Soudan du Sud : l’ONU rappelle ses policiers après des allégations d’exploitation sexuelle

Lundi 26 Février 2018 - 13:45

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La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) a rappelé, le 26 février, une unité de 46 policiers onusiens de la ville de Wau, après le signalement d’allégations d’exploitation sexuelle.

Dans un communiqué publié samedi, la Mission a affirmé qu’ « une plainte a été reçue alléguant que des membres de l'unité de police ghanéenne (FPU) de la Minuss ont eu des rapports sexuels avec des femmes vivant sur le site de protection des civils des Nations unies à Wau ».
Sur les quarante-six allégations, treize sont classées comme abus sexuels, vingt-quatre comme exploitation sexuelle, et trois sont d'une nature inconnue. Les allégations impliquent cinquante-quatre victimes, trente sont des femmes, seize sont des filles (de moins de 18 ans), les âges de huit autres sont inconnus. Douze de ces allégations ont eu lieu en 2017, sept en 2016, trois en 2015 ou avant, et les dates sont inconnues pour dix-huit d'entre elles.
Une enquête préliminaire a aussitôt été lancée par le Bureau des services de contrôle interne (OIOS), un bureau indépendant des Nations unies. Le représentant spécial de l’ONU au Soudan du Sud, David Shearer, et d'autres haut-responsables de la Minuss ont été informés de l’enquête. Le même jour, dans l’après-midi, la Mission a décidé de retirer immédiatement l'unité de police de leurs lieux d'affectation sur le site de protection de civils de Wau. L’unité a été entièrement transférée vers Juba au cours des deux jours suivants et les quarante-six policiers confinés à leur base dans la capitale sud-soudanaise.
La Minuss a précisé avoir pris ces mesures pour protéger et aider les victimes et les témoins potentiels dans cette affaire, pendant qu'une enquête approfondie est en train d’être menée.
« Notre priorité est de donner la priorité aux droits et à la dignité des victimes et de garantir la transparence et la responsabilité de ces actions », a indiqué la Mission de maintien de la paix.
Les informations reçues indiquent que certains membres de l’unité de police auraient eu des relations sexuelles tarifées. « Il s’agit d’une violation flagrante du Code de Conduite de l'ONU et de la Minuss qui interdit les relations sexuelles avec des personnes vulnérables, y compris tous les bénéficiaires de l'aide »,  précise la Mission, qui a informé le siège des Nations unies à New York des allégations. Le Secrétariat général de l’ONU a notifié au Ghana que l'affaire faisait l'objet d'une enquête de la part des Nations unies.
« Rien n'indique que ce comportement soit plus répandu au sein de la mission. Tout acte d’exploitation et d’abus sexuels sape le travail critique de la Mission et compromet sa crédibilité auprès du peuple du Soudan du Sud. Cela ne peut pas et ne sera pas toléré », a souligné la Minuss, qui compte plus de dix-sept mille membres du personnel de maintien de la paix, dont treize mille militaires et mille cinq cents policiers.
Au sein de la Minuss, nul n’est censé ignorer que l’exploitation et les abus sexuels sont interdits. Tout le personnel en uniforme de la Mission est tenu de participer à des formations sur ce fléau dès leur sélection ainsi que durant les deux semaines suivant leur déploiement. Ce personnel a reçu des cartes mentionnées, « Aucune excuse pour l’exploitation et les abus sexuels ». Les points focaux chargés de la conduite et de la discipline sont présents dans chaque zone de déploiement. Des annonces sur ce sujet sont diffusées au quotidien et les responsables de missions ne manquent pas d’avertir régulièrement le personnel lors de leurs interventions.
« Dans l'ensemble, les soldats de la paix et policiers ghanéens affectés à la Minuss ont apporté une excellente contribution à la protection des civils et à l'instauration d'une paix durable au Soudan du Sud. Il est très décevant que le comportement de certains policiers risque de ternir ce service , ainsi que la réputation de la Mission  », a tenu à rappeler la Mission.
Etablie en 2011 par le Conseil de sécurité, la Minuss a pour mandat de construire une paix durable et de protéger les civils au Soudan du Sud touché par un conflit généralisé.
 

Yvette Reine Nzaba

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