Tirs nourris à Kinshasa : la capitale a retenu son souffle

Mardi 22 Juillet 2014 - 19:15

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La ville a commencé à se vider à un rythme effréné, dès les premières heures de l’après-midi, au fur et à mesure que les rumeurs remontaient sur des tirs nourris entendus aux environs du camp militaire Tshatshi, dans l’ouest de Kinshasa.  

Une vue du boulevard du 30 juin vers 15h

Joint par la rédaction, un père de famille habitant le quartier Binza-Ozone, plus précisément dans le périmètre des opérations, a décrit une situation apocalyptique. « Jen’étais pas allé au travail, heureusement d’ailleurs. Mes enfants sont traumatisés. Ma femme est bloquée et elle n’arrive pas à regagner la maison. Je ne sais pas ce qui se passe », a expliqué D.  Notre source habite juste en face du camp militaire Tshatshi et, de ce fait, il est un témoin direct des évènements.

En interrogeant quelques heures plus tard un autre père de famille, cette fois vers l’Église Saint-Luc, non loin d’un autre camp militaire, celui de Loano, l’on a appris une situation qui tendait à se calmer, avec des tirs sporadiques. « Nous avons entendu ces coups de feu. Maintenant, vers 15 h, la situation tend à un retour à la normale. Plusieurs jeeps de la garde républicaine ont convergé vers le camp Tshatshi. Le périmètre de ce camp est bloqué, et les militaires se sont déployés jusqu’à Kintambo, empêchant l’accès aux civils ».

Pendant ce temps, le centre-ville continuait à se vider : arrêts de bus pris d’assaut par les usagers du transport enArrêts de bus bondés commun, bouchons terribles dans les deux sens, etc. « Mes parents m’ont demandé de rentrer immédiatement à la maison, la situation reste incertaine. J’habite Mont-Fleuri, et la zone est bouclée. Je dois aller chez ma grand-mère à Bandalungwa», a confié une jeune femme jointe sur le Boulevard du 30 Juin. Nombre de personne comme elles ont constitué de longues files dans les arrêts de bus sans trop savoir ce qui se passait exactement. « Ne paniquez pas, ne rentrez pas chez vous dans la précipitation. La situation est sous contrôle. Des éléments armés ont tenté de semer le trouble, mais nos vaillantes forces armées les ont repoussés », a lancé à l’aide d’un haut-parleur un officier de police à bord d’une jeep. « Personne ne l’écoutera, chacun veut rentrer chez lui, revoir sa famille. Lui-même le commandant de police roule à bord d’une jeep remplie de policiers armés », a rétorqué un usager du transport en commun.

Une bande du boulevard du 30 juin déjà vide à 17 hVers 17h, le centre-ville commençait littéralement à se vider, les derniers véhicules y circulaient encore presque par intermittence dans une artère d’habitude fortement fréquentée à cette heure de l’après-midi. « Notre problème est que nous paniquons trop, nous ne savons pas ce qui se passe mais nous voulons partir à tout prix sans savoir si notre direction n’est pas celle où se passe justement le drame ». La journée s’achève dans la confusion, entre la panique de la population et l’assurance de la police très présente. Beaucoup de Kinois ont suivi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, appelant la population à ne pas céder à la panique. 

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : 15 h, le Centre-ville se vide Photo 2 : 16 h, arrêts de bus bondés Photo 3 : 17 h, les derniers mini-bus pris d'assaut, les véhicules se raréfient sur le Boulevard du 30 Juin