Transports en commun : Chargeurs de bus pour quel avenir ?

Jeudi 22 Septembre 2016 - 17:00

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Les petits boulots sont légion auprès des jeunes congolais. Ils sont nombreux qui chaque jour se chargent d'indiquer les itinéraires aux clients désireux d'emprunter tel ou tel autre bus. On les appelle  chargeurs de bus mieux, des "crieurs". Seulement l'on se demande jusque où irons-t-ils, avec un métier dont l'avenir est des plus incertain.

 

Chargeurs de minibus à l'arrêt du CCFDepuis plusieurs années, le constat effectué sur les parkings de bus montre une affluence de jeunes chargés de remplir les minibus. Aux heures de pointe de la journée, ils s’époumonent pour indiquer aux voyageurs le bus en partance et son itinéraire. Dans les terminus et les grands arrêts, ces chargeurs prennent le relai des réceveurs communément appelés contrôleurs.

Leur lieu de travail, ce sont les parkings des transports en commun brazzavillois. « Il arrive aussi que ce soit sur les arrêts les plus importants comme ceux du « CCF » ou de « la gare CFCO », précise Armel. Cette débrouillardise a un visage jeune. Dotés d’un engouement pour le remplissage de minibus, ces jeunes en quête de subsistance en ont fait leur métier. Sous la coupe hiérarchisée et obscure de la rétribution du patron du parking, traduit littéralement en lingala par « mokolo parking », ils espèrent réunir la somme nécessaire pour, un jour, parvenir à s’en sortir.

Pour André, rencontré au parking de « Total, aile coasters», point besoin de lui parler d’un métier sans avenir. Ils sont plusieurs à travailler sur ce parking au point que « Mokolo parking » leur impose une rotation hebdomadaire. En fin de journée de travail, il estime son gain à la coquette somme de 5 000 F CFA. Sans complexe, il y croit et professe « quavant nous, il y a eu ceux qui, aujourd’hui, sont devenus des propriétaires de minibus. Tout est possible. Notre tour viendra en tant que chefs d’entreprises ».

Que d’espérance à longueur de journée jalonnée d’embûches sans se laisser déborder par le découragement. Persévérants, ils s’égosillent pour indiquer aux voyageurs les destinations des bus. Les parkings affluent de minibus qui se remplissent à tour de rôle. « Les voyageurs sont là…Il nous suffit juste de les orienter », affirme plein d’entrain Xavier, dont la voix s’apparente à un mégaphone.

Cette force de travail a du mal à être intégrée dans le monde de l’emploi. « Les petits métiers c’est pour nous. Que pouvons-nous exercer d’autre avec nos profils d’ados ayant quitté l’école par manque de soutiens financiers ? », s’interroge Bernard au milieu du brouhaha du parking de Total aile, mairie Mfilou. Il affirme, dans la foulée, que ses résultats scolaires étaient insuffisants. A l’âge d’exercer un métier, toutes les réponses à ses demandes ont été négatives. Alors, comme lui, ils sont plusieurs à user de leur voix au profit des voyageurs pressés et habitués aux joutes vocales.

A y regarder de plus près, chaque soir, l’argent gagné par les chargeurs, après les versements auprès de « mokolo parking », de 5 000 à 10 000 F CFA, est, la plupart du temps, sitôt après englouti dans la consommation d’alcool et autres loisirs. Malgré tant de dynamisme, le trafic des transports en commun étant en croissance, ces jeunes seront encore là pour longtemps à charger les bus et mini bus au petit bonheur de « mokolo parking ».

Au bord de la frustration des terminus, sans une embarcation dans le minibus des lendemains meilleurs, cette jeunesse, est-elle consciente de son avenir ?Voyageurs orientés par les chargeurs à l'arrêt du CCF

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 :Chargeurs de minibus à l'arrêt du CCF Photo 2 : Voyageurs orientés par les chargeurs à l'arrêt du CCF

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