, son effervescence dans la vie publique et le retrait nécessaire à la création, sa trajectoire qui semble être tout aussi multiple que ses écrits.

Au cours de l’après-midi, sous la présidence de séance de Florian Alix, de la Sorbonne-Université, trois autres interventions se sont succédé. Lydie Moudileno, de l’Université de Californie du sud, a démontré comment, au fil de ses textes, l’écrivain a reconstitué « des France(s) », aussi multiples et riches que « ses Afrique(s) ». Bernard Mouralis, de l’Université de Cergy-Pontoise, a analysé la représentation de la province française dans Le Méridional et, plus largement, les géographies « lopésiennes ». A son tour, Anthony Mangeon, consacrant son intervention à l’ensemble des romans de Henri Lopes, a proposé une théorie de l’écriture « lopésienne » fondée sur un projet philosophique démocratique.  

A travers ces études, il s’est dégagé l’approche des pratiques « méta textuelles et méta fictionnelles » révélant les tensions inhérentes au champ littéraire et de certaines postures à la disposition du romancier. Cela a pu laisser entrevoir un certain dédoublement de l’écrivain, sinon une double posture : d’une part, l’écrivain engagé, qui a réfléchi sur l’histoire et les conditions du progrès dans les sociétés africaines postcoloniales ; d’autre part, l’écrivain métis qui s’interroge sur son identité problématique à travers toute une série de va-et-vient temporels et géographiques entre passé et présent, entre Afrique, Amérique et Europe. Chacune de ces postures font de lui un écrivain engagé, un écrivain métis, bien évidemment le double et le complément de l’autre, et c’est ainsi qu’elles se préfigurent et se prolongent d’une période romanesque à l’autre.

En fin d’après-midi, une table ronde animée par Florian Alix a permis un dialogue entre Henri Lopes, Dany Laferrière, Maxime N’Débéka et Sami Tchak. Ensemble, ils ont évoqué la création littéraire et la figure de l’écrivain.

Dans son discours de clôture, Romuald Fonkoua a rappelé que cette journée était consacrée uniquement à Henri Lopes « écrivant » et que son œuvre est « une continuité dans le temps ; qu’elle parle de l’Afrique et de l’ailleurs et que c’est un art démocratique ».

A l’issue de la journée, organisateurs et public se sont montré satisfaits par les communications, les interventions et échanges amenés par le public et la qualité de la table ronde proposés, une des voies pour appréhender l’œuvre de Henri Lopes, une figure majeure des littératures francophones !  

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : L'écrivain Henri Lopes portant des précisions à l'auditoire de la Journée d'études "Réinventer la vie, prophétiser le réel: Henri Lopes" Photo : Marie Alfred Ngoma

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