Traitements contre la Covid-19 : quelques avancées, pas de panacée

Samedi 17 Octobre 2020 - 12:16

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Efficacité des corticoïdes, mais seulement dans les cas graves, inutilité de l'hydroxychloroquine ou d'antiviraux utilisés contre le virus du sida... On y voit aujourd'hui plus clair sur les traitements contre la Covid-19, même si leur palette reste limitée. Etat des lieux.

Ceux qui marchent

Dexaméthasone (et corticoïdes). C'est le seul traitement qui a permis de réduire la mortalité due au Covid-19, même si cela n'est vrai que pour une catégorie de patients (les cas sévères qui nécessitent l'administration d'oxygène). Pour ces malades-là, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence européenne du médicament (EMA) recommandent depuis septembre la dexaméthasone. Elles se basent sur les conclusions d'une vaste étude britannique, Recovery. En revanche, la dexaméthasone ne doit pas être donnée au début de la maladie, car elle abaisse les défenses immunitaires. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est efficace chez les patients sévèrement atteints : elle réduit l'emballement du système immunitaire responsable de l'inflammation caractéristique des formes graves.

Au-delà de la seule dexaméthasone, des travaux ont montré que les autres médicaments de la même famille, les corticoïdes, permettaient de réduire de 21% la mortalité au bout de 28 jours chez les patients atteints du Covid-19 sévère. Un constat qui a conduit l'OMS à recommander "l'usage systématique des corticoïdes chez les patients atteints d'une forme sévère ou critique".
 
Remdesivir. Cet antiviral initialement développé contre la fièvre hémorragique Ebola réduit légèrement la durée de rétablissement des malades de Covid-19 hospitalisés (de 15 à 11 jours en moyenne). Mais le Remdesivir n'a pas prouvé de bénéfices en termes de réduction de la mortalité, comme l'a réaffirmé une autre étude menée dans plus d'une trentaine de pays avec le soutien de l'OMS. Le médicament "semble n'avoir que peu ou pas d'effet sur les patients hopitalisés pour la Covid-19, si l'on en croit les taux de mortalité, de début de la ventilation ou de durée de l'hospitalisation", affirme cette étude. Vendu par le laboratoire Gilead sous le nom commercial de Veklury, il est devenu le 3 juillet le premier médicament contre la Covid à recevoir une autorisation de mise sur le marché européen conditionnelle. Pour autant, il suscite plus d'enthousiasme en Amérique du Nord qu’en Europe.
 
Anticoagulants. Comme les corticoïdes, ils sont utilisés chez les patients les plus gravement atteints. Le but est d'éviter la formation de caillots de sang, l'une des complications graves du Covid-19.

Ceux qui ne marchent pas

Hydroxychloroquine. C'est le médicament qui a fait couler le plus d'encre depuis le début de la pandémie, car il est devenu l'enjeu d'un débat politique. L'un de ses principaux défenseurs a été le président américain Donald Trump. Chez les scientifiques, c'est le controversé professeur français Didier Raoult qui défend bec et ongles ce médicament, utilisé selon les pays comme traitement du paludisme ou de maladies auto-immunes. Mais les études ont tranché: l'hydroxychloroquine n'est pas efficace contre la Covid-19. Ce constat a surtout été nourri par l'étude Recovery, qui a montré début juin que cette molécule ne réduisait pas la mortalité. L'hydroxychloroquine n'a d'ailleurs pas fait partie des traitements administrés à Donald Trump quand il a contracté la Covid-19. Cette saga a toutefois été marquée par un scandale académique : début juin, la revue The Lancet a dû retirer une étude critique sur l'hydroxychloroquine à cause de forts soupçons de fraude. Ce scandale a conforté l'opinion des farouches partisans de ce médicament malgré les évidences qui s'accumulent.

Lopinavir-ritonavir. Utilisée contre le virus du sida, l'association de ces deux médicaments n'est pas efficace chez les patients hospitalisés pour la Covid-19.
Là encore, c'est l'essai Recovery qui a permis d'aboutir à cette conclusion dès le 29. Commercialisée sous le nom de Kaletra, l'association lopinavir-ritonavir ne permet de réduire ni la mortalité ni les risques d'être placé sous ventilation artificielle, selon les résultats de Recovery. Ce traitement ne raccourcit pas non plus la durée d'hospitalisation.

Ceux en cours de test

Anticorps de synthèse. Ces anticorps dits "monoclonaux" sont fabriqués en laboratoire. Injectés en intraveineuse, ils sont censés épauler le système immunitaire pour neutraliser le coronavirus. Donald Trump a lui-même reçu un traitement expérimental de ce type, fabriqué par la société de biotechnologie américaine Regeneron. Après des résultats préliminaires encourageants, ce traitement va maintenant être testé à grande échelle dans le cadre de l'essai Recovery.

Plasma. Il s'agit de transfuser à des malades du plasma (la partie liquide du sang) prélevé sur des personnes auparavant contaminées mais désormais rétablies, afin qu'ils bénéficient de leurs anticorps. Selon certaines études, ce traitement s'est révélé efficace pour traiter le virus Ebola ou le SRAS, qui est de la même famille que le nouveau coronavirus. Mais tous les experts s'accordent à dire qu'il faudrait davantage d'essais cliniques pour comparer le plasma aux soins standard. Cette comparaison est en cours dans le cadre de l'essai Recovery.

D'autres pistes. Parmi les autres traitements testés, Recovery est en train d'évaluer l'efficacité du tocilizumab, dont on espère qu'il pourrait lutter contre le phénomène inflammatoire responsable des cas les plus graves. D'autres pistes sont explorées via des programmes de "repositionnement": il s'agit de passer en revue des molécules déjà existantes pour voir si elles pourraient être efficaces contre la Covid-19.

 

Plus de 400.000 cas de contaminations en 24 h dans le monde

Plus de 400.000 nouveaux cas de contaminations par la Covid-19 ont été annoncés dans le monde sur la seule journée du 15 octobre, un record. Cette augmentation du nombre de cas déclarés dans le monde ne s'explique qu'en partie par la hausse du nombre de tests réalisés depuis la première vague de l'épidémie en mars-avril dans le monde.
En Europe, aux Etats-Unis et Canada, le nombre de cas détectés a fortement progressé en une semaine, respectivement de 44% et 17% par rapport à la semaine précédente.
Plusieurs pays européens estiment être entrés dans une deuxième vague de l'épidémie. Le nombre de décès enregistrés reste encore loin des niveaux atteints en avril (plus de 4.000 décès quotidiens étaient alors recensés en moyenne), mais après un ralentissement cet été (moins de 400 décès par jour en juillet), la semaine passée a vu la région dépasser de nouveau une moyenne de 1.000 décès quotidiens. Aux Etats-Unis, où le nombre de cas annoncés avait reflué en septembre, après un pic vers la mi-juillet, les contaminations sont également reparties à la hausse, avec une moyenne de plus de 50.000 nouveaux cas quotidiens ces sept derniers jours, et un pic jeudi à plus de 70.000.

Julia Ndeko avec AFP

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