Vatican : le pape François, six mois déjà

Vendredi 13 Septembre 2013 - 16:37

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Le premier pape latino-américain et jésuite de l’histoire est monté sur le trône de saint Pierre le 13 avril 2013

Les anniversaires de pontificat se célèbrent rarement à coups de bilan. Le pape n’a de compte à rendre à aucune institution politique ou réglementaire. Son action, du reste, s’inscrit bien dans le domaine du quantifiable mais aussi, et surtout, dans l’immatérialité de la prière, de l’exhortation des âmes à la crainte de Dieu et à la conscience du rapport avec l’immanent. Ces choses-là sont invisibles sur une balance, dans un tableau de statistiques ou une courbe de croissance économique, ne se vendent ni ne se négocient dans aucune bourse.

Pourtant, depuis avril, le pape François a bousculé une Église qui semblait s’endormir sur le train-train des habitudes acquises, sans remises en cause. Or lui, qu’on n’attendait pas, est venu renouveler au moins le langage de cette Église-là. Le 21 avril, lors d'une messe d'ordination à Saint-Pierre, il recommandait aux futurs prêtres : « Soyez des pasteurs, pas des fonctionnaires, soyez des médiateurs, pas des intermédiaires. » Annonçant « une Église pauvre pour les pauvres », celui qui a choisi un nom jamais porté par aucun autre souverain pontife avant lui, a dit souhaiter une « Église qui ne soit pas baby-sitter ».

« Tous les papes, c’est vrai, sont universels ; ils ont toujours eu le monde à cœur ; il n’y en a aucun qui l’ait été à moitié. Mais je crois que le choix d’un pape venant d’un autre continent a effectivement apporté du spécifique dans le style, dans la prospective ; c’est quelque chose qui était attendu et espéré dans le monde et même par les cardinaux, et vu comme un enrichissement ultérieur dans la marche de l’Église universelle. » C’est le jugement du père Lombardi, vendredi 13 septembre, lorsqu’il lui a été demandé précisément ce qu’il pensait de ces six premiers mois de pontificat. On peut convenir qu’il y a du vrai dans l'analyse du porte-parole du Saint-Siège, lui-même jésuite.

Il n’est par contre pas sûr que les cardinaux, notamment au sein de la curie romaine, voient tous d’un œil bienveillant les bouleversements qu’introduit le style d’un pape qui porte lui-même sa sacoche, conduit une 4L fatiguée et décrète que le temps est venu de « faire un brin de chemin ensemble, dans le dialogue est l’estime, avec les athées ». Le 15 octobre, son nouveau Secrétaire d’État (Premier ministre) va prendre ses fonctions.

Mgr Pietro Parolin est décrit comme un homme ouvert, madré d’humanisme et francophile. « Le célibat des prêtres, ce n'est pas un dogme et on peut en discuter car c'est une tradition ecclésiastique », a déclaré celui-ci mercredi dernier. Donc, encore un qui est pour bousculer les habitudes et ouvrir des dialogues inédits. Le Vatican n’a sans doute pas fini de faire sa mue. À supposer qu’il l’ait seulement entamée avec ce deux cent soixante-sixième pape.

Lucien Mpama