Union africaine : le vingt-deuxième sommet des chefs d’État s’ouvre sur le désir d’accomplir le rêve panafricaniste des pères fondateurs

Jeudi 30 Janvier 2014 - 16:15

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Une confédération des États africains est-elle réalisable ? Oui, si l’on en croit Mme le Dr Nkosazana Dlamani Zuma. Oui, mais au cours des cinquante prochaines années, s’est défendue la présidente de la Commission de l’Union africaine lors de son discours d’usage à l’ouverture, ce 30 janvier à Addis-Abeba, du vingt-deuxième sommet des chefs d’État de l’organisation

Un tel rêve est possible, a-t-elle insisté, si l’Afrique met en œuvre l’Agenda 2063 qu’elle concocte depuis la célébration du jubilé d’or de l’OUA/UA l’année dernière.

Alors que d’entrée de jeu, le sommet rendait un hommage appuyé à Nelson Mandela en baptisant la grande salle des conférences du siège de l’UA à son nom, Nkosazana Zuma s’est en même temps tournée vers un autre héros de la cause africaine en la personne du premier président du Ghana, Nkwame Nkrumah.

Comme si elle voulait communiquer avec les pères fondateurs de l’organisation continentale, et notamment avec l’esprit de Nkrumah, Nkosazana s’est autorisée à lui adresser un long courriel, l’imaginant présent au rendez-vous de 2063, lorsque l’Afrique aurait franchi les nombreuses étapes de sa vraie émancipation. Parmi celles-ci, la concrétisation du vœu de la Confédération des États africains (CEA) en 2051. Sur le chemin de cette conquête, d’après la restitution faite à Nkwame Nkrumah en 2063, l’Afrique aurait mis à profit le dynamisme de sa jeunesse et l’immensité de ses richesses pour atteindre des performances économiques jamais égalées.

Nkosazana écrit à Nkrumah : « Cher ami Nkrumah, l’Afrique est devenue la troisième puissance économique mondiale avec un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Elle s’est passée du concours des interprètes dans les instances internationales puisqu’elle s’est dotée de sa propre langue, elle est fière d’entretenir de bons rapports avec les États des Caraïbes », a ainsi rêvé Nkosazana Zuma au long de sa prestation saluée par des applaudissements. Il faut effectivement rêver, a-t-elle concédé.

Ce rêve pour les cinquante ans à venir a beau être partagé, la réalité du terrain en ce mois de janvier 2014 demeure prégnante. Elle est celle des conflits fratricides au sein des États, comme l’ont souligné les différents orateurs ayant pris la suite de la présidente de la Commission de l’UA. Le secrétaire général adjoint de l’ONU qui s’exprimait au nom de Ban Ki-moon est ainsi revenu dans son discours sur la situation en Centrafrique et au Soudan du Sud.

Plaidoyer pour la Misca

« Il faut assurer la logistique nécessaire à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique », a t-il déclaré, apportant de ce point de vue l’appui de l’ONU aux délibérations du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui lors de sa réunion du 29 janvier et s’alignant sur le point de vue de la Cééac sollicitait une plus grande attention de la communauté internationale à l’égard de la mission africaine en Centrafrique. Il a mis les dirigeants sud-soudanais devant leurs responsabilités d’épargner les populations civiles des effets dévastateurs de la guerre civile en cours dans ce pays.

C’est dans le même esprit que le Premier ministre éthiopien, président sortant de l’UA, a axé son allocution. HaÏlemariam Desalegn a dressé un bilan positif de son action à la tête de l’UA, s’attachant particulièrement à noter les avancées enregistrées par des missions spéciales commises par l’organisation dans certaines zones de conflits sur le continent.

Les voix de Madagascar et de Haïti

Il s’est ainsi félicité de l’aboutissement du processus électoral à Madagascar. Fraîchement élu et venant à peine de prendre ses fonctions, le nouveau président malgache, Hery Rajaonarimampianina, dont les maîtres de cérémonie devront apprendre le nom par cœur, a de son côté exprimé, avec un accent châtié dans la langue de Molière, son émotion et celle de tous les Malgaches de revenir à la maison en parlant de la levée de la suspension qui frappait son pays depuis 2009. Il s’est engagé à œuvrer pour la consolidation du processus démocratique dans la Grande Île.

L’autre voix entendue à l’ouverture du sommet de l’UA a été celle du Premier ministre de Haïti, représentant le président Michel Matrelly. Dans un discours à voix intelligible, Laurent Lamothe a surtout revendiqué l’africanité du peuple haïtien, déclarant : « Nous sommes africains de cœur et de mœurs. » Il précédait le nouveau président en exercice de l’institution, le chef de l’État mauritanien, Mohamed Abdelaziz, qui aura la charge de conduire les destinées de l’UA jusqu’au mois de janvier prochain.

Un constat général qui n’a rien d’une conclusion : les sommets de l’Union africaine comme ceux des Nations unies sont des tribunes éminemment politiques. Les cérémonies d’ouverture de ces différentes assises tranchent bien souvent avec le travail d’arrache-pied qui occupe les experts durant leur préparation. Ici sans doute, les conclusions découlant du thème du sommet, Agriculture et insécurité alimentaire, seront adoptées. Il restera le train de leur mise en œuvre souvent contrariée par des préoccupations d’ordre sécuritaire et de gouvernance au sein des États.

Gankama N’Siah

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La photo de famille des chefs d'État et de gouvernement aux assies de l'UA. (© Adiac) ; Photo 2 : Le président Denis Sassou-N'Guesso aux assises de l'UA. (© Adiac)