Venicia Guinot : « Une Afrique émergente a besoin des médias professionnels non corrompus, indépendants et décomplexés »

Vendredi 28 Octobre 2016 - 21:49

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Afro-optimiste, Congolaise, média entrepreneuse, Venicia Guinot est à la tête de TROPICS magazine, premier magazine lifestyle d’origine africaine et bilingue desservant une communauté cosmopolite de lecteurs sur les quatre coins du continent. Six ans après une présence remarquée et saluée sur le digital, le magazine arrive dans les kiosques dans une version papier. Une étape de plus dans le développement d’une publication fédératrice de talents et sans exclusifs.

Les Dépêches de Brazzaville : Comment est né TROPICS Magazine ?

Venicia Guinot : TROPICS Magazine est né de la volonté de sa fondatrice et de ses pairs. C’est le rêve d’une jeune journaliste multimédia bilingue d’origine congolaise qui ne faisait que perpétuer le travail de son (feu) père, M. Marcel Bavoueza-Guinot, banquier de formation et réputé pour sa célèbre émission radiophonique, « Rythmes Tropicaux ».

TROPICS Magazine voit le jour le 11 Mars 2010 grâce aux efforts d’une équipe dynamique de quinze professionnels, ressortissants d’Afrique, des Caraïbes, des Amériques et sans oublier de l’Asie du sud-est. Dès le départ, nous nous inscrivons sur une ligne éditoriale globale Lifestyle en ligne. Nous allons ensuite travailler d’arrache-pied afin de répondre aux besoins d’un lectorat divers, riche en cultures et plein de potentiels. Ces talents vont vite accrocher au concept et nous allons devenir une publication de référence pour nos partenaires tels que les Divas of Colour Awards de Londres, la Black Fashion Week de Paris/Canada, la South African Fashion Week, la British Fashion Council, la Semaine de Mode de Montréal et sans oublier le Salon du Chocolat en Martinique, les forums d’affaires parmi tant d’autres évènements importants. Pour une initiative lancée en 2010, quatre mois seulement avant la tenue de la première et seule Coupe du Monde de Football jamais organisée sur le sol africain, nous pouvons affirmer que TROPICS Magazine est un produit essentiel qui vient juste de commencer à faire ses preuves.

L.D.B : Cela fait six années que le magazine existe sur le digital, comment définiriez-vous son évolution dans le temps ?

V.G : J’aimerai pouvoir emmener les lecteurs à se représenter six années de dure labeur, six années de nuits blanches, six années de bénévolat, six années de sacrifices, six années de témoignage d’amour envers l’Afrique, les Antilles et le reste du monde. Vous conviendrez certainement avec moi que c’est un réel défi que s’est donné des jeunes femmes noires pour produire une publication de ce calibre qui perdure dans le temps car nous savons compter sur nous-mêmes.

Tout compte fait, ces six dernières années ont été des plus fructueuses professionnellement, tout en sachant que chaque contributeur, chaque journaliste et chaque membre de l'équipe constitue un pion essentiel à l'évolution du projet et, par ce biais, il convient de souligner que TROPICS Magazine est une vraie fédération de talents, en ce sens que son équipe est formée de professionnels émanant de divers corps de métiers. Ceci constitue un grand avantage pour la rédaction.

Ce sont tous ces cerveaux jumelés qui assurent la bonne marche des choses en interne et c’est la même équipe éditoriale qui a réussi à mettre en place des stratégies qui nous ont permis de faire la transition du magazine digital au format papier tiré à la demande en 2014 et maintenant, notre entrée en kiosque qui a été rendu possible grâce au génie et aux efforts multiformes de notre partenaire exclusif CREB MULTIMÉDIA dirigé par Mme Loetitia Modzanga GAMBOLO OKOUNA.

En réalité, la transition de TROPICS Magazine a été graduelle et constante. Avec toutes les difficultés que l'entrepreneuriat comporte en Afrique, nous ne pouvons que nous ravir du feedback positif que nous recevons car chaque étape préliminaire (quand bien même considérée inutile par certains) a contribué à l’essor de ce projet à la fin. Ma foi, TROPICS Magazine a encore de beaux jours devant elle et je réitère, par ma voix, notre attachement à la communauté afro-caribéenne voire internationale et nous espérons pouvoir obtenir leur soutien en retour pour qu’ensemble nous continuons de regarder dans la même direction. Une Afrique émergente a besoin des médias professionnels non corrompus, des médias indépendants et décomplexés. J’entends par là, être fier de produire comme de consommer 100% africain et de savoir ouvrir la porte au monde car nous avons tous besoin des autres pour nous envoler.

L.D.B : Pourquoi avez-vous choisi maintenant d’en faire une version papier disponible en kiosques ? Il y avait un vide à combler selon vous ?

V.G : Excellente question ! Je n’aimerai pas, comme certains collègues, rabâcher la même formule de la carence de magazines africains sur le marché car cette théorie n’est pas tout à fait vraie. Avant l'arrivée de TROPICS Magazine et tous ces nouveaux magazines qui arrivent après nous, il y avait AMINA, DIVAS et bien d’autres sur le marché et donc je préfère parler en tant qu’entrepreneuse.

En ma qualité de « Media Entrepreneuse », j’ai simplement vu une opportunité et je l’ai saisie. Comme je l’ai mentionné plus haut, la Coupe du Monde en Afrique du Sud a été l'évènement déclencheur. Notre but premier était de lancer une publication fédératrice de talents et sans exclusifs. Il y avait un vide important à combler, en ce sens que toutes les publications existantes à l'époque fonctionnaient séparément, c’est-à-dire qu’elles s’adressaient à une niche africaine traitée séparément selon les zones géographiques (francophones ou anglophones) pour ne pas m'étaler davantage. TROPICS Magazine est venu pour fédérer, rassembler et unir les peuples francophones, anglophones et lusophones en leur apportant de l’information de qualité dans deux langues les plus parlées sur le continent noir. C’est cette ‘‘plus value” qui fait de nous une publication incontournable aujourd’hui et, deuxièmement, qui attire des partenaires de prédilection à nous accompagner dans cette mission que nous nous sommes fixée.

Dans son format digital, TROPICS Magazine était accueilli par la France en premier puis le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud et enfin le Sri Lanka et la Thaïlande. L’Afrique vient de se ressaisir et c’est elle plutôt qui a sollicité en masse une version papier de TROPICS Magazine compte tenu de la non-efficience des nouvelles technologies dans nos pays respectifs. C’est ce qui nous a conduit au cœur de l’Afrique.

Certes que l’Afrique émerge mais force est de constater que des millions d’africains demeurent dans l’ombre malgré l’ampleur de leurs réalisations et nos gouvernements ne sont pas encore prêts à rendre Internet accessible à toutes les poches et, donc, cette communauté de lecteurs hors-ligne ne peut être ignorée ou lésée. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la version papier que nous venons de lancer au Congo-Brazzaville car le lecteur traditionnel demeure important dans notre secteur d'activités. Et comme le disait le doyen Madiba : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu'il comprend, cela va dans sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, cela va dans son coeur». Il en est de même pour nous car nous essayons d’équilibrer l’équation en proposant au public un produit qui sert à la fois les lecteurs traditionnels et ceux des nouveaux medias qui considerent www.tropics-magazine.com comme leur « Mbongui ». En somme, l'émergence de l’Afrique passe par des medias africains de grande qualité.

 

 

« TROPICS Magazine est une vraie fédération de talents »

Propos receuillis par Meryll Mezath

Légendes et crédits photo : 

Vénicia Guinot, média entrepreneuse et fondatrice de Tropics Magazine

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