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Tassoni Estense : ambassadeur et poète

Samedi 6 Septembre 2014 - 16:00

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Les Dimanches de Brazza est un bel ouvrage manufacturé par un poète. Nicolo' Tassoni Estense avait beau être diplomate, l’ambassadeur d’Italie au Congo, de 2011 à 2014, vivait sa vie d’artiste avec passion. Et les 115 pages de sa collection de textes et dessins expriment avec intensité ce penchant pour les choses de l’esprit. À la gouache, avec application et simplicité, "Son Excellence  monsieur l’ambassadeur" a gravé dans la mémoire intellectuelle de Brazzaville, sa ville d’accueil et de travail, un souvenir qui se bonifiera avec le temps.

Lisons la toute dernière note de l’ouvrage figurant sur une page non numérotée : « Ce morceau d’arbre est devenu livre sous la presse de la Maison d’Éditions Artestampa de Modena en Italie, au mois de juin 2014. Puisse-t-il un jour, après avoir confié aux hommes son savoir, retourner à la terre et renaître à nouveau sous forme d’arbre ». Comme le destin de chacun, retourner à la terre est un sort incontournable. Les livres ont cependant ceci d’exceptionnel qu’ils vivent plusieurs vies dans le chef de ceux qui s’en procurent et savent en faire un bon usage.

Venu un jour visiter Les Dépêches de Brazzaville, le diplomate italien s’intéressa à la fois au travail de l’unique quotidien de la place en tant qu’organe d’information, et à la déclinaison artistique de la maison. Il glissa à la rédaction du journal quelques uns de ses papiers, des récits et poèmes, dirait-on, dont certains furent publiés. À la consolidation du lien qui allait être finalement tissé entre les deux parties. Nicolo' Tassoni Estense montra un fort intérêt pour le Musée-Galerie du Congo. D’où ce don de plusieurs éléments de sa collection personnelle à la structure.

Le 4 septembre, il a choisi l’espace de la Librairie des Dépêches de Brazzaville pour dédicacer Les Dimanches de Brazza, dans sa langue Le Domeniche di Brazza. Écrire, photographier et dessiner, trois passions réunies que l’on retrouve dans ce livre, avec une place de choix pour la main personnelle du passionné collectionneur d’images, car les textes y côtoient les dessins à l’intérieur de toutes les pages. La photo n’intervient qu’en ouverture où, présenté sur un cliché noir et blanc, l’air jovial, l’auteur arbore un feutre noir. Un court récit de 14 lignes libellé en français et en Italien renseigne sur l’âge et le parcours du diplomate amoureux des arts.

Au moment où il quitte le Congo, Nicolo Tassoni Estense emportera, sans doute avec lui, une partie de la vie des quartiers populaires de Brazzaville « aux enseignes vivaces ». Il regrettera, s’il retournait même pour un court séjour ici, de ne plus se recueillir « à l’ombre des manguiers qui poussent à côté des vieilles villas moisies et délabrées ». Ainsi qu’il l’écrit dans le préambule des Dimanches de Brazza : « La ville est en train de changer de peau…. L’on oubliera bientôt ces vieilles, modestes cases qui l’ont accompagnée un siècle durant ». Tout est mouvement, disait l’autre…
Longue vie à l’artiste !
 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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