Utilisation d'enfants par les groupes armés : plus de six mille recrutés entre 2014 et 2017 en RDC

Jeudi 17 Octobre 2019 - 10:45

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La Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) a publié un rapport consacré au recrutement d’enfants par les groupes rebelles pour la période allant de 2014 à 2017, révélant qu'à l’échelle mondiale, le pays a l’un des taux de recrutement d’enfants le plus élevé.

Intitulé « Notre force est dans notre jeunesse: recrutement d'enfants en République démocratique du Congo 2014-2017 », le document a été produit particulièrement par le personnel de la section de la protection de la Monusco. Il aborde les questions personnelles et politiques en associant les témoignages d'enfants anciennement associés à des groupes armés à des analyses de données visant à documenter les résultats, ainsi que les stratégies ciblant les principaux auteurs du recrutement et de l’utilisation d’enfants.

Selon le rapport, sept principaux groupes armés ont été responsables du recrutement et de l’utilisation du plus grand nombre d’enfants de 2014 à 2017. Il s’agit des Forces démocratiques de libération du Rwanda – Forces combattantes Abacunguzi, des Nyatura, des Kamuina Nsapu, des Rayia Mutomboki, des Mayi-Mayi Mazembe, des Forces de résistance patriotique en Ituri et Nduma Defense of Congo – Rénové.

Echelle mondialle et nationale

Il se dégage de l'étude de la Monusco qu’à l’échelle mondiale, la République démocratique du Congo (RDC) a l’un des taux de recrutement d’enfants le plus élevé. Entre 2014 et 2017 inclus, au moins quarante-neuf groupes armés ont recruté environ 5619 garçons et 549 filles. Ces enfants ont été séparés de groupes armés et de milices en RDC, et des centaines d’autres sont toujours dans leurs rangs. Bien que beaucoup de groupes soient de petits recruteurs, 72% des recrutements d’enfants dans le pays ont été perpétrés par seulement dix groupes armés.

Cependant, à l’échelle nationale, le recrutement des enfants a diminué de 50% au cours des quatre dernières années, malgré une augmentation exponentielle dans les Kasaï, où le conflit a éclaté en 2016 et 2017. Toutefois, précise le rapport, le Nord- Kivu est resté l’épicentre du recrutement d’enfants et a réuni 75% des cas documentés entre 2014 et 2017. En moyenne, 30% des enfants recrutés par des groupes armés étaient âgés de moins de 15 ans, 9% étaient des filles et 99% étaient congolais.

Il s’avère qu’une moyenne de 31% des enfants, principalement des garçons, ont combattu sur les lignes de front contre un taux des filles qui est passé de 1% des enfants combattants en 2014 à 34% en 2017. Cette augmentation est justifiée par le recours à un grand nombre de filles combattantes par Kamuina Nsapu, milice dont l’activité a également influencé, au niveau national, le taux d’utilisation d’enfants comme combattants qui est passé de 18% du nombre total d’enfants recrutés en 2014 à 51% en 2017.

Tâches invisibles

Par ailleurs, le rapport de la Monusco révèle que 69% des enfants recrutés et utilisés par des groupes armés en RDC depuis 2014 n’ont jamais vu un champ de bataille. Ils sont affectés aux tâches invisibles : piller de la nourriture, chercher de l’eau et du bois, cuisiner et faire le ménage, tenir les checkpoints, prélever les impôts, porter les affaires et les armes d’un camp à un autre, répertorier consciencieusement les nouvelles recrues et les livraisons de munitions, ou « épouser » les commandants. Ainsi, au moins 56% des filles recrutées depuis 2014 ont fait état de viols, d’esclavage sexuel ou de mariage forcé avec leurs recruteurs ou leurs camarades.

Le texte établit également que le recrutement des enfants n’est pas seulement dévastateur pour les concernés, mais a aussi un impact à long terme sur les familles, les communautés et la cohésion sociale dans le pays. Surtout, précise-t-il, c’est une menace grave pour la sécurité nationale congolaise. Au-delà des progrès réalisés, le rapport recommande un effort concerté et ciblé de la part du gouvernement, des Nations unies, de la société civile et des donateurs pour éliminer le recrutement d’enfants sur l’intégralité du territoire de la RDC.

Jeannot Kayuba

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