Trois questions à Serge Aimé Coulibaly

Samedi 22 Juillet 2017 - 0:19

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Les Dépêches de Brazzaville : Était-ce un challenge pour vous de créer un Fela Ballet après le Fela musical sur Broadway à New York ?

Serge Aimé Coulibaly : (Rire…) Pas du tout. Broadway a traité Fela en large avec de grands moyens, une histoire narrative et presque didactique car pour la plupart des Américains Fela était un inconnu. Pour moi, le personnage de Fela était une inspiration, un prétexte pour aller dans un délire personnel. Nous sommes au vingt-et-unième siècle. En tant qu’artiste et créateur, j'ai des choses à dire au monde d'aujourd'hui, avec l'inspiration de Féla, mais à ma façon.

Dans mon imaginaire, Féla est surtout un chef d'orchestre et c’est ce rôle là que je voulais dérober pour moi, comme danseur dans le spectacle et aussi comme un chef qui essaye de gérer tout, maîtriser tout. Mais cela lui échappe souvent et ça dégénère...

Comment avez-vous approché l'héritage de Féla ?

Je suis allé à Lagos au new Shrine de Fela. J'ai pris plein de photos mais paradoxalement mon but était de m’éloigner de l'image du Shrine pour créer ma propre mise en scène, ma touche personnelle à l’exception des danseuses sexy, très provocatrice dans leurs cabines en verres à côté du plateau. Les danseuses, j’y tenais à tout prix.

En réalité, je souhaiterai que les enfants de Fela (Femi, Yeni, Seun) soient surpris au maximum de ma vision de leur père car je ne voulais surtout pas créer un portrait. En tout cas, si l’occasion leur est donnée un jour de voir mon spectacle.

On n’entend pas que la musique de Fela dans votre pièce ?

Sa musique est présente. Elle m’enrichit. Elle me fait voyager. Elle me fait voir plusieurs images et regarder l'Afrique autrement. Je voulais utiliser sa musique mais pas raconter la vie de Fela. Dans la seconde partie du spectacle, seul un morceau est de Féla, Lady,  un titre très symbolique car ce sont les filles qui dansent. À ce moment-là, ce sont elles qui ont le pouvoir. Un véritable jeu entre la femme et le pouvoir.

C’est aussi une fantaisie, un délire pour parler de l'artiste et de sa place aussi bien dans la société, son intimité, sa vie publique, ses coins les plus sombres ou sales. Je pense que cette mise en lumière de cette saleté et cette pourriture conduisent à une sorte de purification. Une forme de catharsis !

Propos reccueillis par Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Serge Aimé Coulibaly dans "Kalakuta Republik"

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