Vers la dissolution de la Comeg

Mercredi 12 Février 2014 - 19:30

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Le ministre de la Santé et de la Population, François Ibovi, a annoncé récemment le remplacement de la Congolaise des médicaments essentiels et génériques (Comeg) par « une nouvelle centrale d’achat qui constituera un véritable maillon de la chaîne du système de santé national ». Cette annonce a fait réagir certains partenaires du gouvernement, notamment la délégation de l’Union européenne au Congo

Créée par le gouvernement congolais avec l’appui financier de plusieurs partenaires, dont l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale, la Comeg est le maillon central de la chaîne de gestion du médicament au Congo et est considérée comme un instrument de mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale. Pour François Ibovi, qui s’exprimait à l’occasion de la traditionnelle cérémonie d’échanges de vœux avec les cadres et agents de son département ministériel, cette expérience a vécu car la structure est en complète dégénérescence et en nette rupture avec ses missions originelles.

« Il faut arrêter cette expérience et en tenter une autre avec des objectifs clairs et des textes juridiques précis. C’est ainsi que je saisis cette occasion solennelle pour réaffirmer le remplacement de la Comeg par une nouvelle centrale d’achat qui constituera un véritable maillon de la chaîne du système de santé national. À l’instar de celles du Burkina Faso et de la Tanzanie, cette nouvelle structure, qui se veut performante, verra le jour très rapidement », a déclaré le ministre de la Santé.

L’UE insiste sur l’indépendance de la future structure

Ayant cofinancé le Projet d’appui au secteur pharmaceutique et à la Congolaise des médicaments essentiels et génériques (Pharma-Comeg), lancé le 7 février 2013 à Brazzaville, pour environ 2 milliards FCFA sur une durée de trois ans, l’UE attend la mise en œuvre de cette structure. L’attachée de coopération pour le secteur de la santé à la délégation de l’UE au Congo, Flora Bertizzolo, que nous avons rencontrée lors de la cérémonie de remise du mobilier de bureau et des équipements informatiques aux points focaux pharmaciens, pense qu’il serait bien que cette décision du gouvernement tienne compte des investissements humains, matériels et autres déjà engagés.

« Nous souhaitons que toute décision qui sera prise dans le futur ne puisse pas laisser tomber les investissements qui ont été faits depuis 2006 par nous et par d’autres bailleurs. Nous attendons de savoir des instances gouvernementales ce qu’elles prévoient. Pour l’UE, l’un des critères, c’est l’indépendance de cette structure qui doit s’occuper de tâches très spécifiques et très sensibles qui sont le lancement des procédures de marchés, l’achat, le stockage et la distribution. Il reste le principe d’indépendance pour assurer qu’on puisse vraiment acheter les meilleurs médicaments à moindre coût : donc nous souhaiterions que la future structure soit indépendante », a insisté Flora Bertizzolo.

En 2013, une délégation composée de députés et de sénateurs avait visité la Comeg et une commission d’enquête parlementaire avait été mise en place en vue de vérifier la bonne utilisation des crédits étatiques mis à la disposition de cet établissement.

L’idée de dissoudre la Comeg ne date pas d’aujourd’hui. L’ancien ministre de la Santé et de la population, Georges Moyen, l’avait préconisé en septembre 2012, avant de changer de portefeuille ministériel. À l’époque, le directeur général de la Comeg, Guy Patrick Gondzia, qui a jeté l’éponge en fin d’année dernière, était d’un avis contraire. Rappelons que la Comeg était jusque-là l’une des rares structures dont le directeur général était désigné par appels d’offres.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le siège de la Comeg. Photo 2 : Le ministre François Ibovi. Photo 3 : Flora Bertizzolo. (Crédits photos Adiac)