Sportissimo. Encore une déception par les Diables rouges !

Samedi 15 Septembre 2018 - 16:32

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Les dés sont-ils jetés, mieux les carottes sont-elles cuites dans l’aventure du onze national dans la course pour la qualification à la phase finale de la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN)-Cameroun 2019 ? C’est cette question que ne cesse de se poser le public sportif congolais, visiblement déçu après le match de la deuxième journée des éliminatoires de cette CAN qui avait opposé les Diables rouges du Congo aux Warriors du Zimbabwe, le 9 septembre, au stade Alphonse- Massamba-Débat.

 Evoluant pourtant à domicile, les Diables rouges ont été contraints à un partage de points par l’adversaire, alors qu’ils avaient déjà laissé filer les trois premiers points face aux Léopards de la République démocratique du Congo, lors de la première journée. Ce dimanche-là, le stade était en ébullition, plein comme un œuf et prêt à craquer. Le public n’avait pas raté l’occasion de se muer en 12e joueur pour un soutien tous azimuts à son équipe nationale. Alors que le Congo tout entier attendait que les Diables rouges dictent en fin leur loi au stade Massamba-Débat qu’ils retrouvaient des années après, C’est plutôt Kudawashe Mahikola, à la 21e mn de jeu, qui brûlait la politesse au gardien congolais, Chancel Massa. Il a fallu attendre le retour des citrons pour que le feu follet et buteur maison, Thievy Bifouma,  rétablisse l’équilibre à la 49e mn. Le gardien George Chigova n’ayant pas, à son tour, compris de quelle manière Bifouma avait pu violer sa cage. S’étant levé comme un seul homme pour saluer ce superbe but, le public sportif congolais, reprenant le moral, pensait que son équipe allait doubler la mise. Espoir perdu, les Diables rouges ont, au contraire, sombré et n’ont eu la vie sauve que grâce aux maladresses des Warriors.

C’est un spectacle incolore, insipide et inodore que le onze national a servi au Congo tout entier. L’engagement et la hargne de vaincre par tous les moyens n’ont pas été au rendez-vous, démentant ainsi leur coach, le Brésilien Valdo Candido. A la veille du match, au cours d’un face-à-face avec la presse, il ne s’était pas empêché, avec assurance, de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Cependant, l’équipe alignée n’a pas satisfait les attentes du public. Il y a lieu d’apprécier à sa juste valeur la prestation de Junior Nguola Loussoukou, monté sur l’aire de jeu en seconde mi- temps, en  remplacement de Dzon Delage. L’ancien sociétaire des Diables noirs a tiré son épingle du jeu, aux antipodes de Rozan Varel qui  a pris la place de Baudry Marvin, à la 20e minute, qui s’en est sorti avec un carton jaune. Le buteur maison, Thievy Bifouma, pas au meilleur de sa forme, s’est fait gratifier aussi d’un carton jaune pour mauvais jeu, certainement à cause de la fatigue. Les Diables rouges de la diaspora, malgré les moyens mis par l’Etat congolais pour leur prise en charge, n’ont pas mouillé le maillot. Les propos de Thievy Bifouma avant le match, sur les antennes de notre consœur Radio France internationale, ont  été commentés dans tous les sens. Les décideurs du football congolais n’ont pas été épargnés même si Thievy a été clément avec lui-même, en mettant en évidence son patriotisme pour continuer à  arborer les couleurs nationales pour l’honneur  et la fierté de son pays. A la fin du match, de nouveau face à la presse, Valdo Candido s’est perdu en évasion dans des subterfuges le ramenant dans l’illusion. Incapable de réussir la jonction avec les joueurs de la diaspora, il s’est motivé en croyant toujours à la qualification de son équipe à la phase finale de la CAN 2019. Les observateurs avertis du football congolais disent n’être pas surpris des ratés de ce coach brésilien qui a échoué successivement avec les cadets et les juniors. D’ailleurs, tirant les leçons de cette déconvenue, le 11 septembre, la Fédération congolaise de football (Fécofoot) n’a pas usé de la langue de bois. L’entraîneur brésilien et son adjoint, le Congolais Barthélémy Ngatsono, ont l’obligation de qualifier les Diables rouges. La Fécofoot leur a accordé juste un sursis, les sommant de gagner le prochain match contre le Liberia.

Au-delà de sa colère, il y a lieu de dire que la Fécofoot a intérêt à se mettre en cause et de revoir son organisation du football. Elle ne doit pas se voiler la face pour se livrer à une autocritique objective au service de la promotion et du développement du football congolais. Les moyens ne sont pas chimériques et elle l’a reconnu. Le Congo comme la Fédération internationale de football association (Fifa) ne sont pas en disette vis-à-vis d’elle. L’Etat congolais, malgré la crise qu’elle traverse, se sacrifie financièrement pour les Diables rouges, alors qu’il a du mal à honorer ses engagements envers les fonctionnaires, les retraités, les étudiants, les enseignants de l’université Marien-Ngouabi, le personnel du Centre hospitalier universitaire, etc. Il offre ses installations sportives, sa jeunesse, son personnel administratif et technique formé localement ou à l’étranger. En retour, la Fécofoot ne lui renvoie pas l’ascenseur. La Fifa, de son côté, alloue un budget et fait des donations en matériels et équipements sportifs pour le développement du football congolais. La Confédération africaine de football, qui a introduit en 1988 la sponsorisation et la publicité dans l’organisation de ses compétitions, rétrocède les frais y afférents en sus de sa nomenclature en vigueur. Avec tous ces sacrifices, le public sportif congolais ne pouvait pas être déçu de la sorte par ses Diables rouges qui ont toujours constitué le socle de l’unité nationale. Pour preuve, en dépit de cette période de crise, tout Brazzaville était au stade Alphonse-Massamba-Débat pour les pousser à la victoire. Hélas ! Quelqu’un soutenait un jour qu’avant d’aller supporter les Diables rouges, un détour à la pharmacie est une obligation pour s’attraper des cachets d’aspirine car avec eux, la déception est vite arrivée. Ce que le public sportif congolais a une fois encore vécu le 9 septembre. Espérons que le coup de gueule de la Fécofoot du 11 septembre produira ses effets.

 

 

 

Pierre Albert Ntumba

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