Victoire !

Alors que s’achève à Paris le trente-quatrième Salon international du livre, il convient de souligner la place éminente que les pays émergents occupent désormais dans la sphère culturelle. Longtemps marginalisés dans le cadre de ce genre de manifestations, les écrivains asiatiques, latino-américains et, bien sûr, africains s’imposent aujourd’hui sur le devant de la scène littéraire, comme en a témoigné cette année l’ampleur des stands de Shanghai, du Brésil, de l’Argentine, du Québec, du Bassin du Congo. Ayant balayé les complexes que leur inspirait jusqu’à récemment la puissance de l’ancien monde dans le domaine de l’écrit, les pays émergents n’hésitent plus à afficher leurs différences.

Pour ne citer que cet exemple, ce qui s’est passé pendant ces quatre longues journées sur notre stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo témoigne de cette incroyable vitalité. Visité par des dizaines de milliers de lecteurs jeunes et vieux, animé par une bonne quarantaine de débats portant sur les sujets les plus divers, ponctué par toutes sortes de spectacles, ce lieu d’exception a contribué une fois encore à la réussite du salon. Avec d’autant plus de panache que, pour des raisons qu’il conviendra d’élucider lorsque les lampions seront éteints, la direction du Salon du livre a cherché, même si elle s’en défend, à réduire notre visibilité.

Il est clair, pour qui veut bien regarder la vérité en face, que l’Europe ne détient plus le monopole de la lecture, comme c’était le cas jusqu’à une date récente. Certes, elle a la chance de compter les éditeurs les plus prestigieux de la planète et, surtout, d’avoir des réseaux de distribution parfaitement organisés, capables d’offrir aux amateurs les livres les plus divers, mais les pays émergents s’organisent désormais pour la rattraper. Et l’ampleur des marchés qu’ils représentent apparaît telle que l’axe principal de la littérature sous toutes ses formes ne tardera plus à se déplacer vers le Sud.

Étant donné la vitalité intellectuelle que le Congo a manifestée tout au long du trente-quatrième Salon international du livre de Paris, il ne fait aucun doute que nous avons, dans ce domaine comme dans bien d’autres, une avance qu’il convient de garder, voire d’amplifier à tout prix.