Tensions commerciales : le FMI entend baisser ses prévisions de croissance la semaine prochaine

Mardi 2 Octobre 2018 - 13:15

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L'annonce a été faite le 1er octobre par la directrice générale de l'institution financière internationale, Christine Lagarde, convaincue que la croissance mondiale s’essouffle sous l’effet notamment de la persistance du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

Christine Lagarde note que la croissance mondiale demeure à son plus haut niveau depuis 2011, quand elle avait rebondi après la crise financière de 2008. Mais « il y a des signes que la croissance mondiale a atteint un plateau. Celle-ci est devenue moins synchronisée avec moins de pays participants à cette expansion », a-t-elle expliqué, dans un discours précédant les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) qui se dérouleront la semaine prochaine à Bali, en Indonésie.

Certains risques « ont commencé à se matérialiser » allant de l’imposition des taxes douanières aux pressions sur les marchés financiers dans de nombreux pays émergents, souligne-t-elle.

En juillet, l’institution tablait sur une croissance mondiale de 3,9% pour cette année et l’an prochain. Cependant, « les perspectives sont depuis devenues moins favorables, comme vous le verrez dans nos prévisions actualisées (qui seront publiées) la semaine prochaine », a-t-elle également déclaré.

Le « problème clé » est la matérialisation des menaces de mesures protectionnistes, a estimé la responsable de l’institution de Bretton Woods.

L’administration Trump a imposé, cet été, des taxes douanières sur deux cent cinquante milliards de dollars d’importations venues de chine, en rétorsion à des pratiques commerciales jugées « déloyales ». Pékin a rétorqué en infligeant, de son côté, des tarifs douaniers sur cent dix milliards d’importations de produits américains.

Les Etats-Unis, qui ont aussi mis en œuvre des taxes sur l’acier et l’aluminium, s’efforcent d’obtenir une plus grande ouverture des marchés aux marchandises américaines.

« Cela affecte non seulement le commerce lui-même mais encore les investissements et l’industrie dans la mesure où l’incertitude est grandissante », a commenté Christine Lagarde dont le discours a été préparé avant l’annonce, le soir du 29 septembre, d’un nouvel accord entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

La guerre commerciale semble sans effet sur les Etats-Unis

Christine Lagarde relève que pour l’heure, la guerre commerciale semble sans effet sur les Etats-Unis, dont l’économie « croît fortement », dopée par un stimulus fiscal et financier.

Mais elle indique qu’en Asie où la croissance se poursuit à des niveaux plus élevés que dans d’autres régions, il y a « des signes de modération » de l’expansion chinoise, « qui vont être exacerbés par le conflit commercial ».

Dans le reste du monde, parmi les économies avancées, la croissance de la zone euro ralentie et « dans une certaine mesure, celle du Japon ».  

« Les pays doivent travailler ensemble pour construire un système de commerce mondial plus solide et plus équitable », préconise la dirigeante du FMI.

« Nous devons réparer le système, pas le détruire », a-t-elle ajouté alors que le président américain, Donald Trump, ne cesse de dénoncer les accords commerciaux et a menacé de retirer les Etats-Unis de l’Organisation mondiale du commerce.

Le Canada et les Etats-Unis ont annoncé, le soir du 29 septembre, une demi-heure seulement avant l’expiration de l’ultimatum fixé par Washington, « un accord de principe, de concert avec le Mexique » pour réformer le traité de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie cinq cents millions de Nord-Américains.

Le FMI s’inquiète, par ailleurs, de l’endettement toujours plus grand de l’économie mondiale. Dix ans après la crise financière, l’économie est plus sûre qu’elle ne l’était mais « ce n’est pas suffisant », a noté Christine Lagarde.

« Après une décennie de conditions financières relativement faciles, les niveaux d’endettement ont atteint des nouveaux records dans les pays avancés, émergents, ainsi que dans les pays pauvres », a-t-elle insisté.

L’endettement mondial, à la fois public et privé, représente cent quatre-vingt-deux mille milliards de dollars contre cent soixante-quatre mille milliards estimés en avril. « C’est près de 60% plus élevé qu’en 2007 », avant la récession mondiale, a-t-elle déploré.

Cet endettement colossal résulte de la relance de l’économie après la crise quand les gouvernements ont renfloué certaines banques en difficulté et quand les banques centrales ont alimenté les marchés avec des taux d’intérêt extrêmement bas. Il rend désormais les gouvernements et les entreprises plus vulnérables au durcissement des conditions financières.

« Les économies émergentes et en voie de développement en ressentent déjà l’effet », a également réagi Christine Lagarde, invitant ces pays à minimiser leurs risques, en réduisant la dette des entreprises et à emprunter de manière plus durable.

 

 

Nestor N'Gampoula et l'AFP

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