Tragédie du 4-Mars : le procès suit son cours

Mardi 13 Août 2013 - 3:59

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Les accusés Abdou Yorgen Bouandzobo et Raymond Miere sont montés à la barre, le 12 août, au palais de justice de Brazzaville, afin d’apporter un éclaircissement à la Cour sur la désorganisation de la garde dans la matinée du 4 mars 2012

Les prévenus déjà auditionnés avaient déclaré, lors de leur déposition, que la garde au niveau de l’Établissement central de réparation des armements et munitions (Écramu) n’était pas au complet le 4 mars 2012. Sur ce sujet, la Cour auditionne l’officier adjoint de permanence, le sergent-chef Abdou Yorgen Bouandzobo, et le sergent Raymand Miere, permissionnaire dans la matinée du dimanche 4 mars.

Le président de la Cour criminelle, Maturin Bayi, interroge l’accusé Bouandzobo sur les raisons de cette désorganisation à quelques heures du drame, car ce jour, le permissionnaire Raymand Miere quittait son poste à 7 heures 30 pour régler un litige de parcelle à Kintélé, sur la RN2. Le caporal-chef Julien Aymard Gana et le caporal-chef Rodrigue Oba étaient également absents de leur poste après le départ de Miere.

Le sergent-chef Bouandzobo déclare à la Cour que la garde n’était pas désorganisée, car une permission n’avait été accordée qu’à Miere. En ce qui concerne les deux autres, il déclare à la Cour que cela ne relevait pas de sa compétence. « La garde était organisée, et c’était à chacun d’assumer ses responsabilités. En 17 ans de service à l’Écramu, nous n’avons enregistré aucune explosion à part celle du 4 mars. Je me souviens qu’en 2005, un incendie s’était déclaré à l’intendance. Nous avons fait face à ce feu grâce au courage de Miere. » Selon lui, l’équipe de garde ne pouvait faire face au feu car le magasin d’armes, en flammes, était fermé. Dans ces conditions, dit-il, la meilleure solution était de se porter à l’extérieur de la caserne pour appeler les secours.

Le sergent Raymand Miere, à son tour, fait savoir à la cour qu’il se rendait de bonne heure à Kintélé pour régler un litige de parcelle. C’est ainsi qu’il entendit la première détonation vers la pharmacie de Mikalou (sur le tronçon Mikalou-la Tsieme). Et, ajoute-il, j’ai entendu la deuxième détonation quand je suis arrivé à la station-service de Mikalou. Arrivé au poste de police de Nkombo, il a rencontré l’adjudant Paulin Valeur Ossali, un collègue de service avec lequel il habite le même quartier.

Deux témoignages ont été recueillis

Ces témoignages auditionnés à titre de renseignement ont été entendus afin de vérifier les faits rapportés par Raymand Miere. L’adjudant Paulin Valeur Ossali n’a fourni aucun élément probant, sinon des propos contradictoires à la version des faits de l’officier de permanence et de son adjoint, respectivement Alvarez Georgino Ngouolali Missie et Abdou Yorgen Bouandzobo. La controverse fut déroutante au point que la Cour a fait appel à la femme de Miere pour complément d'information. Malheureusement, la version des époux différait de celle de l’adjudant Paulin Valeur.

« L’Écramu était devenu un lieu de commerce »

Poursuivant ses propos, le sergent-chef Bouandzobo affirme avoir vu un camion et un conteneur de 40 pieds (20 mètres), contenant des explosifs, stationnés devant le bâtiment B de l’Écramu. « Le bâtiment est en état de délabrement avancé. On ne pouvait y stocker des substances aussi nocives dans de telles conditions. L’Écramu n’était plus une caserne militaire, mais un lieu de commerce, aux risques et périls des militaires. Depuis 2000, des explosifs sont entreposés à l’Écramu sans aucune mesure de sécurité. » Il affirme cependant que ces magasins d’armes contenaient du nitrate et des auto-explosifs de type SPG9. Et de conclure : « Les éléments de la garde républicaine prenaient également la garde à l’intendance pour renforcer l’équipe, mais ces éléments n’ont pas été incarcérés. »

Josiane Mambou-Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo : L'assistance à l'audience du 12 août 2013. (© DR)