Soudan: accord de partage de pouvoir trouvé entre militaires et contestataires

Lundi 29 Avril 2019 - 13:30

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Le texte dont les meneurs de la contestation dans le pays et l’armée au pouvoir ont tous approuvé, le 27 avril, soit plus de deux semaines après la destitution du président Omar el-Béchir, indique qu’une autorité conjointe comprenant les personnalités des deux côtés sera mise en place dans les jours.

« Nous sommes parvenus à un accord sur un Conseil conjoint entre les civils et l’armée », a déclaré, le 27 avril dans la soirée, au nom du mouvement de contestation, Ahmed al-Rabia, qui a participé à la première réunion d’un comité conjoint regroupant des représentants des deux camps. Ajoutant: « Nous menons actuellement des consultations pour décider du pourcentage de civils et de militaires dans le Conseil conjoint ».

Le Conseil conjoint, annoncé au terme de la réunion, sera formé de quinze membres: huit civils et sept généraux. Il remplacera le Conseil militaire et constituera l’autorité suprême du pays. Il sera chargé de former un nouveau gouvernement civil de transition pour gérer les affaires courantes et ouvrir la voie aux premières élections post-Béchir.

Des analystes estiment que l’accord conclu répond aux revendications des milliers de manifestants qui campent depuis trois semaines devant le QG de l’armée, à Khartoum, pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils.

Loin de se contenter de la percée réalisée dans les négociations, les contestataires ont d’ores et déjà assuré qu’ils attendent l’instauration effective du Conseil conjoint annoncé, avant de décider du sort de leur sit-in.

« Je suis heureux des résultats des discussions », a confié Ahmed Nadji, un des manifestants.  Mais nous attendons l’annonce de la composition du Conseil », a-t-il précisé. Pour la manifestante, Sawsan Bachir, « l’accord est un pas vers la stabilité du pays ». « Mais nous ne quitterons pas le sit-in avant la mise en place d’un gouvernement civil », a-t-elle insisté.

Après le départ d’Omar el-Béchir, à la tête du Soudan pendant près de trois décennies, les manifestants avaient maintenu la pression pour obtenir du Conseil militaire de transition, qui a pris les commandes du pays, de céder le pouvoir et de juger le président déchu ainsi que les principaux responsables de son régime. Leur sit-in qui se poursuit s’inscrit dans le prolongement d’un mouvement déclenché, le 19 décembre, pour dénoncer initialement le triplement du prix du pain dans un pays à l’économie exsangue, avant de se muer en contestation contre le chef de l’Etat, destitué et arrêté par l’armée.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1989, Omar el-Béchir, 75 ans, a été renversé, le 11 avril, par les militaires, près de quatre mois après le début d’un mouvement de contestation inédit qui a fini par s’installer, le 6 avril, devant le QG de l’armée, pour réclamer le soutien des militaires.

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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