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Jeudi 10 Octobre 2013 - 10:17

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Dans le cadre de sa semaine spéciale Congo, l'émission Africa News Room de la chaîne Africa24 a abordé mardi le thème du transport fluvial au Congo

Avec les fleuves Congo, Sangha et Oubangui et sa position géographique, le Congo a vocation à être un pays de transit vers la République démocratique du Congo (RDC), le Cameroun et la République centrafricaine.

L'essentiel des échanges commerciaux avec la RDC se fait par voie fluviale. Entre 1990 et 2002, le trafic fluvial a diminué de 70%, conséquence de la guerre civile de 1997, qui a entraîné la destruction des infrastructures, des grues et des engins de manutention. Le commerce du bois a été le plus touché par cette baisse.

En 2007, le Congo a adopté son plan national de transport destiné à moderniser les infrastructures et à sécuriser la navigation sur le fleuve. Les deux Congo gardent encore le souvenir de nombreux naufrages sur le fleuve en raison de la vétusté du matériel de transport et de la surcharge des embarcations : le dernier en date, le 16 juin dernier, a fait plus d'une dizaine de morts. Pour relever le niveau et moderniser le transport fluvial, l’État a mis en œuvre un plan de développement de 18 milliards FCFA, l'Union européenne contribuant pour sa part à hauteur de 10 millions d'euros. Le projet prévoit la construction de quais, de parcs de transit et de stockage ainsi que l'acquisition d'engins de manutention.

Les projets de reconstruction du Beach de Brazzaville vont permettre entre Brazzaville et Kinshasa, les deux capitales les plus proches au monde (dix minutes en bateau), des liaisons fluviales 24 heures sur 24. Cela dans le but d'assurer les liaisons avec les aéroports de Djili et de Maya-Maya.

Invité de l’émission, le Congolais Souka Souka, enseignant à l'université Paris 13, a débattu de l'évolution du transport fluvial congolais avec les journalistes Nadia Lamarkbi  et Gratien Rukindizika.

Pour Souka Souka, le fleuve Congo est la colonne vertébrale de la région, mais les pays qui le bordent ignorent l'importance de ce vecteur. L'enseignant a rappelé que la conférence de Berlin de 1885, qui a abouti au découpage de l’Afrique, avait pour objectif premier de régler le trafic sur le fleuve avec l’application de la réglementation du Rhin. Selon lui, l'utilisation du fleuve et les infrastructures étaient déjà négligées avant la guerre de 1997. Si la navigation est entravée par les bancs de sable qui obstruent les voies navigables, il tire un bilan positif du plan de développement. Cependant, pour que celui-ci puisse porter tous ses fruits, l'universitaire pense que les autres pays qui bordent le fleuve doivent être impliqués. Ce sentiment est partagé par Gratien Rukindizika pour qui l'entretien du fleuve a été délaissé alors qu'il permet de commercer. Pour le journaliste, la République démocratique du Congo doit être impliquée dans la réhabilitation des infrastructures et partager la même ambition que son voisin le Congo afin que le plan de développement mis en œuvre par Brazzaville ne se retrouve pas réduit à néant.

Pour Nadia Lamarkbi, la date butoir de 2015 fixée pour atteindre ces ambitieux objectifs ne pourra être respectée qu'avec l'aide du partenaire chinois. Le défi posé restant la menace de la piraterie, car il est difficile de sécuriser le fleuve Congo dont le cours est très long. La situation est d'autant plus compliquée à gérer que les pays bordant le fleuve sont dans une situation instable.

La semaine spéciale Congo se poursuit toute la semaine avec mercredi soir, à 18 h 30 (heure de Brazzaville), une émission sur les grands projets d'infrastructure au Congo avec, comme intervenant congolais, Maurice Kibangou.

Rose-Marie Bouboutou