Union africaine : la création d'une banque centrale envisagée d’ici à 2045

Mardi 12 Mars 2019 - 11:00

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Dans l’idée d’accompagner la dynamique d’intégration régionale, l’organisation panafricaine a résolu de réactualiser son projet lancé en 2005 portant sur l’établissement d’institutions financières, d’une monnaie unique et d’un fonds monétaire africain d’ici à l’horizon 2045. L’annonce a été faite le week-end dernier par le président de la Commission de l'organisation continentale, Moussa Faki Mahamat.      

L’Union africaine (UA) espère l’entrée en service avant 2045 d’une banque centrale, d’un fonds monétaire, d’une banque d’investissements et d’une bourse panafricaine. L’objectif de ce projet jugé stratégique et capital pour le développement des pays africains, qui sont les initiateurs, est d’accompagner leur dynamique d’intégration.  

« C'est un vieux rêve continental que l'UA vient de remettre à l'ordre du jour, notamment la création d'institutions monétaires et financières africaines communes. Le projet a été lancé en 2005 lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation à Abuja, au Nigeria », a précisé Moussa Faki Mahamat. Il a rappelé que l’engagement a  été pris lors d’une réunion  qui a régroupé les ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales et experts économiques de plusieurs pays du continent, axée sur la réalisation de l'agenda 2063 de l’organisation.  

Exhortant les États africains à accélérer la création de cette Banque centrale africaine (BCA), du Fonds monétaire africain (FMA), de la Banque africaine d'investissement (BAI) et de la Bourse panafricaine, le commissaire aux affaires économiques de l'UA, Victor Harrison, a signifié que « la création d'institutions financières africaines contribuerait à la croissance et à la diversification des économies africaines et garantira le succès de la Zone de libre-échange continentale, sans oublier le fait qu’elles  permettront d'assurer une transformation productive sur le continent.

« Le projet relatif aux institutions financières de l'UA est l'un des vecteurs qui guidera le secteur financier du continent afin de faciliter sa transformation et son développement productifs. Car, les preuves montrent que l'efficacité des marchés financiers joue un rôle de premier plan dans la croissance économique et la productivité en fournissant de bonnes informations sur les entreprises et les marchés à niches. Ceci, pour un coût inférieur aux investisseurs pour des investissements plus productifs », a-t-il ajouté.

La BCA d'ici à 2045, une opportunité à ne pas négliger

Pour l’UA, le projet de création de la BCA devrait aboutir d'ici à 2045. Etayant les atouts qu’engrangera cette institution pour le continent, la représentante de l'Association des banques centrales africaines (ABCA), également conseillère spéciale auprès du gouverneur de la banque centrale d'Égypte, Nagla Nozahie, a souligné que  l'objectif de la BCA est de mettre en place une meilleure politique d’appoint pour les pays africains. C’est pourquoi, l’ABCA qui a son siège à Dakar a tenu plusieurs réunions de 2002 à 2017 et avait proposé les critères macroéconomiques qui devaient être respectés par chaque État membre avant la création de cette banque. D’autant plus que les projections qui ont été faites font état d'une inflation qui devait être inférieure ou égale à 3% d'ici à 2038 et un déficit budgétaire global également inférieur ou égal à 3% d'ici à 2033.

Par ailleurs, le ratio de financement de la banque centrale au gouvernement devait être nul d'ici à 2038 et chaque pays devait disposer de réserves de change qui couvriront au moins six mois d'importation d'ici à cette année-là. Cependant, sur la même lancée, il est attendu des Etats membres de l'Union, de parvenir à un ratio dette publique / PIB inférieur à 65% et un ratio recettes fiscales totales / PIB qui doit être supérieur à 20% avant l'échéance. « Le rapport entre les investissements en capital du gouvernement et les recettes fiscales doit être supérieur à 30% », soulignent les experts de l’UA qui ont travaillé sur les critères de convergence et qui ont convenu que les pays membres devaient maintenir la stabilité du taux de change nominal à plus ou moins 10% de variation.
 Dix-huit pays seulement remplissent les critères

Selon le rapport sur l'état d'avancement du respect des critères de convergence et l'analyse des résultats des pays membres de l’organisation, seuls dix-huit pays remplissaient actuellement tous les critères principaux de convergence macroéconomique. Ainsi, il convient d'accélérer le processus pour permettre la création de cette Banque qui sera le seul émetteur de la monnaie unique africaine et deviendra le banquier des gouvernements africains et des établissements bancaires privés et publics africains. « La BCA, telle qu'elle a été conçue, réglementera et supervisera le secteur bancaire africain et fixera les taux d'intérêt officiels et les taux de change, en liaison avec la Commission de l'UA », ont précisé les experts de cette organisation.

Un vaste chantier, ambitieux mais stratégique à présenter au prochain sommet

En effet, les conclusions des travaux du comité technique spécialisé de l'UA seront présentées lors du prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de juillet. Ces travaux qui sont prévus pour se tenir à Niamey, au Niger, coïncideront avec l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale après la ratification des vingt et deux pays membres requis.
« Bien que ce vaste chantier date de plus de deux décennies et a été laissé en friche, cette fois l'UA semble être déterminée à accélérer le processus. Car, des préalables ont déjà été posés. C'est le cas des sièges des principales institutions financières panafricaines, notamment la BCA qui devrait se situer au Nigeria, la BAI en Libye et le FMA au Cameroun », ont-ils indiqué, en rappelant qu’en avril 2018  l'UA et le Cameroun ont signé un accord de siège pour accueillir le FMA. Ce qui prouve que malgré les réticences et le retard les choses avancent lentement.  
 

Rock Ngassakys

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