Transport urbain : se déplacer, un casse-tête à Brazzaville

Mercredi 19 Novembre 2014 - 14:00

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La ville est connue pour ses éternels embouteillages. Mais depuis quelques semaines, la situation ne fait qu’empirer. Explication : l’aménagement et la construction des avenues et autres voiries urbaines dans la capitale.

« J’ai pris le taxi à 8h 20, à l’arrêt La Ferme, après avoir longtemps marché. Je suis arrivé à mon poste à 10 heures sonnantes. Faites le calcul ! », explique Rodrigue qui habite le quartier Thomas-Sankara. En effet, entre le rond point de Mikalou et le pont de Djiri, l’État est en train d’exécuter des travaux d’agrandissement de la voie. La configuration de la zone ne permet pas des ouvertures des voies qui serviraient de déviations.

Plus loin, à « Kéba na virage » précisément, la voie est barrée pour cause de travaux : un échangeur qui va permettre de joindre Kintélé où sont entrepris d’autres travaux publics. Afin de garantir la circulation, la société chargée des travaux au niveau de « Kéba na virage » dans l’arrondissement 6, Talangaï, a aménagé quelques rues. « Le problème c’est qu’il n’y a pas un seul agent de l’ordre pour réguler la circulation. Chaque automobiliste fait à sa tête et tout est déréglé ici…», réagit un taximan, visiblement irrité. Et un autre de lancer : « Je ne viendrai plus à Talangaï. On peut y passer toute la journée.»

Comme un effet domino, l’avenue de La Tsiémé qui sépare les arrondissements 5 et 6, commence, elle aussi, à donner le tournis aux conducteurs. « À  cause des travaux sur l’avenue Marien-Ngouabi, de nombreux véhicules passent désormais par ici, croyant trouver leur salut », commente Patrick, un tenancier d’un débit de boissons dont la devanture est envahie par des voitures incapables de bouger d’un cran.

Pourtant, Talangaï n’a pas le monopole de l’embouteillage

L’avenue dite de l’Union africaine, Nkombo-Moukondo, tranquille pendant les premiers mois de sa mise en service, inquiète désormais nombre d’automobilistes. À l’ensablement qui la menace à chaque pluie, s’inscrit peu à peu l’embouteillage tant décrié. Édouard, un habitant de Nkombo : « Cette voie reçoît tous les véhicules qui reviennent du Nord du pays. Faute de passer par Talangaï ou Thomas-Sankara, ils empruntent cette voie, certains pour aller vers les quartiers sud de Brazzaville, d’autres pour contourner et échouer à Ouenzé ou ailleurs même. »

Partir du rond point de Mazala, à Moukondo, n’est pas aisé s’il faut passer par la voie principale. « Nous sommes obligés de bifurquer à travers les petites rues bitumées. Mais ce n’est pas sans peine aussi », avoue Simplice, l’air pourtant serein, au volant de sa voiture.

« En réalité, aucun coin n’est épargné. Je vis à Madibou. Mon secret consiste à sortir tôt pour espérer être à mon poste à l’heure », déclare Ludovic, un enseignant. Il peut cependant reconnaître : « Du pont du Djoué au marché Total, par l’avenue de l’Oua, c’est le calvaire. La construction des voies ne suit pas l’évolution du parc automobile de Brazzaville.»

Un bien qui fait du mal ?

Interrogé à ce propos, un responsable municipal affiche son optimisme : « Vous voyez que la ville est en plein chantier. Les gens manquent de patience et préfèrent condamner. Ce qui se fait, c’est pour le bien de tous. Attendons quand tous ces travaux vont s’achever, la situation va s’améliorer. » 

Des propos auxquels Anicet refuse d’adhérer. « On nous avait tout promis avec les municipalisations de Brazzaville. La situation n’a pas changé. À vrai dire, les embouteillages se gèrent. Mettez les policiers là où il faut au lieu de laisser les automobilistes agir par reflexe », déclare-t-il, un peu emballé après avoir manqué son premier rendez-vous.

La question a donné lieu à un débat sur une chaîne de radio. Parmi les solutions pour sortir d’affaire, un auditeur avait sa petite idée. « L’embouteillage est la triste réalité des villes. Les Occidentaux le vivent autant que nous. Sauf qu’ils sont maintenant décomplexés, et nombreux recourent au vélo ou au scooter », proposait-il.

La recette tient, comme on peut le constater à travers cette propension des Congolais pour la moto communément appelée « Jakarta ». Seulement, une éducation s’impose. À moins de fermes mesures.

 

 

Jocelyn Francis Wabout