Tribune libre : la RDC est malade de ses politiciens et de son élite selon Freddy Matungulu

Mercredi 3 Décembre 2014 - 17:27

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Ancien ministre des Finances de la RDC entre avril 2001 et février 2003, et fonctionnaire international au Fonds monétaire international depuis plusieurs années, le Pr Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir vient de s’illustrer dans une tribune publiée le 2 décembre dans le magazine Jeune Afrique.

Dans un sévère réquisitoire à l’encontre des politiciens et élite congolaise intitulé « RDC : une société malade de ses politiciens et de son élite », cette personalité congolaise réputée pour sa probité intellectuelle et morale jette le pavé dans la mare, chargeant les politiciens et l’élite RD-congolaise.  « J'accuse et je crie ma révolte, au nom de tous les Congolais de la majorité silencieuse; de ces compatriotes méritants, indignés et déçus, qui ne comprennent plus ce qui se passe chez nous en République démocratique du Congo et sont à la recherche légitime de nouvelles façons d’être, d’agir et d’exister », tempête-t-il d’emblée. Il continue en s’adressant à tous les Congolais du pays et de l’étranger qui pensent que la dignité, l’excellence et la démocratie peuvent aussi être congolais : « Ma révolte entend honorer la mémoire de toutes les victimes de la tragédie congolaise, de même que la bravoure de ces compatriotes de grande référence, d'hier et d'aujourd'hui, qui ont excellé dans leurs domaines professionnels ou ont dit non à la compromission pour que vive la Nation congolaise de Kasumbalesa à Gbadolite, et de Boma à Aru, en passant par Kinshasa et Goma ».

Le Pr Freddy Matungulu enchaîne en affirmant que la société congolaise est malade, malade de ses politiciens, malade de son élite, malade de ses antivaleurs. « Le Congo plus beau qu’avant dont nous rêvons devient chaque jour plus lointain qu’avant. Je dénonce notre société si avariée qui ne crée finalement plus que de la corruption, de la méfiance, de l’hostilité mutuelle et de la misère. Je dénonce la destruction de notre Nation par ceux qui transforment l’homme congolais en être passif, malléable et corvéable à souhait, privé du sentiment d’avoir de la valeur. Après chaque victoire décisive sur l’ennemi, les plus vaillants de nos officiers militaires. Au nom de les sans-voix, je dénonce ces forfaitures !», accuse l’ancien ministre des Finances.

Et le Pr Freddy Matungulu de prendre à partie l’élite intellectuelle et politique qui, d’après lui, affectionne les titres d’Honorable et d’Excellence, mais qui chaque jour se déshonore en excellant dans toutes les vilénies, absolument toutes, pour parvenir au sommet d’une hiérarchie sociale devenue nauséabonde ou s’y maintenir à tout prix, en entretenant la détresse et la déshumanisation de notre société désemparée. « Je dénonce ces dirigeants politiques qui, après avoir exclu le peuple du processus de désignation de ses représentants, mettent toute leur énergie à vanter une croissance économique sans pain pour l’homme de la rue, dont ils sont en réalité les seuls vrais bénéficiaires visibles », reprend-il. Et il fustige ce qu’il nomme « débat faux et anachronique sur la révision et le référendum constitutionnels; référendum que leurs Excellences n’auraient jamais osé envisager si le principe d’un scrutin transparent et équitable était acquis ».

Et en conclusion, le Pr Freddy Matungulu se tourne vers la population et la communauté internationale avec ces propos : « J’appelle la majorité silencieuse de notre peuple et l’ensemble de la communauté internationale au nécessaire sursaut en faveur de la République. À la jeunesse congolaise, à juste titre si frustrée, je rappelle que, comme l’a démontré celle du Burkina Faso, chaque génération a le choix entre trahir et accomplir sa mission, et que si celui qui lutte peut perdre, celui qui ne lutte pas a déjà tout perdu. En tant que peuple, nous, Congolais, avons la responsabilité collective de forger le chemin qui nous mènera à ce Congo plus beau qu’avant, pourvoyeur d’harmonie et de prospérité pour la majorité désireuse de travailler dans le respect des lois de la République. Ce chemin ne nous sera pas donné. Notre devoir sacré est de le tailler, au besoin dans la pierre, en levant nos fronts longtemps courbés ! ».

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Le professeur Freddy Matungulu, ancien ministre des Finances.