Souvenirs : Johnny Halliday a une histoire avec le Congo-Zaïre

Jeudi 7 Décembre 2017 - 10:45

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En 1967, il y a donc maintenant cinquante ans, le rocker, icône incontestable de la musique française, mort dans la nuit du 5 au 6 décembre à Marnes-la-Coquette, s’était produit sur deux scènes importantes du Zaïre sous le règne de Mobutu qui venait de prendre les rênes du pays deux ans plus tôt.

 

Le jeune Johnny Halliday interviewé par deux journalistes zaïrois« Johnny Hallyday a une histoire avec le Congo. Il avait joué à la Salle du Zoo et au Ciné Palladium. À l’époque Mobutu venait de s’installer, il avait besoin de faire connaître son pays, le Zaïre, et de vulgariser son idéologie sur le Recours à l’authenticité », a affirmé le Pr Yoka Lye Mudaba. Il a ajouté, avec cette pointe d’humour habituelle qu’on lui connaît : « J’apprends que Johnny Halliday était d’origine belge. Ceci nous rapproche un peu plus de lui. Et donc, Johnny Halliday est certes une icône française mais pour les jeunes de mon âge, il est aussi une icône congolaise ».

Le directeur général de l’Institut national des arts (INA), qui s’est exprimé ainsi en grand mélomane, était bien jeune encore, en effet, en 1967. Vivant dans l’air du temps à ce moment-là, il ne lui a pas été difficile de retrouver, dans ses souvenirs, cet épisode de sa vie. Yoka Lye s’est donc souvenu de la controverse sur la chanson Noir, c’est noir avec laquelle la rock star française avait lancé son show. À ce sujet, il a alors raconté: « Au moment où Mobutu faisait l’apologie de la culture négro-africaine, voilà qu’il inaugure son concert avec Noir, c’est noir ! Le lendemain de son concert, c’était la curée médiatique à ce propos ». Johnny, tout comme Eboalotin, Myriam Makeba ou James Brown font donc partie de ces grandes vedettes du monde dont la venue à Kinshasa participait au prestige du pouvoir de feu Mobutu autant que le Théâtre de Verdure du Mont Ngaliema qui en reste un indéniable vestige.

Depuis l’annonce de la mort de Jean-Philippe Smet, alias Johnny Halliday, des photos de l’époque de ses concerts circulent sur la toile. Elles constituent donc des preuves irréfutables de sa venue au Zaïre vécue alors comme un événement. Même si cela n’est pas encore repris dans Wikipédia, l’on espère qu’amende honorable sera faite. Dans l’une de ces photos, l’on voit le jeune Johnny parler à deux journalistes qui lui tendent le micro. Mais, contrairement à ce que dit la légende, il ne s’est pas produit au Stade mais aux deux endroits susmentionnés, à savoir la salle du Zoo et le Ciné Palladium.

D’aucuns prétendent qu’il aurait également joué au Théâtre de Verdure mais, sans en avoir la certitude, nous ne pouvons l’affirmer. Dans une autre photo, l’on distingue des personnalités politiques assises aux premières loges les yeux rivés, l’on s’imagine, sur le podium. L’on y reconnaît notamment feu Etienne Tshisekedi et Jean-Jacques Kande suivant religieusement le show haut en couleur que devait être ce concert livré au Ciné Palladium.

Une grande cérémonie pour les funérailles

Par ailleurs, s’il faut revenir sur Noir, c’est noir, la chanson à controverse évoquée par Yoka Lye, Wikipédia souligne sa sortie en 1966 par Philips, dans des circonstances bien particulières, entre fatigue et déprime. « Le 10 septembre, Johnny doit chanter à la fête de l’Humanité ; épuisé par le rythme des galas et profondément déprimé, à quelques heures de la représentation, il tente de se suicider et est hospitalisé d’urgence. C’est dans ce contexte que Philips sort le titre Noir, c’est noir, qui devient un énorme tube (le plus important depuis Le Pénitencier) ». Peut-être que si les Zaïrois avaient connu cette anecdote, lui auraient-ils pardonné ce « faux pas ».Jean-Jacques Kande et feu Etienne Tshisekedi les yeux rivés sur la scène

Pour en revenir aux obsèques, la presse française fait savoir que la famille de Johnny Hallyday et les autorités « privilégient l’organisation d’une grande cérémonie le samedi 9 décembre, à Paris ». Une information émanant de sources policières qui précisent, en sus, que tout devait être « définitivement arrêté ce jeudi matin, à l’issue des dernières réunions préparatoires ».

L’illustre star, dont l’apport à la scène française est tenu pour important, a su imposer sa marque et transformer le tour de chant traditionnel en un véritable spectacle, commente Wikipédia. Né le 15 juin 1943, il était donc âgé de 74 ans et a succombé à la suite d'un cancer du poumon. Le communiqué rédigé par son épouse Læticia à l’adresse de l’AFP a ému et continue d’émouvoir les mélomanes. Son émotion à elle transparaît bien plus quand elle dit : « J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant, c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête à cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous donnant à tous des leçons de vie extraordinaires. Le cœur battant si fort dans un corps de rocker qui aura vécu toute une vie sans concession pour la scène, pour son public, pour ceux qui l’adulent et ceux qui l’aiment… ».

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le jeune Johnny Halliday interviewé par deux journalistes zaïrois Photo 2 : Jean-Jacques Kande et feu Etienne Tshisekedi les yeux rivés sur la scène

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