Stratégie de Boko Haram : après le Nigeria, le groupe islamiste n'épargne pas le Cameroun

Mardi 29 Juillet 2014 - 19:05

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Le pays de Paul Biya est devenu la nouvelle cible de Boko Haram. Et depuis quelque temps, la secte islamiste qui semblait ménager ce pays -pour la simple raison que ses membres pourchassés par Abuja donnaient l’impression de vouloir se servir du Cameroun comme d’une base de repli– a décidé de se lancer dans une guerre ouverte contre Yaoundé

Les autorités camerounaises qui observaient jusque-là avec un grand étonnement les massacres de l’autre côté de la frontière avec le grand voisin, le Nigeria, sont donc contraintes de combattre les insurgés qui menacent la paix dans leur territoire. Les violences perpétrées par Boko Haram ont atteint leur pic ces derniers temps avec plus d’une vingtaine de personnes, civiles et militaires, qui ont été tuées dans diverses localités du Nord en l’espace de deux jours. La secte a même fait une vingtaine d’otages à Kolofata, toujours dans cette région frontalière.

Outre les pertes en vie humaine et les otages, Boko Haram continue chaque fois de défier les positions de l’armée régulière qui vient de réorganiser ses troupes déployées dans cette zone pour mener avec efficacité ses opérations contre le groupe terroriste. Boko Haram a aussi fait exploser un pont reliant le Nigeria au Cameroun, emportant des voitures et des équipements militaires. Loin de s’arrêter là, il est parvenu à enlever l’épouse d’un vice-Premier ministre, Amadou Ali, en charge des Relations avec le Parlement. Par cet acte, le groupe a voulu donner un signal fort pour dire qu’il s’en prendrait désormais au cœur même du système dirigeant camerounais, avec l’intention d’installer la psychose au sein des populations.

Après la phase des enlèvements d’otages occidentaux : les Français de la famille Moulin-Fournier, le père Vandenbeusch, des religieux italiens et une sœur canadienne, qui auraient été libérés, à grands frais, malgré les démentis des officiels tant du Cameroun que des pays de ces ex-otages, Boko Haram a commencé à s’attaquer aux intérêts spécifiquement camerounais.

Du côté du Cameroun, l’état-major de l’armée mise sur la collaboration des forces engagées sur le terrain, particulièrement dans le domaine du renseignement pour mettre un terme à l’escalade des violences dans le nord du pays. Les chefs militaires estiment qu’un commandement unique des troupes dans cette partie du pays a l’avantage de réduire la dispersion des moyens et autres efforts déployés dans la lutte contre Boko Haram. Ils avancent que le resserrement des troupes va indubitablement réduire les faiblesses du dispositif en place pour faire face au groupe islamiste, toujours déterminé à nuire. Avec l’institution du commandement opérationnel, la police, la gendarmerie, les renseignements généraux, le contre-espionnage et l’Administration seront dans l’obligation de communiquer les informations aux unités opérationnelles sur le terrain, souligne-t-on dans les rangs de l’armée camerounaise.

Créé en 2002, Boko Haram qui mène actuellement des opérations contre le Nigeria et le Nord du Cameroun, a déjà tué des milliers de personnes depuis 2009 et contraint des milliers d’autres personnes à se déplacer vers des pays voisins du Nigeria. Les autorités nigérianes n’arrivent toujours pas à faire face au groupe terroriste connu pour ses attaques meurtrières. Plusieurs ONG accusent Boko Haram de crime contre l’humanité et crime de guerre, appelant la communauté internationale à intervenir pour mettre un terme aux attaques quotidiennes de la nébuleuse.

 

 

Nestor N'Gampoula