Traités nucléaires : regrets unanimes après le retrait annoncé des Etats-Unis

Lundi 22 Octobre 2018 - 15:27

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Au lendemain de l’annonce par la Maison-Blanche du retrait américain du traité INF (Intermediate nuclear forces treaty) conclu avec la Russie à la fin de la guerre froide, la France, l’Allemagne et la Russie ont clairement affiché leur position.

A Paris, Emmanuel Macron a souligné auprès de Donald Trump « l’importance » du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire dont le président américain a décidé de faire sortir les États-Unis, a rapporté l’Élysée, le 22 octobre.

« Le président de la République a rappelé l’importance de ce traité, en particulier pour la sécurité européenne et notre stabilité stratégique », au cours d’un entretien téléphonique, a signifié la présidence française.

Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne a, quant à elle, « regretté » la décision américaine et prévenu que ses conséquences devraient être débattues au sein de l’Otan.

Le traité a été signé en 1987, à la fin de la Guerre froide, par le dernier dirigeant de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, et le président américain de l’époque, Ronald Reagan. Washington accuse Moscou de violer depuis de nombreuses années ce texte. Aussi Donald Trump a-t-il annoncé, le 20 octobre, que les Etats-Unis prévoyaient de sortir de ce traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire.

Pour le Kremlin, le retrait prévu des Etats-Unis du traité concerné « rendra le monde plus dangereux ». « Des initiatives de ce genre, si elles sont mises en oeuvre, rendront le monde plus dangereux », a indiqué aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, disant attendre des « explications » de la part de Washington. « La suppression de ce document nuira à la stabilité et à la sécurité mondiales », a-t-il ajouté.

Les grands traités nucléaires signés par Moscou et Washington

La Russie et les Etats-Unis ont signé de grands textes sur les armes nucléaires depuis le premier de 1963 jusqu’à celui sur les armes de portée intermédiaire (INF), dont Donald Trump veut se retirer. Parmi ceux-ci, deux sont multilatéraux.

- 5 août 1963 : Traité de Moscou, entre les Etats-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni, sur l’interdiction des essais nucléaires dans l’atmosphère, l’espace et sous les mers.

- 1er juillet 1968 : Traité de non-prolifération des armes nucléaires, essentiellement pour écarter une guerre nucléaire et instaurer une coopération internationale en matière d’utilisation civile de l’énergie nucléaire. En vigueur en 1970 et initialement prévu pour vingt-cinq ans, il sera prolongé en 1995 pour une durée indéterminée.

Des traités bilatéraux obsolètes

- 26 mai 1972 : Accord Salt I (limitation des armes stratégiques) et traité ABM (missiles antibalistiques). Salt I gelait pour cinq ans le nombre des lanceurs de missiles balistiques intercontinentaux de l’URSS et des Etats-Unis. ABM leur interdisait de mettre en place un bouclier antimissile mais les Américains s’en sont retirés en 2001.

-18 juin 1979 : Accord Salt II, qui définissait un plafond précis de bombardiers et de lance-missiles tolérés, ce qui impliquait la destruction du surnombre. Il ne fut jamais appliqué.

- 31 juillet 1991 : Traité Start I (réduction des armes stratégiques) qui remplaçait les accords Salt. Il prévoyait de faire passer en sept ans le nombre d’ogives nucléaires américaines, de 9 986 à 8 556, et le nombre d’ogives soviétiques, de 10 237 à 6 449. Il a expiré en décembre 2009.

- 3 janvier 1993 : Traité Start II. Il prévoyait la réduction des deux tiers des arsenaux nucléaires stratégiques américain et russe mais n’a jamais été appliqué.

- 24 mai 2002 : Traité de réduction des arsenaux nucléaires (SORT) qui rendait caduc Start II. Les Etats-Unis et la Russie s’engageaient à réduire de deux tiers le nombre de têtes nucléaires pour les missiles de longue portée avant fin 2012 (entre 1 700 et 2 200 ogives).

Deux traités bilatéraux en vigueur

- 8 décembre 1987 : Traité sur l’élimination des missiles de portée intermédiaire (INF), entré en vigueur en mai 1988. Il prévoit l’élimination et l’interdiction permanente d’une classe entière de missiles balistiques américains et soviétiques de 500 à 5 500 km. Le traité est toujours en vigueur mais Donald Trump, qui accuse la Russie de ne pas le respecter, a annoncé samedi que les Etats-Unis allaient s’en retirer.

- 8 avril 2010 : Nouveau traité Start qui succède à Start I et à SORT. Il prévoit une limitation à 1 550 du nombre d’ogives nucléaires et des vérifications mutuelles plus transparentes. Le nouveau Start est entré en vigueur en février 2011, pour une durée de dix ans. Il pourra être renouvelé pour une durée maximale de cinq ans.

 

 

Nestor N'Gampoula et l'AFP

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