Université Marien-Ngouabi : les bacheliers digèrent mal la désorientation

Lundi 18 Février 2019 - 13:45

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Il n’est pas rare de constater que chaque année académique, plusieurs nouveaux étudiants préinscrits découvrent leurs noms affichés dans les filières qu’ils n’ont pas choisies. Le phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui devient une pilule de plus en plus indigeste du fait qu’il brise la réalisation du rêve universitaire et assombrit l’avenir professionnel.

Les portes de l’Université Marien-Ngouabi sont ouvertes au titre de l’année académique 2018-2019 depuis plus d’une semaine. La Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) est l’établissement qui regorge le plus de filières, reparties en département, dédiées aux bacheliers de série littéraire. C’est aussi là que le phénomène de désorientation est le plus constaté. Déposer le dossier de préinscription ne suffit pas, en effet, pour être orienté vers la filière choisie. Le temps joue de beaucoup. Les premiers à s’inscrire sont souvent les premiers servis, selon leurs demandes. Encore faudrait-il qu’ils remplissent de nombreux autres critères car en dehors du temps, le relevé de notes pèse sur la balance de l’orientation. A la Flash, lors de la préinscription, les bacheliers proposent trois filières suivant un ordre décroissant. « Quand il n’y a plus de places dans la première filière choisie, le bachelier est orienté dans la deuxième ou la troisième filière », d'après les services de la scolarité de cette faculté.

A la Faculté des sciences économiques, la désorientation est vécue autrement. Les nouveaux bacheliers choisissent les filières à l’inscription. Une fois inscrits, ils font deux ans de tronc-commun. C’est finalement en licence qu’ils sont orientés vers les filières choisies à l’inscription en première année. « Ceux qui vont de succès en succès, de la première jusqu’en troisième année, ont la possibilité de choisir une autre filière s’ils ne veulent pas poursuivre l’option voulue au départ. Ce n’est pas le cas pour ceux qui passent avec dette. Les cas de désorientation sont néanmoins signalés », a expliqué Thierry Kionga, étudiant en master qui a lui-même connu cette situation. Cela dit, les réalités sur la désorientation ne sont pas exactement les mêmes selon telle ou telle faculté.

Les désorientés s’alarment

« J’ai fait la préinscription en Sciences et techniques de la communication, dans le but de me spécialiser soit en journalisme soit en communication d’entreprise, mais je suis étonnée de retrouver mon nom en anthropologie. J’ai l’impression que ma destinée est bouleversée. C’est dans la plus grande déception que je suis obligée de faire la volonté de l’université », a confié Valérie Odanga, nouvellement inscrite à la Flash. Un autre étudiant, préinscrit lui aussi en Sciences et techniques de la communication, est orienté en Langues vivantes étrangères où tout est fait en anglais alors qu’il est lui-même incapable d’agencer deux phrases sans difficulté en cette langue.

Par ailleurs, Samba Ngombé qui a connu le même sort n’a pas pu cacher sa déception. « Je suis venu à l’université avec l’ambition de faire français mais j’ai été désorienté en histoire. C’est à contre cœur que je ferai mes études supérieures dans cette filière », a-t-il fait savoir.  Les exemples dans ce sens sont légion.

Déboussolés face à la désorientation, les bacheliers sont contraints à faire des parcours universitaires par défaut dans des filières auxquelles ils n’ont pas de prérequis. En cas de succès extraordinaire, ils finissent dans des métiers qu’ils n’ont pas choisis ni rêvés d’exercer.

En réalité, la capacité d’accueil de l’Université Marien-Ngouabi devient de plus en plus limitée et en décalage par rapport aux effectifs des admis au baccalauréat qui viennent des quatre coins du pays. Les partenariats entre cette université et d’autres instituts privés de l’enseignement supérieur peuvent permettre, dans une certaine mesure, de décongestionner les pléthores dans les filières selon l’orientation donnée aux accords.

L’Université Denis-Sassou-N’Guesso, une solution

Il est prévu que l’alma mater en construction à Kintélé ouvre ses portes cette année. Il s’agit, à dire vrai, de l’année académique 2019-2020. Une bonne nouvelle qui permettra sans nul doute de résorber le problème de désorientation d’autant plus que la capacité d’accueil est plus élevée que celle de l’Université Marien-Ngouabi. Seulement, à l’ouverture, ce sont les départements scientifiques et technologiques qui sont priorisés. Les lettres, les sciences humaines et arts devraient encore attendre tant soit peu.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Des étudiants devant les listes affichées

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