Tirs d'obus sur Goma: Kinshasa accuse Kigali

Samedi 24 Août 2013 - 17:15

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Lambert Mende a dénoncé le fait que des obus tirés récemment à partir du territoire rwandais avaient pris pour cible les populations civiles et relèvent, par conséquent, de crimes de guerre au sens strict du droit international. 

On n’en finit de s’entraccuser entre Kinshasa et Kigali. Cette fois-ci, c’est à prendre au sérieux car la RDC n’use plus de langage diplomatique pour qualifier certains faits posés par le Rwanda. Sans ambages, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a déclaré au cours d’un récent point de presse que les obus qui sont tombés le 22 août sur Goma avaient été tirés à partir du Rwanda. Après avoir longtemps usé de circonlocutions et autres détours pour camoufler ce que d’aucuns savaient déjà, le gouvernement tient le Rwanda pour responsable de la dégradation de la situation actuelle au Nord-Kivu. Des arguments ne manquent pas pour confirmer ces allégations. Le rapport d’experts, à en croire la même source, localise ces obus précisément au niveau des localités de Mukamira et de Rugero dans le district frontalier de Rubavu et dans une autre localité, celle de Mahuku au Rwanda. « C’est de là que provenaient les onze tirs qui se sont abattus sur Goma », avait martelé Lambert Mende. Ces obus, a-t-il ajouté, ne peuvent provenir de la ligne de front où s’affrontent à plus de 15 km du chef-lieu du Nord-Kivu, l’armée régulière et la rébellion du M23 au nord de Goma.

Plus incisif dans ses conclusions, le porte-parole du gouvernement a laissé entendre que ces attaques sanglantes visaient délibérément la population civile de Goma. Pour lui, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il s’agit là d’un « crimes de guerre et crime contre l’humanité au sens du droit international ». Et le gouvernement congolais d’inviter les Nations unies et la Cour pénale internationale (CPI) à les traiter comme tels en tirant toutes les conséquences qui s’imposent. C’est dire que Kinshasa ne fait plus la langue de bois estimant que Kigali en fait un peu trop. Lambert Mende évoque même « une stratégie préméditée » du Rwanda qui ne trompe plus personne. « Nous sommes tristes de devoir constater que la déstabilisation systématique du Kivu et la balkanisation de la RDC restent bel et bien à l’agenda de certains cercles à Kigali en dépit des engagements en sens contraire pris lors des rencontres internationales par nos collègues de ce pays voisin », a-t-il déclaré.

Réponse du berger à la bergère

Côté rwandais, on rejette comme d’habitude toutes ces accusations. L’on s’est même empressé d’attribuer ces attaques aux Fardc qui, selon les termes d’un communiqué publié à Kigali, « ont délibérément tiré à la roquette au-delà de la frontière commune en territoire rwandais ». Le communiqué lu par le porte-parole des Forces de défense du Rwanda rapporte que « les bombes qui provenaient d’un propulseur de 107 mm sont tombées sur le village de Bugu, dans le quartier de Busigari en secteur de Cyanzarwe du district de Rubavu vers 13 heures jeudi ». Le gouvernement rwandais qualifie ces bombardements d’acte de provocation tout en demandant au mécanisme conjoint élargi de vérification de visiter le secteur pour vérifier les faits.

À tout prendre, l’on revient une fois de plus sur des rhétoriques déjà entendues. Pour Lambert Mende Omalanga, les concertations nationales trouvent ici tout leur sens parce que s’inscrivant « dans un effort d’affermissement de la cohésion de la Nation congolaise pour faire front à un projet de balkanisation qui ne se cache plus ».  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les Gomatraciens" redoutent une nouvelle incursion des rebelles du M23 dans leur ville