Une Charte de Lampedusa du droit des Immigrés a vu le jour

Lundi 3 Février 2014 - 19:35

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La succession des drames de l’immigration en Méditerranée et dans le désert du Sahara commence à susciter une prise de conscience générale

Symbole de l’émigration dans ses drames infinis, la petite île sicilienne de Lampedusa, au sud de l’Italie, a donné naissance à une Charte qui porte très logiquement son nom. À l’issue d’une réunion de l’association Melting Pot et d’autres représentations d’immigrés, la Charte de Lampedusa a été élaborée le dimanche 2 février 2014. Elle est déjà en circulation dans sa version anglaise, les traducteurs s’attelant à mettre le plus rapidement possible à disposition les versions en portugais, français, arabe et autre swahili.

La Charte est un condensé des réalités du phénomène migratoire en Europe et en Afrique, aboutissant à un énoncé des droits de l’immigré. Parmi les signataires on compte, bien entendu, de nombreux regroupements d’Africains mais aussi des rescapés turcs et syriens des naufrages récents en Méditerranée. La première partie du document énumère les principes, la deuxième décrit les politiques migratoires actuelles pour esquisser les changements nécessaires à y apporter. Les signataires s’engagent, est-il dit, à pratiquer et défendre le contenu de la Charte « par la manière, les langages et les actions qu’ils retiendront opportuns ».

Conscients sans doute des critiques que cet aspect pourrait susciter, les signataires de la Charte précisent que leur but est de poser les « fondements d’un droit de base » pour garantir un minimum de dignité aux personnes contraintes de quitter leurs pays pour trouver asile ailleurs. « La Charte de Lampedusa n’est pas une proposition de loi ou une demande adressée aux États et aux gouvernements. Depuis longtemps, les politiques migratoires des gouvernements et les contrôles des mouvements de personnes, qui influencent les politiques économiques aujourd’hui ne promeuvent que les inégalités et l’exploitation, qui se sont accrus avec la crise ».

Pour les signataires, le temps est venu de « l’indispensable et radicale transformation des rapports sociaux, économiques, politiques, culturels et juridiques à partir d’une alternative fondée sur la liberté, la possibilité pour toutes et tous de vivre sans discriminations fondées sur les nationalités, la citoyenneté et/ou les lieux de naissance ». Pour tous, il s’agit d’encadrer un phénomène migratoire devenu une réalité qui touche tous les pays du monde, ceux de qui partent les flux comme ceux chez qui ils arrivent. Or les droits actuels ne prennent en compte que le côté fastidieux éventuel exprimé par ces derniers pays.

Naturellement, c’est le drame du 3 octobre dernier, lorsque plus de 360 immigrés ont péri noyés au large de Lampedusa, qui a servi de point de départ à la confection de cette Charte. Aussi curieux que cela paraisse, les tentatives de gagner l’Europe à partir des côtes du Maghreb, par exemple, ont coûté la vie à plus de 25.000 personnes en une décennie, mais c’est seulement la noyade massive du mois d’octobre qui a suscité l’électrochoc. Dimanche dernier, les corps de 4 immigrés sénégalais ont été repêchés au large des côtes marocaines…

Lucien Mpama