Vatican : le pape étoffe son ministère de l’Économie

Lundi 3 Mars 2014 - 18:50

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C’est surtout par les problèmes économiques et financiers que le pape François a décidé d’entamer les réformes au sommet de l’Église

Dans le chantier titanesque que le pape François a décidé d’ouvrir, la réforme des services économiques et financiers du Vatican s’imposait comme une priorité. C’est l’avis unanime aussi bien des 8 cardinaux dont il a décidé de s’entourer pour le conseiller sur cette voie délicate que d’un cabinet d’experts ayant conduit ces jours-ci un audit au Saint-Siège. L’audit, notamment, a recommandé une refonte des services financiers, aboutissant à la confirmation de l’APSA, l’organisme qui gère le patrimoine du Vatican, comme banque centrale.

Les experts ont également épluché les plus de 16.000 comptes de ce qui passe faussement pour la banque du Vatican, l’Institut pour les Œuvres de religion (IOR), autour duquel de nombreux scandales ont éclaté au cours des deux dernières décennies. Infiltration mafieuse, opération de blanchiment d’argent, détournement de fonds et gabegie ont secoué la vénérable institution qui a dû suivre, à marche forcée, une cure de vertu pour s’aligner sur les standards européens les plus stricts en matière de gestion d’argent.

Le pape a décidé d’accentuer le mouvement et de ne pas attendre plus longtemps pour passer à l’application des recommandations de ceux dont l’avis compte en la matière. Le 25 février, il a décidé de créer un Secrétariat de l’économie, une sorte de ministère des Finances s’appuyant sur un Conseil et ne répondant que devant lui. Il est dirigé par un cardinal à poigne, l’archevêque de Sydney en Australie, Mgr George Pell.

Ce lundi, le pape a renforcé l’équipe en nommant Mgr Alfred Xuereb comme adjoint du cardinal Pell. Mgr Xuereb, Maltais, 55 ans, il est aussi le secrétaire particulier du pape François après avoir fait partie de l’équipe des secrétaires de l’ancien pape Benoît XVI. Il traîne une réputation de rigueur – de « grippe-sou », affirment ses détracteurs qui ne voient pas toujours d’un bon œil qu’il se déplace à bicyclette au Vatican et à Rome ! – qui sied parfaitement à l’esprit de pauvreté prôné par le pape argentin qui n’est homme à dépenser plus d’un euro (655 F) pour un café sans en faire une jaunisse !

Le ministère de l’Économie, créé par le pape, a charge de scruter à la loupe les dons, chèques sortant ou entrant au Vatican. Il doit s’assurer de la provenance licite et de la destination utile de tous les fonds avant de les faire figurer au budget du plus petit État du monde. Signe de la sévérité que le pape entend imprimer, le Vatican a décidé de geler recrutements et avancements du personnel en attendant d’assainir ses finances.

Lucien Mpama