Vernissage : « Utopicus », une collection d’œuvres d’art à la croisée du réel et de l’imaginaire

Mardi 13 Octobre 2020 - 17:07

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L’artiste peintre congolais, Jordy Kissy Moussa, expose à l’Institut français du Congo (IFC) depuis fin septembre. Dénomée « Utopicus », l’exposition de peintures, installations et dessins, entrevoit le monde sous un autre angle dans le but de réinventer la société et transcender les évidences.

Après avoir exprimé ses peurs dans la série « Inter-Emotion », Jordy Kissy Moussa les combat désormais à travers « Utopicus » tiré du terme « utopie » qui désigne ce qui relève de l’illusion. Cette exposition brouille les frontières entre le réel et l’imaginaire, le présent et le futur. La collection compte au total dix-huit tableaux, aux attributs singuliers les uns des autres.

Muni des pinceaux, stylos, crayons, bombes acryliques et encres de Chine, c’est sur des toiles et papiers que Jordy Akissy Moussa expose des réalités incroyables et matérialise le monde qui tourne dans son cerveau déréglé du visible. Avec « Utopicus », l’artiste nous enseigne que l’avenir ne se conjugue pas au futur simple, tant l’incertitude et la peur scandent son cœur, les interrogations bousculent son crâne. Pour lui, aucun rêve n’est trop grand et aucune vérité n’est absolue. « A nos yeux, aucun objectif n’est inatteignable, aucune barrière infranchissable, aucune vérité irréfutable. Certes, le futur est une femme au visage masqué, donc incertain d’en faire un portrait. C’est pourquoi on le nourrit de notre amour, tout cet amour qu’on porte pour la fiction. On explore tous les champs, les contours de notre vision. On installe le doute en plein cœur de la certitude. On bâtit notre utopie : Utopicus », slamait Black Panther, lors du vernissage de l’exposition, comme pour décrire l’univers du peintre congolais.

Artiste surréaliste, Jordy a le sens du détail et s’inspire de ses rêves pour proposer des œuvres qui poussent loin la réflexion du grand public. Cette exposition présente notamment avec dextérité une humanité et une Afrique différentes. Une humanité consciente de son histoire, qui place l’art au cœur de la vie et qui cultive l’amour de la fiction pour transcender les craintes.

On s’en aperçoit clairement à travers trois tableaux de la collection où le peintre congolais montre trois hommes noirs, avec des chaînes en fer autour du cou, comme pour montrer d’où vient l’Afrique et quoique cela fasse mal, l’esclavagisme fera toujours partie de l’histoire du peuple noir. Le tableau « Träncënd boy : always get up » s’inscrit également dans cette lancée. Réalisée en acrylique et spray sur toile cartonnée, l’œuvre met en exergue un jeune homme combattu mais qui ne s’avoue pas vaincu.

Un autre fait qui ne passe pas inaperçu pour le spectateur, c’est que la quasi-totalité des personnages de cette collection d’œuvre d’art sont des hommes à la peau noire, en apparence forts et grands de tailles. Un choix pas du tout anodin. Pour cette collection, Jordy Kissy a combiné plusieurs couleurs, tout en ne s’éloignant pas des teintes phares de sa palette, à savoir le noir et le blanc et le marron.

Découvert par les ateliers Sahm il y’a quelques années, Jordy Kissy Moussa est l’un des plus grands artistes contemporains congolais chez qui la résilience coexiste avec le besoin, irrésistible et nécessaire, d’inventer le monde. Cela se traduit notamment par l’omniprésence sur ses tableaux de la notion de mesure, du temps et de la réflexion. Notons que l’exposition « Utopicus » est ouvert au public jusqu’au 26 octobre dans le hall de l’IFC.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

Quelques tableaux de la collection « Utopicus » exposés dans le hall de l’IFC/Adiac

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