Transparency international : une partie de l’or raffiné en Ouganda proviendrait de l’est de la RDC

Jeudi 23 Février 2017 - 17:27

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La société belge African Gold Refinery (AGR) basée en Ouganda contribuerait, d’après l’ONG, à alimenter massivement le conflit à l'est de la RDC où des milices rebelles se financent essentiellement par la vente de ce métal précieux.   

Résultat de recherche d'images pour "production de l'or en RDC"Le président Yoweri Museveni venait d’inaugurer en début de semaine dans son pays, précisément à Entebbe, à quelques encablures du plus grand aéroport national, une raffinerie (la première à haute capacité en Afrique sub-saharienne). Cette unité appartenant à la société belge African Gold Refinery (AGR) raffine actuellement environ 250 kilos d'or par semaine, une capacité qu'elle est en mesure de doubler si besoin en est. Toutefois, l'origine de l’or qui alimente cette raffinerie suscite de nombreuses interrogations quant à sa traçabilité. Transparency international qui mène des investigations à ce sujet soupçonne qu'au moins une partie de cette matière pourrait provenir de l’est de la RDC.

Une suspicion tendant à se justifier lorsqu’on sait que des milices rebelles actives dans l’est de la RDC se financent essentiellement par la vente de ce métal précieux.  « Au moins une partie de l'or qui transite par l'Ouganda, légalement ou pas, provient de l'est de la RDC ou du Soudan du Sud, deux zones en guerre », se convainc l'ONG Global Witness. Dans son dernier rapport de 2016, cette ONG américaine allègue que les revenus de l'exploitation aurifère congolaise ont « trop souvent financé la corruption, alimenté les abus et les violents conflits plutôt que de soulager la pauvreté de la région ». Conscient de l’enjeu économique qui entoure la région sur fond des controverses autour du commerce régional de l'or, l’ONG a pris l’option de travailler avec des partenaires locaux et internationaux. L’objectif étant d’assurer la traçabilité de l’or raffiné en Ouganda lorsqu’on sait que le sol de l’Est congolais regorge près de 28 milliards de dollars de réserves d'or.

La tentation est grande d’aller y puiser de quoi rentabiliser la production ougandaise de l'or qui, après le café, passe pour le deuxième produit d'exportation de l'Ouganda (204 millions de dollars/193 millions d'euros sur le dernier exercice budgétaire). Le pays, fait-on remarquer, en extrait bien moins qu'il n'en exporte. « La transparence dans le secteur de l'or est indispensable au futur succès d'une industrie forte en Ouganda et dans la région », a réagi pour sa part Alain Goetz, le directeur exécutif de l’AGR. Et d’affirmer que sa société dispose des mécanismes de vérification qui lui permettent de s’assurer que les normes internationales sont respectées. Et comme pour se dédouaner des soupçons qui pèsent sur son entreprise sur l’origine de l’or, il soutient, en se basant sur des enquêtes récentes menées dans l’est de la RDC, que seulement 0,1% des mines de la RDC sont aux mains de rebelles.

Un pourcentage bien minime qui, selon lui, exclut toute hypothèse d’une maffia organisée à laquelle se livrerait l'AGR considéré, à tort ou à raison, comme le principal financier des rebellions qui sévissent à l’est de la RDC. Et le directeur de la branche ougandaise de Transparency international est on ne peut plus clair à ce sujet. Pour lui, il n’y a pas de doute : « L'Ouganda est censé contrôler l'origine de l'or, mais sa réglementation est lacunaire et mal appliquée et, malheureusement, de l'or entre encore en contrebande depuis l'est de la RDC vers l'Ouganda jusqu'aux marchés étrangers », a-t-il conclu. Dossier à suivre.            

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le sol de l’Est de la RDC regorge près de 28 milliards de dollars de réserves d'or

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