Transports en commun : les syndicats menacent d’augmenter les prix dans les grandes villes du pays

Jeudi 22 Août 2013 - 18:08

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Dans une déclaration rendue publique le 20 août à Brazzaville, le Collectif des syndicats des transporteurs en commun du Congo menace de revoir les prix des transports à la hausse à compter du 5 septembre, soit 1 500 FCFA pour la course de taxi et 250 FCFA pour le bus

La déclaration est signée par le Syndicat des employeurs des transports terrestres, l’Association des chauffeurs transporteurs en commun, le Syndicat des conducteurs des taxis bus routiers et pousse-pousseurs et les Amis coasteurs transporteurs. « La dernière correspondance que nous avons adressée au ministère des Transports fixait la date butoir au premier août, c’est pour cela, que réuni le 20 août, le bureau exécutif a pris la décision selon laquelle si rien n’est fait d’ici au 4 septembre, nous serons dans l’obligation d’augmenter les tarifs des transports sur toute l’étendue du territoire national, notamment dans les grandes villes », a précisé le président du collectif, Patrick Milandou.

Cette déclaration fait suite à la mise en application de la note circulaire n° 207 du 15 avril, prise par le directeur général des Transports terrestres. En effet, Frédéric Filankembo, directeur général de cette structure, rappelait à travers cette circulaire qu’en application des articles 79 du code communautaire (Cémac) révisé de la route, 23 de l’arrêté du 15 novembre 2004 et 5 de l’arrêté du 14 avril 2005, « l’établissement de la carte grise pour tout véhicule automobile, autre que les véhicules neufs, est subordonné à la présentation d’un certificat attestant que celui-ci est apte à circuler sur les voies publiques ». Trois structures avaient été retenues pour délivrer les certificats de contrôle, conformément aux engagements contractuels pris par le gouvernement. Il s’agit de la Société congolaise de contrôle technique (SCCT) pour le département de Brazzaville, la Société de contrôle technique du Kouilou pour Pointe-Noire ainsi que toutes les directions départementales des transports terrestres exerçant dans les zones non couvertes par les centres de contrôle technique agréés.

Selon le Collectif, cette circulaire donne l’avantage au promoteur qui voit son chiffre d’affaires croître considérablement avant même que les négociations n’aboutissent. Il a aussi indiqué que le principe de la reprise du contrôle technique avait été acquis et que le problème se posait au niveau des prix et de la méthode. « Au sortir de la réunion du 24 janvier dernier, le principe sur le contrôle technique avait été acquis, toutes les parties étaient tombées d’accord, mais nous avions mis une réserve pour revoir les méthodes et les prix. Méthodes parce que la majorité de véhicules que nous utilisons sont de quatrième main, donc des occasions d’Europe, alors que ces machines décèlent 90 pannes. En dehors des méthodes, il nous fallait revoir le prix, nous attendions l’ouverture des négociations, malheureusement malgré plusieurs entretiens, il n’y a pas eu de suite », a rappelé Patrick Milandou. Il a aussi justifié leur démarche par le fait que la SCCT n’avait pas revu la somme au rabais comme l’ont fait la mairie de Brazzaville, les impôts et les droits d’auteur. Il est reproché au ministère des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande de ne pas accorder une attention particulière à leur revendication, malgré les différentes réunions organisées entre les deux parties.

Des chauffeurs déplorent des rançons de la police

Outre la question liée au contrôle technique, les transporteurs en commun sont aussi confrontés à des tracasseries, parmi lesquelles le harcèlement dont ils feraient l’objet de la part des policiers. Selon des témoignages, même ayant toutes les pièces au complet, les conducteurs sont contraints de payer quelque argent à certains agents de la police routière. « Cela fait une semaine qu’un agent de police d’intervention m'a confisqué mon permis de conduire pour des raisons que j'ignore. Je suis maintenant à la maison, je ne sais comment nourrir ma famille », s’est plaint un taximan ce matin aux Dépêches de Brazzaville.

Les itinéraires foulés au pied

Les syndicats menacent d’augmenter les prix de transports au moment où se déplacer à Brazzaville est devenu depuis quelque temps un sujet de réflexion. La course de taxi est passée de 700 (prix officiel) à 1 000 FCFA avec à bord trois à quatre personnes de destinations différentes. C’est difficile d’emprunter un taxi surtout lorsque vous êtes deux ou trois pour la même course. Concernant les muni-bus et caosters, les itinéraires mis en place par la mairie sont foulés au pied. Interrogé sur ces deux préoccupations, le président du Collectif des syndicats des transporteurs en commun au Congo a expliqué que le prix de la course de taxi fixé à 700 FCFA était passé officieusement à 1 000 FCFA à cause des embouteillages et de l’augmentation du prix du litre d’essence à la pompe qui a été réajusté plusieurs fois. « La course de taxi avait été fixée à 700 FCFA quand le litre de carburant était à 395 FCFA, il est passé à 600 FCFA aujourd’hui. Nous n’avons pas voulu augmenter le prix officiellement pour éviter que le panier de la ménagère soit revu à la hausse. Les triples courses n’ont pas leur raison d’être, parce que c’est parfois à la demande du client, ce n’est pas le taximan qui impose puisque s’il n’y a pas quelqu’un qui demande une deuxième course, le taximan ne va pas aller forcer la main d’un client. La responsabilité est partagée, parce que c’est souvent à la demande du client. »

S’agissant du non-respect des itinéraires fixés par les autorités municipales, il a indiqué que la question interpellait tout le monde, notamment la mairie, l’association des consommateurs et les syndicalistes. Au moment où on prenait cette initiative, a-t-il commenté, toutes les parties étaient ensemble, mais quand l’argent est sorti dans les commissions, la mairie n’a pas pris en compte les préoccupations et les suggestions des syndicalistes. Parmi ces propositions, on peut citer la mise en place des kiosques à chaque terminus et l’affectation de deux ou trois par équipage de bus afin de permettre transporteurs de changer l’itinéraire seulement au terminus. « Mais lorsqu’on a affecté les quarante lignes aux bus, il n’y a pas eu de sensibilisation au niveau de la population alors que cela est du ressort de la mairie de mettre en place des panneaux dans les terminus. Les équipages, profitant de la naïveté de la population, nous ont produit ce spectacle. À cela s’ajoute le fait que nous avons plein de chargeurs dans les arrêts de bus qui imposent aussi aux équipages certains itinéraires », a-t-il souligné.

Patrick Milandou a ensuite avancé que si l’on voulait mettre fin à ce phénomène, il était temps de rassembler toutes les parties concernées avant la rentrée scolaire. Il a enfin déploré l’absence d’un comité de suivi pendant le lancement de l’opération, qui aurait permis de corriger au fur et à mesure les erreurs, surtout avec l’ouverture des nouvelles routes.

Parfait-Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Patrick Milandou, président du Collectif des syndicats des transporteurs en commun du Congo. (© Adiac) Photo 2 : Taxis et bus roulant à Brazzaville. (© Adiac)