Trois questions à Alain Kiyindou, responsable de la chaire Unesco « Pratiques émergentes des TIC pour le développement »

Mercredi 22 Avril 2015 - 10:45

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Le Congolais Alain Kiyindou, professeur des universités, responsable de la Chaire Unesco « Pratiques émergentes des TIC pour le développement » lancée le 6 novembre 2014,  à l’Université Bordeaux Montaigne revient sur la contribution des diasporas africaines à l’innovation en Afrique. Il répond aux questions des Dépêches de Brazzaville

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Pourriez-vous nous présenter la Chaire dont vous êtes le responsable ainsi que ses missions ?
Alain Kiyindou (AK): Une Chaire UNESCO est un label accordé par cette organisation à une Université. La Chaire Unesco « Pratiques émergentes des TIC pour le développement » a été  créée par l’Université Bordeaux Montaigne sous ma responsabilité grâce à l’appui des collègues des Universités de Brazzaville, d’Abidjan, de Lomé et de Cotonou, du Mexique, de Roumanie, du Costa Rica... Cette Chaire a deux objectifs : la formation et la recherche. Elle est, avant tout, un réseau de chercheurs, orienté en priorité vers les pays africains bien que nous ayons un certain de nombre de membres associés dans des pays latino-américains.

LDB : Vous avez dégagé quatre lignes de force dans le rapport sur la Francophonie numérique : fragmentation, émergence, opportunité et formation. Qu’en est-il dans le cas du Congo ?
AK : Au sujet de la fragmentation, il existe des écarts dans l’appropriation du numérique, des disparités évidentes qui relèvent de la justice sociale. Les taux d’équipement en téléphonie mobile sont importants mais nous rencontrons un problème de qualité du réseau. Avec l’arrivée de la fibre optique, la situation va s’améliorer mais nous attendons encore que le dernier kilomètre arrive partout. En termes d’émergence et d’opportunité, on peut s’appuyer sur le numérique pour favoriser le développement économique, augmenter l’efficacité gouvernementale et la participation citoyenne. Le Congo est un petit pays mais doté d’un certain nombre de productions qui pourraient être visibles au niveau international : notre culture, des artistes importants, des productions agricoles qui n’attendent qu’à être valorisées. Sur le plan de la formation, je reviens d’une mission de formation au Congo et je pense que nous devrions renforcer la coopération entre l’Université Marien-Ngouabi et la Chaire UNESCO.  De façon plus générale, les enseignants congolais de la diaspora présents partout dans le monde pourraient venir renforcer ce qui se fait sur place.

LDB : Quel peut être le renfort des diasporas africaines à travers le monde au développement de leur pays d'origine au moyen des TIC ?
AK : L’histoire a montré que les membres de la diaspora sont des éléments moteur de changement social, économique, culturel et politique. Leur statut hybride leur permet d’avoir un regard distancié, suffisamment critique pour effectuer des comparaisons de situations et apporter les compléments nécessaires. La diaspora est une force financière qu’on ne peut plus négliger mais elle est aussi une force intellectuelle, politique et morale. La première richesse qu’un pays peut tirer de sa diaspora c’est la diversité des expériences humaines qu’elles soient sociales ou économique. Le Congo n’a pas les moyens de continuer à fermer les yeux devant cette manne. Prendre conscience de ces potentialités implique de mettre en place une politique intelligente de réassociation de ces maillons éloignés.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou et Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Alain Kiyindou, professeur des universités, responsable de la Chaire Unesco « Pratiques émergentes des TIC pour le développement » ©DR