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Suffrages électoraux et légitimité

Samedi 5 Janvier 2019 - 14:30

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Après une série de questions posées par les observateurs sur le processus électoral en République démocratique du Congo (RDC) avant les consultations du 30 décembre, suit une autre sur les résultats attendus. Seront-ils de nature à apaiser le climat tendu qui a traversé les dernières semaines ? Des trois candidats considérés comme les plus en vue, Ramazany, Fayulu et Tshisekedi, qui prendra la succession de Joseph Kabila cette année ? Quelle sera la marge de manœuvre de l’élu dans un pays où les défis sécuritaires, socioéconomiques et politiques restent nombreux ?

Autant de questions qui entourent le dénouement de l’élection présidentielle chez le géant d’Afrique centrale. Les réponses ne viendront pas de ce qui est écrit ici, il va sans dire. Mais avons-nous tout au plus le sentiment que les sons de cloche risqueront d’être discordants sur la scène postélectorale en RDC. Il se trouve, en effet, qu’au moins deux sources donneraient à apprécier de la teneur du score des candidats et influencer les opinions. En particulier, si l’on tient compte de la part qu’elles prennent dans ce processus sur le territoire du pays. Ces deux sources sont la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et la Conférence épiscopale nationale du Congo(Cenco).

La Céni est naturellement ornée de sa légitimité politico-juridique en tant qu’organe constitutionnel doté du pouvoir d’organiser les opérations de vote et d’en proclamer les résultats. Il ne sert à rien de signaler que sa responsabilité dans le moment présent est grande. De l’impartialité de ses délibérations dépendra peut-être le succès de l’alternance qui se prépare en RDC depuis plusieurs années déjà. Pour sa part, la Cenco jouit du préjugé qu’on pourrait appeler la légitimité morale, puisqu’elle est impliquée dans le processus électoral en cours de façon active. Elle a contribué, à travers l’accord de la Saint-Sylvestre conclu le 31 décembre 2016, à ce que la « transition » entamée après la fin du mandat du président Joseph Kabila, la même année, s’organise avec moins de soubresauts.

Des deux organes, le second a pris les devants en milieu de semaine dernière, pour alerter sur les tenants et aboutissants du scrutin présidentiel. Affirmant détenir les chiffres qui attestent qu’un candidat a bel et bien été élu, la Cenco convient qu’il serait judicieux que ce dernier soit proclamé vainqueur sans atermoiement. De qui s’agit-il ? Là réside tout le mystère ! Ce point de vue contraste avec celui émis par le premier organe qui inférait au même moment détenir, quatre jours après la tenue des élections, seulement vingt pour cent des résultats compilés. Il faudrait encore une bonne semaine, sinon un peu plus de jours, pour atteindre les cent pour cent de compilations.

A présent, les dirigeants le savent : la population a le cœur suspendu aux résultats qui seront publiés. Elle s’était rendue aux urnes en masse, on l’a vu, et garde l’espoir que la RDC ne basculera pas dans le chaos au lendemain de l’annonce du nom de celui qu’elle a élu. Il est vrai que ce futur heureux élu-là n’aura pas de souci à se faire sur sa légitimité s’il n’est pas confronté à une kyrielle de chiffres contradictoires émanant de sources concordantes. Sera-ce le même que, par une sorte de « bienveillante neutralité », la Cenco garde encore sous sa soutane ? Mais qui est-ce au fait ?  

A la vérité, la tâche du successeur de Joseph Kabila sera facilitée si les chiffres de la Céni se recoupent avec le témoignage que livrera l’autre partie prenante à l’observation qu’est la Cenco. De cette convergence de vues, le nouvel élu tirerait la légitimité d’engager ses compatriotes sur la voie du redressement national. Et convaincre l’extérieur toujours prompt à juger sur pièce.

Gankama N'Siah

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