Unesco : l’éducation de mauvaise qualité coûte 129 milliards de dollars par an

Jeudi 30 Janvier 2014 - 12:30

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Le onzième Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous, rendu public le 29 janvier par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), signale que 10% des dépenses mondiales consacrées à l’enseignement primaire se perdent dans une éducation de mauvaise qualité qui ne permet pas aux enfants d’apprendre

L'étude souligne que le coût associé aux 250 millions d’enfants dans le monde qui n’apprennent pas les bases se traduit par une perte d’environ 129 milliards de dollars. Au total, 37 pays perdent au moins la moitié du montant qu’ils consacrent à l’enseignement primaire du fait que les enfants n’apprennent pas. Cette éducation de mauvaise qualité laisse un legs d’analphabétisme plus vaste que ce que l’on pensait auparavant. En effet, d’après les auteurs de l’étude, près de 175 millions de jeunes dans les pays pauvres – soit environ un quart des jeunes – sont incapables de lire tout ou partie d’une phrase.

L’étude passe en revue la situation dans plusieurs régions. Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, par exemple, le rapport révèle que parmi les enfants les plus défavorisés, un sur cinq seulement atteint la fin de l’école primaire en ayant acquis les bases en lecture et en mathématiques.

Même dans les pays à revenu élevé, les systèmes éducatifs ne parviennent pas à répondre aux besoins de minorités importantes. Dans les pays riches, les immigrés sont eux aussi laissés pour compte : en France, par exemple, moins de 60% des immigrés ont atteint le niveau minimum en lecture.

Dans un tiers des pays analysés, moins de trois quarts des enseignants du primaire en poste sont formés selon les normes nationales. En Afrique de l’Ouest, où peu d’enfants acquièrent les bases, les enseignants vacataires ayant un salaire médiocre et peu de formation officielle représentent plus de la moitié du corps enseignant.

Sur la base des tendances actuelles, le rapport prévoit qu’il faudra attendre 2072 pour que toutes les jeunes femmes les plus pauvres dans les pays en développement sachent lire et écrire, et peut-être le siècle prochain pour que toutes les filles des familles les plus pauvres en Afrique subsaharienne achèvent le premier cycle de l’enseignement secondaire. Il souligne que pour obtenir une éducation de qualité pour tous,  les gouvernements doivent fournir suffisamment d’enseignants formés et axer leurs politiques en la matière sur la réponse aux besoins des individus défavorisés. Cela suppose d’attirer les meilleurs candidats à l’enseignement, de leur fournir une formation adéquate, de les affecter dans les régions où on en a le plus besoin, et de leur offrir des incitations afin qu’ils s’engagent à long terme dans l’enseignement.

Pour ce faire, la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a appelé au sens des responsabilités des enseignants et a souhaité que de nouveaux recrutements d’enseignants se fassent dans tous les pays. « Les enseignants ont l’avenir de la présente génération entre leurs mains. Nous devons recruter 5,2 millions d’enseignants d’ici à 2015, et nous devons redoubler d’efforts pour les aider à garantir aux enfants leur droit à une éducation universelle, gratuite et de qualité », a-t-elle déclaré.

En conclusion, l’étude rapport démontre que le fait d’offrir une éducation équitable et de qualité pour tous peut générer d’importantes retombées économiques, en faisant croître le produit intérieur brut par habitant d’un pays de 23% sur 40 ans.

Nestor N'Gampoula