Vatican : le Saint-Siège dévoile la composition de la commission anti-pédophilie

Lundi 24 Mars 2014 - 10:53

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Femmes et hommes, religieux et laïcs composent la commission-choc annoncée par le Vatican sur la question

Le pape François semble apprécier les commissions de huit membres : il vient d’en créer une autre, qui sera chargée d’étudier la brûlante question de la pédophilie pratiquée par des prêtres dans les institutions de formation. Au-delà de l’effet d’annonce, c’est une volonté sérieuse que le souverain pontife semble affirmer dans sa tâche de réformer l’Église. Après la commission des huit cardinaux, chargés de le conseiller sur la gestion des affaires financières au Vatican, la commission formée samedi aura pour tâche de préparer les statuts de la commission d’experts sur la protection des enfants.

Le pape en personne en avait annoncé la composition en décembre dernier. Mais à l’époque, il n’avait suscité que critiques et sarcasmes dans les associations de victimes. Cette fois, c’est sérieux, semblent-elles dire. Au vu des huit noms retenus, en effet, on peut estimer que l’Église catholique, longtemps accusée de couvrir les délits de pédophilie chez les prêtres, veut résolument prendre le taureau par les cornes et ne surtout pas faire dans le détail. La liste comprend des noms qu’on ne peut pas taxer de complaisance, certaines des personnes nommées ayant elles-mêmes eu affaire à des actes de pédophilie, comme victime ou comme experts.

C’est le cas de la pédopsychiatre française Catherine Bonnet, fortement engagée dans la lutte contre les abus sexuels sur mineurs, notamment l'inceste. C’est le cas aussi de l'Irlandaise Marie Collins : elle travaille depuis des années en faveur des victimes de prêtres pédophiles. Elle fut elle-même violée par un prêtre à l’âge de 13 ans. Aujourd’hui âgée de 66 ans, elle s’est fait remarquer en prenant la tête d’un mouvement de victimes en Irlande, réclamant au Vatican de demander officiellement pardon aux victimes au nom de l’Église dont la respectabilité a été souillée par ce que le pape Benoît XVI qualifia de « plaie honteuse ».

Font également partie de la nouvelle commission, la psychiatre britannique Sheila Hollins et l’ancienne Première ministre et ambassadrice de Pologne au Vatican, Hanna Suchocka. Il est déjà remarquable que des femmes composent, presque à parité, une commission du Vatican. Mais même les hommes qui complètent la liste ne sont pas n’importe qui : le cardinal Sean Patrick O'Malley, archevêque de Boston, aux États-Unis, est celui qui adopta des mesures de fermeté, y compris le payement de dommages aux victimes, lorsque son diocèse fut pointé du doigt et que les enquêtes du FBI révélèrent l’ampleur de la pratique dans son propre diocèse. Il fait d’ailleurs partie de l’autre commission, celles des huit cardinaux conseillers du pape.

Un avocat italien, spécialiste des « délits contre la morale », un théologien jésuite argentin, ami du pape, et un autre jésuite, le père Hans Zollner — psychologue et psychothérapeute allemand de renom qui avait été à l'origine de l'organisation, en 2012, à l’université pontificale de la Grégorienne de Rome, d’un symposium dédié à la pédophilie dans l’Église —, font également partie de cette équipe. La commission adoptera une « approche multiple » du fléau de la pédophilie, a précisé le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. Une approche qui englobera aussi bien les aspects de prévention, de suivi pénal, que d'éducation.

Lucien Mpama