Université Marien-Ngouabi : une place assise vaut de l’or à la faculté de droit

Mardi 18 Mars 2014 - 15:32

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Jadis une des plus réputées d’Afrique francophone, l’université Marien-Ngouabi de Brazzaville, avec ses onze composantes dont cinq facultés, a perdu de son éclat. Partout, des problèmes se posent, notamment à la Faculté de droit où les conditions d’études donnent matière à réflexion

En attendant la mise en service de nouveaux amphis construits par le gouvernement, la situation est difficile à tenir à la Faculté de droit, tout comme dans les autres établissements de l’université Marien-Ngouabi. La pléthore des effectifs conjuguée au délabrement des structures et à la négligence des managers, soumettent les étudiants à une rude épreuve quotidienne.

Pour les étudiants qui habitent loin de cet établissement d’enseignement supérieur situé dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, Bacongo, il faut se réveiller aux premières heures du jour et arriver dès 4 heures, pour espérer trouver une place assise dans l’amphi Biojuris rebaptisé « Dojo » par les étudiants. En effet, construit pour accueillir 600 à 800 apprenants, cet amphi reçoit jusqu’à 2.000 personnes. Les étudiants inscrits en Master sont également soumis à la même gymnastique. Les retardataires, notamment ceux qui arrivent après 5 heures, doivent suivre les cours soit débout, soit dans les couloirs, soit à l’extérieur de l’amphi à travers les haut-parleurs, dont la qualité du son est inaudible.

Pour contourner cette difficulté, des étudiants passent des consignes à leurs condisciples pour qu'ils leur réservent une place. D’autres arrivent à l'université avec des bancs privés. Quant à ceux qui ont quelques moyens financiers, ils louent des chaises en plastique sur place moyennant une somme de 150 FCFA par jour. Plusieurs enseignants sont parfois obligés d’organiser des cours de rattrapage, même le dimanche.

« Je quitte chez moi à Talangaï à 1h du matin, et lorsque j’arrive à 3h-4h, parfois l’ampli est déjà plein. Or nous courons des risques dans un quartier où l’insécurité bat son plein ces derniers temps. Une fois, trois bandits ont failli nous agresser vers le terminus de Mikalou où nous avons l’habitude d’aller prendre le bus », s’est plaint un étudiant en première année.

Résultat, certains auraient abandonné la faculté ou seraient en voie d’abandonner à cause de toutes ces tracasseries. En tout cas, ceux qui continuent de vivre ce calvaire fondent leur espoir sur une chose : l’inauguration de l’amphithéâtre de 1.500 places en construction au rectorat. Selon nos informations, cette structure sera opérationnelle d’ici quelques mois, le temps d’assainir les alentours des bâtiments et de construire les bâtiments annexes devant servir de salles de travaux dirigés. Les autorités y tiennent pour doter cet amphi de toutes les commodités devant permettre aux étudiants de prendre les cours dans de meilleures conditions, mais aussi de permettre à la faculté de faire face aux effectifs pléthoriques des étudiants. En dehors de la grande salle d’amphithéâtre, ces bâtiments comprendront des bureaux et six grandes salles pouvant aussi servir pour les travaux dirigés. Ils seront dotés d’appareils de surveillance et d’un système moderne de sonorisation.

Le ministre à la Présidence de la République, chargé de l’Aménagement du territoire et de la Délégation générale aux grands travaux, Jean Jacques Bouya, qui avait visité ces travaux en décembre dernier, avait rappelé à cette occasion que les orientations du chef de l’État exigeaient que l’université Marien-Ngouabi soit modernisée et qu’elle puisse bénéficier du même confort que l’université Denis-Sassou-N’Guesso en construction à Kintélé.

La Faculté de droit date de 1961

La Faculté de droit a d’abord été en 1961, une école de droit, la première dans la sous-région, recevant les apprenants des quatre États de l’Afrique équatoriale française (AEF) et du Cameroun, et délivrant les diplômes de Licence en droit. Les récipiendaires de ces diplômes étaient parmi les hauts cadres de l’époque au Congo, qui ont contribué à bâtir l’ossature du droit congolais. Certains parmi eux ont poursuivi leurs études à l’étranger.

Avec l’éclatement de la Fondation de l’enseignement supérieur en Afrique centrale (Fesac) en 1971, l’école, devenue faculté de droit, a fait partie, à partir du 8 mars 1977, d’un conglomérat d’établissements appelé Institut supérieur des sciences économiques, juridiques, administratives et de gestion (Inssejag). Elle est redevenue Faculté de droit après l’éclatement de l’Inssejag en trois établissements universitaires : la Faculté des sciences économiques et l’Institut supérieur de gestion. Grâce au retour au pays de plusieurs cadres formés à l’extérieur, le niveau de formation s’est élevé jusqu’à la maîtrise.

L’université Marien-Ngouabi connaît les mêmes problèmes dans chacun de ses établissements. Des observateurs estiment qu’elle n’a jamais été véritablement construite. Espérons donc que 2014, déclarée année de « l’enseignement fondamental, enseignement technique, formation qualifiante et enseignement supérieur » apporte du bonheur à l’université de Brazzaville.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Les étudiants dans l’amphi Biojuris. photo 2 : La faculté de droit de l’université Marien-Ngouabi. crédit photos Adiac