Sportissimo : ambivalence entre les contrats d’objectifs et la subvention des clubs

Vendredi 25 Mai 2018 - 20:16

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En République du Congo, l’orientation en matière de sport est du ressort de l'État. Et pour son organisation et sa gestion au quotidien, au-delà de ses services administratifs et techniques assermentés, l’État compte sur des partenaires privilégiés pour atteindre ses missions.

Le Comité national olympique et sportif congolais (CNOSC), le Comité national paralympique congolais, les fédérations sportives nationales, les organisations  non gouvernementales, le secteur privé et les organismes internationaux font partie des partenaires de l’État en matière sportive. La charte de bonnes relations entre les États et les fédérations internationales, signée à Paris, en France, le 7 avril 2005, devrait permettre au ministère des Sports et de l’éducation physique de signer à son tour des contrats d’objectifs ou de performance dès la saison sportive 2012-2013.

Subvention de l’État aux clubs

Au niveau de la Fédération congolaise de football (Fécofoot), le ministère des Sports avait, sans coup férir, levé l’option d’accorder des subsides aux clubs engagés au championnat national direct de la ligue nationale de football, entité censée être subdélégataire de la Fécofoot. Les clubs engagés à ce championnat auraient perçu un acompte sur le pactole décaissé pour la phase aller. Depuis  lors, cette manne financière n’est plus tombée, l’on ne sait trop pourquoi, s’interrogent les sportifs congolais. Seuls le ministère et les clubs peuvent répondre à cette question. Et pourtant, cette assistance substantielle de l’État avait constitué une bouée de sauvetage aux clubs démunis de toutes ressources financières, matérielles et techniques pour participer dignement au championnat. Le recrutement, les transferts et l’engagement au championnat passaient par cette assiette salvatrice. Les clubs moins nantis avaient poussé « un ouf de soulagement », dès lors que beaucoup d’entre eux sont dépourvus de sponsors, de mécènes ou même de supportes capables de se cotiser pour subvenir à certaines de leurs charges, abandonnées au mécénat de leurs dirigeants, seuls à mettre la main dans la poche pour venir à leur chevet. Lesquels dirigeants sportifs sont de fois payés en monnaie de singe par des supporters inciviques qui n’apportent aucune contribution à la bonne marche de leurs clubs.

 Il va de soi que les subsides avaient pour but d’aider les clubs à bien préparer tant soit peu leurs matches : les entraînements, le transport, la restauration, l’hébergement et la prime aux joueurs et au staff technique. Ce fonds aurait pu être géré avec élégance dans le respect des règles de l’art. Car les poches des dirigeants et les recettes des matches ne peuvent en aucun cas suffire à assouvir les besoins des athlètes qui en fait sont des amateurs, mais en réalité des professionnels vivant de leur sport. Leur prise en charge par les dirigeants, surtout pour athlètes étrangers, est loin d’être une mince affaire.

Le ministre invité à piocher dans le passé

Le patron des Sports, Hugues Ngouelondélé, est invité à piocher dans le passé pour savoir à quel endroit la machine à subsides de l’État a connu la grippe, avant de voir se concrétiser sa vision de transformer les clubs, associations sportives, en société à raison sociale. Avec l’organisation actuelle du championnat, tel qu’il est séché par le public adulant les matches des championnats d’Europe, il est difficile de compter sur les sponsors et les annonceurs. Aussi les sportifs se posent-ils la question de savoir quel moustique avait piqué MTN pour arrêter brusquement sa sponsorisation à l’organisation des compétitions de la Fécofoot: le championnat national direct et la coupe du Congo.

La situation des clubs de football n’est pas équidistante de celle des clubs des autres disciplines. Là également, c’est pire que l’on pourrait s’imaginer. Sportissimo tire cette sonnette d’alarme pour prévenir le danger qui guette le sport congolais au cas où ces bénévoles qui, par amour du sport et de la nation, arriveraient à s’essouffler ou à être gagnés par le découragement dans cette besogne d’encadrement de la jeunesse congolaise. Rares sont ces clubs corporatifs ou sponsorisés qui participent aux différents championnats en République du Congo. Dans la perspective du partenariat entre la Fécofoot et la Fondation pour le développement du football en Afrique ( le Congo foot Work Shop 2018-2023 : l’économie du football au Congo ), le peuple sportif n’ignore pas que le sport national est financé par le Trésor public avec les implications sporadiques du secteur privé et celle des collectivités locales. Il faut saluer les efforts gigantesques réalisés par le Congo en infrastructures sportives. A l’heure actuelle où la politique nationale de développement devrait impulser d’autres voies légales de financement du sport congolais, le ministère des Sports et de l’éducation physique a un intérêt prioritaire à actualiser les contrats d’objectifs avec les fédérations sportives nationales et de reprendre avec l’allocation des subventions aux clubs, afin de continuer à assurer leur survie. Une véritable ambivalence.

 

 

Pierre Albert Ntumba

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